La construction bois 2020 : un marché en devenir

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La construction bois 2020 : un marché en devenir

Réalisée dans le cadre de l’Observatoire national de la construction bois, la sixième enquête nationale sur ce secteur, basée sur les chiffres 2020, vient d’être publiée. Constats : un marché qui a résisté à la crise sanitaire, et des entreprises bien structurées, aptes à répondre aux défis de la croissance durable et responsable.

Le siège de Santé publique France, à Saint-Maurice (Val-de-Marne) : ossature et façades sont respectivement en épicéa et en mélèze français. Photo : Takuji Shimmura

« Le bois est durablement installé dans la construction », se félicite Éric Toppan, coordinateur de l’Observatoire économique de France Bois Forêt, à la lecture des résultats de la sixième enquête nationale sur le secteur. Cofinancée par France Bois Forêt (FBF) dans le cadre de l’Observatoire national de la construction bois et par le Codifab1, et réalisée auprès de plus de 1 000 entreprises sur leur activité pour l’année 2020, elle est le fruit d’un patient travail de collecte mené par la Cellule économique de la construction de Bretagne, avec la participation active des inter­professions régionales de la filière réunies au sein de Fibois France, de l’Union des métiers du bois-Fédération française du bâtiment (UMB-FFB) et de l’Union des industriels et constructeurs bois (UICB).

Premier enseignement

Le secteur de la construction bois, en belle progression en 2018 après avoir subi la crise générale du bâtiment entre 2014 et 2016, a bien résisté en 2020. Bien sûr, la crise sanitaire n’a pas été sans incidences. Ainsi, plus de la moitié (59 %) des entreprises interrogées déclare un impact de la crise sanitaire sur leur chiffre d’affaires 2020, avec une baisse de l’ordre de 14 %. Mais si 23 % de ces mêmes entreprises indiquent que leur carnet de commandes 2021 a enregistré, en moyenne, une perte de 11 semaines, plus des trois quarts d’entre elles affirment avoir été épargnées. En outre, la part de la construction bois dans le marché du logement (maisons individuelles secteur diffus et groupé, logements collectifs) est en hausse, s’établissant à 6,5 % pour l’année 2020, contre 6,3 % en 2018. Une légère hausse certes, néanmoins remarquable au regard du contexte. D’autant plus que le marché de la construction en général, déjà contraint par la crise sanitaire, l’a été également par les échéances électorales qui ont pour conséquence, de ralentir la délivrance des permis de construire. Autre exemple avec le marché des extensions-surélévations, lequel, tous modes constructifs confondus, a baissé de 14 % entre 2018 et 2020, alors que, sur la même période, le nombre d’extensions bois n’a diminué, lui, que de 5 %. Ainsi, la part de marché de celles-ci progresse en 2020, passant à 30,5 %, contre 27,5 % en 2018.

Nombre de logements construits en bois par région et part de marché 2020.
L’activité construction bois par région en 2020.

1,93 milliard d’euros HT de chiffre d’affaires

Autre tendance qui se confirme : la construction bois n’est plus cantonnée au seul marché du résidentiel. Dans les bâtiments tertiaires privés et publics, agricoles, industriels et artisanaux, la part de marché du bois atteint 16,8 %, en légère hausse par rapport à 2018 (16,3 %). Le bois gagne donc du terrain et s’invite dans tous les secteurs. Signe encourageant, les entreprises ont réalisé
un chiffre d’affaires de 1,93 milliard d’euros HT sur le marché de la construction bois en 2020, en hausse de 2 % par rapport à 2018 (en euros courants). Et ce, en dépit du contexte fortement perturbé : arrêt total des chantiers au début du premier confinement, reprise partielle de l’activité selon des protocoles sanitaires très stricts… Cette enquête confirme que le travail mené notamment au niveau des organisations professionnelles et interprofessionnelles porte ses fruits : « Tout cela aboutit à la RE 2020 qui fait la part belle au bois. Avec la dynamique de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments et des chantiers, le bois est vraiment propulsé dans une belle perspective. Sa part dans la construction ira augmentant, c’est indéniable. » Réglementation environnementale qui devrait d’ailleurs permettre au secteur de progresser encore dans les années à venir. « La haute technicité, la qualité de l’offre, l’expérience, tout est là. Que ce soit en résidentiel, en tertiaire, les concepteurs peuvent se projeter dans une construction bois. » Un petit bémol toutefois : « L’offre n’est pas toujours accessible de la même manière sur l’ensemble du territoire. D’autant que les petites entreprises ou PME sont déjà extrêmement sollicitées. Cela dit, elles sont aussi très “agiles”, s’adaptent très vite, se spécialisent de plus en plus, maîtrisent ainsi de mieux en mieux la préfabrication. Aujourd’hui, elles sont capables de proposer des solutions clés en main avec, comme corollaire, des chantiers plus propres, des délais réduits au minimum… »

Le Grand Palais Éphémère, sur le Champ-de-Mars à Paris, une belle illustration du savoir-faire de la filière forêt-bois : charpente à double ossature cintrée formée d’éléments préfabriqués en atelier, dont deux portiques en bois de 65 m et 24 portiques de 50 m de portée. Épicéa pour la majorité de la structure, pin Douglas français pour les auvents, panneaux de mélèze en pied de poteau. Photo : Patrick Tournebœuf/Tendance Floue
L’école « La Ruche » à Perthes-en-Gâtinais (Seine-et-Marne), implantée sur une parcelle boisée : structure des préaux en pin Douglas, bardages et menuiseries en mélèze, finitions intérieures en multiplis de bouleau. Photo : Guillaume Amat/Tracks

Des prévisions à la hausse

Justement, l’enquête ne se limite pas à analyser le marché, elle s’intéresse également à la santé, à la structure et aux investissements des entreprises. On y apprend que celles-ci ont leur propre structure – si l’on doit les comparer à celles du bâtiment. L’activité spécifique de la construction bois impose des investissements conséquents au niveau outils de conception, de production, de préfabrication. Mais aussi en ressources humaines : 44 % des entre­prises comptent plus de dix salariés (contre 5 % dans le bâtiment) et elles emploient en moyenne cinq fois plus de salariés que les autres entreprises du secteur. De même, leur chiffre d’affaires moyen est largement supérieur, tout comme leur productivité (chiffre d’affaires moyen par salarié) qui est de 10 %. Et l’horizon semble plutôt dégagé. La structuration et l’industrialisation de la filière devraient s’accélérer. En effet, 64 % des entreprises de plus de vingt salariés programment un investissement pour accroître leur produc­tion dans les deux prochaines années et 60 % d’entre elles prévoient d’embaucher en 2021 – une proportion qui atteint 79 % pour les entreprises de plus de vingt salariés. Les prévisions d’activité pour 2021 sont toutes orientées à la hausse, tant pour la construction neuve de logements que pour les extensions-surélévations et les bâtiments non résidentiels. « J’espère que la prochaine enquête, qui portera sur l’exercice 2022, confirmera cette dynamique et cette progression. »

1 Comité professionnel de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois.

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