Prieuré du Mont-Saint-Michel (50)
Restauration du Logis de l’Abbé
> Description :
Depuis 2014, la Fondation du Mont-Saint-Michel, abritée par la Fondation Notre-Dame reconnue d’utilité publique, finance l’animation et la restauration du Prieuré du Mont-Saint-Michel, porte d’entrée continentale du Mont située à 4km à Ardevon. En 2023 elle lance la restauration du dernier chantier patrimonial de cet ensemble médiéval unique inscrit au monument historique : la restauration du Logis de l’Abbé, bâtiment du XIIIème siècle, contemporain de la Merveille complètement en ruine intérieurement. Cette restauration permettra d’offrir aux pèlerins et marcheurs en chemin vers le Mont 42 lits supplémentaires dans des chambres de 4 à 8 lits, chambres, sobres et confortables, qui manquent cruellement dans la Baie.
Aujourd’hui les capacités d’hébergement du Prieuré se composent d’une zone de bivouac pouvant accueillir jusqu’à 800 personnes sous tentes et 50 lits en dortoirs.
L’Association du Prieuré du Mont-Saint Michel a la délégation à la maitrise d’ouvrage (de l’association propriétaire Raoul des Isles). Elle travaille avec l’architecte Arnaud Paquin, architecte du patrimoine. Comme les 5 autres chantiers menés précédemment, l’architecte travaille avec des artisans locaux qui ont le souci des matériaux utilisés et le respect de l’histoire du bâtiment. Le charpentier qui intervient sur ce chantier est Paul Lebey, artisan charpentier à Saint-James dans la Manche. Très sensible à l’impact écologique de son métier, au travail manuel et à la restauration du patrimoine, Paul Lebey a fait de l’équarrissage de bois à la hache sa signature.
> Localisation géographique :
Pontorson (50170)
> Le projet– descriptif envisagé ou en cours : Conception / Réalisation :
Nature de l’intervention – Création et sauvetage :
- Restitution de planchers en bois traditionnels sur les deux niveaux du logis.
- Création de lucarnes en bois pour l’éclairage des combles.
- Création d’un escalier extérieur en bois pour accéder aux salles hautes.
- Restitution d’un pilier en bois avec pour modèle le pilier en granit existant.
La particularité de Paul Lebey est qu’il travaille de manière traditionnelle, c’est-à-dire essentiellement avec des outils à main (haches, scies, etc..). Il a notamment équarri les pièces de bois à la hache directement en forêt sur le site d’abattage des arbres, après avoir coupé les arbres sur pied en concertation avec l’ONF. C’est un point important qui fait la singularité du projet.
Sauvetage des deux Sommiers du logis de l’abbé :
Dès le lancement du projet de restauration du logis, pendant les discussions entre l’association du Prieuré du Mont-Saint-Michel et Monsieur Paquin, architecte du patrimoine, le souhait de préserver le plus de pièces de charpente restantes avait été émis comme priorité ainsi que le souhait d’axer la restitution le plus fidèlement possible.
Dans cet optique les deux poutres principales du plancher qui reposaient sur un pilier en granit et qui était dans un état visuel satisfaisant mais qui ne répondait pas aux cahiers des charges du chantier, ont été renforcées par la méthode de la greffe.
Ainsi, avec les outils, Paul Lebey et ses équipes ont purgé le bois qui est en mauvais état. Ici, la partie du dessus avait été particulièrement détériorée par une fuite d’eau datant d’avant la restauration de la toiture. C’est ainsi qu’ils sont venus à creuser les deux poutres par le dessus en enlevant tout le bois qui tombait en poussière et en retrouvant les endroits où le bois avait encore toute sa solidité, traçant l’esquisse d’une pièce de bois qu’ils sont venus ajouter et fixer directement dans la poutre.
Dans la continuité et pour assurer la solidité de l’ensemble, une pièce en métal de toute la longueur a été insérée dans l’ensemble afin de fournir un ensemble d’une solidité à toute épreuve.
La greffe est très souvent utilisée en charpente, que ce soit sur les pans de bois mais aussi dans les restaurations d’églises pour venir reprendre des endroits où le bois est endommagé, sans pour autant avoir à retirer la pièce entière.
> Quelle est la place du projet dans la transmission des savoir-faire relatifs à la restauration du patrimoine ?
Le projet de restauration du logis de l’Abbé s’est installé dès les premières réflexions dans une logique de restauration pertinente pour restituer au plus proche l’esthétique et les techniques utilisées par les artisans de l’époque.
- Démonstration aux Journées Européennes du Patrimoine 2022
- Démonstration aux Journées des Donateurs de la Fondation du Mont-Saint-Michel (2023)
- Visites du chantier
- Paul Lebey fait partie de l’association « Au fil de la Hache » pour initier à l’équarrissage à la hache pour les charpentiers qui souhaitent utiliser cette méthode. Participation aux événements locaux pour promouvoir cette méthode.
- Charpentier sans frontières, depuis 2012 Paul Lebey oeuvre dans des chantiers participatifs autour du travail à la main.
> Origines géographiques et essences de bois qui seront utilisées :
Pour la réalisation du solivage du Prieuré, il y a deux sources d’approvisionnement
Les chênes proviennent de la forêt de Rennes et de la forêt de Saint-Aubin-du-Cormier (Ille et Vilaine) toutes deux gérées par l’ONF. Ses agents de terrain assurent, par leurs connaissances et leur savoir-faire, la gestion en cycles durables des forêts.
L’Office National des Forêts sensible à la démarche du charpentier a préparé des lots de chênes qui n’ont pas les diamètres et standards idéaux pour une scierie mais correspondent parfaitement au travail à la hache. Les arbres ont été abattus à la hache et la coupe des pièces réalisées à la scie.
Les châtaigniers proviennent d’une parcelle privée située au Ferré (Ille et Vilaine). Ils ont été plantés il y a vingt ans pour l’exploitation de bois de chauffage par un agriculteur. La parcelle a longtemps été délaissée, la densité des arbres en a été impactée. Il est donc bénéfique pour la continuité et le renouvellement de sa population de prélever ponctuellement quelques spécimens afin d’amener de la lumière et de laisser de la place à la génération suivante. Les solives ont été équarries à la hache directement en forêt pour faciliter le transport
Le chantier peut attester d’un bilan carbone très honorable
> Enjeux de développement durable :
Paul Lebey, charpentier, utilise une technique ancestrale pour faire revivre un patrimoine séculaire mais aussi pour entrer dans le cercle vertueux du développement durable et limiter ainsi l’impact carbone du chantier
« Chaque charpentier possède un savoir-faire qui lui est propre. Je me suis spécialisé dans la charpente traditionnelle et le pan de bois suite à mon passage dans le pays d’Auge. Il me tient à coeur d’utiliser en priorité des bois et essences locales pour minimiser mon empreinte écologique. Pour ce chantier mais aussi sur les autres, nous mettons un point d’honneur à travailler avec des outils manuels et de limiter l’utilisation d’outils thermiques ou électriques. Cela demande du temps car il faut retrouver les gestes, les ajustages ainsi que les cadences de travail. Une fois tout cela maitrisé, nous arrivons à une certaine efficacité en alliant le confort (moins bruyant et moins de poussière émise que les outils modernes) et une moindre empreinte carbone tout en restant compétitifs dans le monde du travail. Nous utilisons les machines quand celles-ci sont indispensables, mais nous en limitons l’usage au maximum.
De plus, le fait d’utiliser des bois initialement considérés comme des bois de chauffage (pour la partie en châtaigner) mais finalement transformés en bois d’oeuvre par la main de l’artisan sans outils thermiques, que ce bois provienne de la région même du chantier et que le levage se soit fait sans moyens mécaniques ancrent encore un peu plus le chantier dans une dynamiques de développement durable. »
Les enjeux du Développement Durable sont au coeur des décisions et réflexions du Prieuré dans tous les aspects de sa gestion.
- Mobilité douce : accompagne les réflexions des collectivités locales pour favoriser l’accès du Prieuré par le train, le vélo et à pied. Aménagement des chemins d’accès
- Mise en oeuvre de la récupération des eaux de puis pour alimenter les sanitaires des jeunes en bivouac (25000 personnes en 10 ans) => mis en oeuvre en 2022
- Réflexion en cours avec l’aide de l’Ademe sur les solutions de chauffage à adopter. Un responsable « moyens généraux » a été désigné parmi les bénévoles. Il est en charge de l’étude.
> Durée des travaux :
4 mois
> Coût total du programme TTC :
886 527 €
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