Bâtiment : la filière mise sur la prescription du bois français

Posted Posted in La Lettre B

Profitant de la vitrine ouverte sur la construction bois par les chantiers des Jeux de Paris, France Bois Forêt multiplie, avec ses partenaires, les actions en faveur de la prescription du bois français dans la construction et les aménagements.

Piscine du centre aquatique des Jeux de Paris mise en eau sous sa charpente monumentale. Doc. : architecture : VenhoevenCS & Ateliers 2/3/4/image : Paris2024

Le 26 juillet prochain, la France pourra se réjouir d’accueillir les Jeux de la 33e olympiade. Avant même le démarrage des compétitions, ces seconds Jeux de Paris auront beaucoup fait pour la promotion de la construction bois. De nombreux bâtiments et ouvrages construits ou rénovés à l’attention des équipes, des techniciens et des journalistes doivent beaucoup au bois, et notamment au bois français. Siège des compétitions de judo, de lutte ou de rugby-fauteuil, le Grand Palais Éphémère est doté d’une charpente en bois lamellé-collé qui stocke près de 2 000 t de CO2. Seul équipement de compétition construit spécifiquement pour les besoins des Jeux, le Centre aquatique de Saint-Denis (CAO) dispose d’une ossature bois et d’une charpente en bois concave permettant, par sa forme, de réduire le volume à chauffer… et de soutenir une centrale photovoltaïque assurant 20 % des besoins en électricité du site.

Un quartier de 15 000 habitants

À proximité, les bâtiments du Village des athlètes, qui abritera 15 000 personnes, affichent des performances environnementales exceptionnelles. Grâce à l’emploi de matériaux biosourcés, la construction de ce nouveau quartier a émis un tiers de gaz carbonique de moins qu’une opération d’urbanisme de taille comparable, selon Jérôme Martinez, responsable du label Bois de France. La filière forêt-bois française a dépassé l’objectif qui lui avait été assigné ! La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) avait exigé qu’un tiers du bois utilisé pour la construction des bâtiments et des ouvrages olympiques soit issu des forêts françaises et transformé en France. « Finalement, nous sommes plutôt à 45 % de bois tricolore », se réjouit Jérôme Martinez.

Village des athlètes à Saint-Ouen (93), le bâtiment des Gradins en cours de construction. Ses panneaux de façade sont en bois labellisé Bois de France. Après avoir accueilli 408 athlètes et leur staff durant les Jeux de Paris, le bâtiment sera aménagé en plateaux de bureaux. Photo : Solideo – Dronepresse
Le Village des athlètes à Saint-Ouen (93) est un véritable démonstrateur de la massification du bois dans la construction, et près de la moitié du volume de bois qui y est mis en œuvre est d’origine française. Photo : Plan Rapproché

Des chantiers réplicables

Cette performance ne doit pas rester inaperçue, estime-t-il. De fait, l’équipe du label entend bien faire de ce chantier d’exception un tremplin pour les actions de promotion du bois français. Ils ne sont pas les seuls. « Cette opération est intéressante à plus d’un titre. Elle montre, d’une part, que le recours au bois peut être systématique sans que cela soit exceptionnel. De tels chantiers peuvent être répliqués partout en France ! Ce démonstrateur a aussi montré que l’on pouvait utiliser à grande échelle beaucoup de bois français sans rencontrer de problème d’approvisionnement », poursuit Jérôme Martinez.

Deux mondes qui s’ignoraient

Partagé par l’interprofession, ce message est désormais délivré dans les salons professionnels. À commencer par le Simi, le Salon de l’immobilier d’entreprise, qui s’est tenu du 12 au 14 décembre derniers à Paris. « C’est un rendez-vous étonnant : beaucoup des stands y sont en bois, mais on n’y présente pratiquement aucune construction en bois. Et pour cause, la plupart des prescripteurs que nous avons rencontrés veulent bâtir en bois français, mais ne savent pas comment faire. L’exemple des Jeux de Paris est, à cet égard, particulièrement éclairant. » Cette méconnaissance n’a rien de surprenante. Les écosystèmes de la construction traditionnelle et du bois se sont longtemps ignorés. Un exemple parmi d’autres. Cassiano Tinoco Martins est le premier Chef bâtisseur de
Bouygues Construction à avoir participé à la construction d’une tour en bois dans le 13e arrondissement
de Paris. Choisi pour participer à la construction d’un îlot du Village des athlètes, il a dû gérer son travail et les nombreuses visites de ses collègues venus se former en accéléré à la construction bois.

Prélevés dans la forêt du Morvan, 330 m3 de Douglas certifiés Bois de France forment le tablier en lamellé-collé de la passerelle reliant sur 100 m le centre aquatique et le stade de France (Saint-Denis, 93)
Pose d’une des 91 catènes qui forment la spectaculaire charpente en bois concave du centre aquatique des Jeux de Paris à Saint-Denis (93). Photos : Plan Rapproché

« Faire des Jeux de Paris un démonstrateur des capacités et atouts de la filière. »

Georges-Henri Florentin, président de France Bois 2024 La France ayant gagné l’organisation des Jeux de Paris 2024, l’objectif fut d’en faire les premiers Jeux bas carbone. Convaincus que seul l’usage massif du bois dans la construction permettra d’atteindre les objectifs souhaités, les responsables de la filière forêt-bois se mobilisent et créent, dès l’été 2018, France Bois 2024 investi d’une mission d’intérêt général au service des professionnels de la filière forêt-bois. « Nous avons souhaité faire des chantiers des Jeux un démonstrateur de la pertinence du recours au bois pour une grande variété de bâtiments et montrer ainsi aux donneurs d’ordre et au grand public que l’écosystème construction bois a la capacité de réaliser aussi bien des logements, des bureaux, des halles industrielles, sportives ou d’exposition, que des passerelles ou des ponts », déclare Georges-Henri Florentin, président de France Bois 2024. Le résultat est la fourniture « de bâtiments et d’équipements bois exemplaires, utilisant près de 50 % de bois français issus de forêts gérées durablement ». L’introduction d’infrastructures bois, avec un large éventail de solutions sur la quasi-totalité des sites qui comptent des infrastructures temporaires, est inédite dans l’histoire des Jeux. Orchestrer cette mobilisation générale des professionnels, accompagner les décideurs, réaliser des documents techniques, assurer des formations, promouvoir les résultats et assurer l’héritage de cette aventure constituent les grands axes du travail de France Bois 2024. Prochain rendez-vous olympique de la filière forêt-bois française : les Jeux d’hiver 2030 s’ils se déroulent dans les Alpes… Sans parler de l’usage du bois dans d’autres ouvrages futurs grâce à son intégration dans ceux des Jeux de Paris !

Scierie jurassienne ayant livré des bois pour les ouvrages des Jeux de Paris, et parc à sciages. Photo : Georges-Henri Florentin

Mise en relation

Pour mettre à bas ce mur d’ignorance, l’équipe du label Bois de France met la dernière main à une plateforme numérique de mise en relation : Résobois. Dans le courant du printemps, cet outil en ligne, financé par France Bois Forêt, permettra aux porteurs de projets de construction de trouver des prestataires, situés à proximité de leur chantier, susceptibles de leur fournir le bois ou les produits transformés. « Après avoir renseigné la hauteur, la surface, le mode constructif choisi et le lieu, les entreprises répondant à ce mini-cahier des charges seront listées et pourront être contactées en un clic ! », indique Jérôme Martinez. Un outil qui ne sera d’ailleurs pas réservé à la maîtrise d’œuvre. Rien n’empêchera, par exemple, un lamelliste, titulaire d’un marché, de trouver le scieur qui lui fournira le bois nécessaire à la fabrication du lamellé-collé dont il aura besoin.

Le siège de l’Office national des forêts (ONF) à Maisons-Alfort (94), l’une des emblématiques vitrines du savoir-faire de la filière forêt-bois française. Charpentes, ossatures et planchers proviennent des forêts gérées par l’Office national des forêts (Grand-Est, Centre-Val de Loire, Pays-de-la-Loire). Photo : Sergio Grazia/Vincent Lavergne-WOA

Savoir choisir les prestataires

Dans leur guide consacré à l’inscription des produits labellisés Bois de France dans la commande publique, le label Bois de France propose des critères de sélection des candidats, complémentaires des « requêtes bas carbone ». Pour la sélection du maître d’œuvre, rien n’interdit de lui faire préciser son expérience acquise dans la construction bois, dans la comparaison des différentes solutions de construction ou dans la réalisation de fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES). La sélection des entreprises de travaux peut être facilitée par sa capacité à fournir une FDES (collective ou individuelle) pour les produits bois devant être fournis. À défaut, les salariés de ces entreprises devraient avoir suivi des formations relatives à l’impact environnemental des produits et systèmes fabriqués ou mis en œuvre par l’entreprise.

bois-de-france.org/guide-marches-publics

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