Essences secondaires : nouveau souffle

Posted Posted in La Lettre B

Soutenus par France Bois Forêt et sous le pilotage de la FNB, l’Institut technologique FCBA et l’IGN ont, au cours de l’année passée, quantifié les sources d’approvisionnement en essences secondaires.

Exemple de hêtraie-chênaie mélangée à feuillus précieux (alisier, merisier), charme et érable champêtre en Haute-Marne (52). Photo : Sylvain Gaudin © CNPF

Les effets conjugués du changement clima­tique et la hausse de la demande de bois posent la question de la disponi­bilité de la ressource. D’où l’intérêt de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. Pilotés par la Fédération nationale du bois (FNB), l’IGN et FCBA ont dressé, l’an passé, l’état des lieux des essences feuillues « secondaires » facilement mobilisables dans les forêts de l’Hexagone. Sont qualifiées de secondaires, les essences qui sont plus souvent utilisées comme bois de chauffe que pour des usages « nobles » réservés aux essences principales. Dans ce lot, on trouve le bouleau, le charme, le chêne rouge d’Amérique, le chêne vert, le merisier, les grands aulnes, les grands et les petits érables, le saule, le tilleul et le peuplier non cultivé.

Premier volet

Financée par France Bois Forêt, cette étude constitue le premier volet d’un travail plus large. « Dans un second temps, nous devrons évaluer la faisabilité de l’exploitation de ces bois et de leur transformation, souligne Léa Charron, responsable du pôle Palettes à la FNB. Ce après quoi, il faudra valider, avec les professionnels
du secteur, l’adéquation de ces essences secondaires avec leurs exigences industrielles et commerciales. »

Peu de bois de structure

De prime abord, le gisement de ces essences « secondaires » semble important : 370 Mm3, soit l’équivalent de 28 % du volume de bois valorisable de chêne rouvre, de chêne pédonculé, de hêtre, de châtaignier et de frêne (les essences feuillues principales). L’essentiel (63 %, soit 233 Mm3) semble voué à une utilisation industrielle ou énergétique. Le volume de bois secondaire exploitable dans l’emballage représente 27 %, soit 100 Mm3 du total. Seuls 36 Mm3 (10 %) pourraient devenir bois de structure. 

« Attention, alerte Léa Charron, il ne s’agit, pour le moment, que de volumes potentiels. Il faut encore s’assurer que les réserves sont effectivement disponibles, que les gisements sont accessibles, que les bois sont utilisables et que les clients finaux les acceptent, notamment dans l’emballage. » 

Grumes de chêne rouge d’Amèrique en Bourgogne-Franche-Comté. Photo : Romain Lachèze © CNPF
Déroulage de peuplier pour contreplaqué. Photo : Philippe Van Lerberghe © CNPF

Accessibilité facile

Une étude attentive des chiffres permet d’ailleurs de les relativiser. Le volume d’essences secondaires valorisable en bois d’œuvre effectivement disponible ne représente que 10 % du volume total (370 Mm3), toutes essences secondaires de feuillus confondues. Essence secondaire la plus disponible, le charme ne représente que 6,5 % des volumes de bois d’œuvre fournis par le hêtre. Si les deux tiers des volumes sur pied présentent des conditions d’accessibilité jugées faciles, près de la moitié des essences secondaires se trouve dans des forêts privées sans plan simple de gestion.

Gisement régionalisé

Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Plus de 60 % du volume de bois sur pied d’essences secondaires feuillus à bois tendre par exemple se répartissent entre Grand-Est (18 % du volume national), Auvergne-Rhône-Alpes (15 %), Bourgogne-­Franche-Comté (13 %) et Nouvelle-Aquitaine (13 %). Pour les autres essences, plus de la moitié du volume de bois sur pied se concentre en Grand-Est (28 %) et en Bourgogne-Franche-Comté (24 %).

Exemples de rôles principaux
pour des essences secondaires

Les essences secondaires ont d’autres destinées que l’industrie ou la production d’énergie. Par exemple, longtemps utilisé en ébénisterie ou pour fournir des traverses de chemin de fer, le chêne vert sert aussi à fabriquer des parquets. Excellent bois de chauffe, le charme est également le bois dont on fait les escaliers. Prisé par les tonneliers, le merisier fournit d’élégants placages. Il se prête bien aussi au tournage et à la sculpture. Le saule est l’arbre antipollution : utilisé en phytoremédiation des sols, il peut stocker d’importants volumes de CO2. Au Québec, les exploitants d’autoroutes érigent des murs antibruit en saule !

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