Le pin maritime : itinéraire d’une essence en amélioration continue

Posted Posted in La Lettre B

Scientifiques et sylviculteurs ont fortement accru la productivité des pinèdes gasconnes. La recherche s’attèle désormais à lutter contre les ravageurs et les effets des changements climatiques.

Photo : Pierre Teyssier/Chambre d’agriculture des Landes

Jusqu’où ne s’améliorera-t-il pas ?
Essence reine des pinèdes des Landes de Gascogne, le pin maritime n’a cessé de voir ses caractéristiques se plier aux besoins des sylviculteurs et des industriels du bois. Initiés dans les années 1960 par l’Inra (aujourd’hui Inrae), les programmes d’amélioration génétique du pin maritime sont, depuis 1995, chapeautés par le Groupement d’intérêt scientifique pin maritime du futur (GPMF)3.
Avec des résultats spectaculaires à la clé. Développée à partir des années 1980, la deuxième génération « améliorée » (VF2) présente des gains de l’ordre de 20 % en termes de rectitude des troncs et de volume de bois produit par rapport à des arbres « non améliorés ».
Les sylviculteurs espèrent des gains comparables entre la troisième et la quatrième génération (VF4). En cours d’installation au sein de vergers à graines, cette dernière devrait être mise en production à partir de 2026.

Vergers à graines
Ces recherches s’appuient sur la sélection des meilleurs croisements entre les meilleurs individus dans la population sélectionnée de pin maritime landais. Pour stabiliser ces variétés nouvelles et débuter la production de masse de semences, scientifiques et professionnels ont mis en place des vergers à graines. « Les graines des futurs plants forestiers sont obtenues par pollinisation naturelle ou par croisements contrôlés entre les arbres », précise Loïc Cotten, directeur du développement d’Alliance Forêts Bois (voir encadré).
Installés dans les années 1960 à Saint-Sardos (47), Sore (40), Cabanac (33), Lavercantière (46), les premiers vergers ont permis de stabiliser la première génération de pins maritimes améliorés (VF1). Ces installations ont fourni suffisamment de graines pour reboiser 60 000 ha de pinèdes gasconnes. Établis à Mimizan (40), Hourtin (33) et Saint-Augustin (17), les vergers de la génération suivante (VF2) ont produit les semences nécessaires à la reforestation de près de 230 000 ha dans le massif des Landes de Gascogne. La VF3, quant à elle, aura participé fortement à la reconstitution des 200 000 ha post-Klaus depuis les sites de Beychac-et-Caillau (33), Saint-Sardos (47), Hourtin (33), Saint-Laurent-Médoc (33), Uchacq (40) et Carcans (33).

Photo : AdobeStock/PNRLG

Ravageurs et sécheresses
Si, originellement, les croisements étaient réalisés entre spécimens « landais », d’autres possibilités ont aussi été mises en pratique. Chercheurs et sylviculteurs ont ainsi développé des variétés hybrides « Landes » x « Corse » (baptisées LC1, LC2 et LC3). Le but poursuivi étant de conjuguer la rusticité et la robustesse du premier à la rectitude du fût du second.
De nouveaux objectifs ont été fixés aux scientifiques et aux sylviculteurs qui travaillent à l’amélioration du pin maritime. « Initialement, les programmes d’amélioration génétique du pin maritime se sont focalisés sur la croissance, pour raccourcir le temps entre deux révolutions, ou cycles, et la qualité morphologique, c’est-à-dire la rectitude du tronc et la finesse des branches. Désormais, les axes de recherche tournent autour de la résistance aux ravageurs et de la résilience aux effets des changements climatiques »,
explique Loïc Cotten.
Le premier sujet n’est pas tout à fait neuf. Des croisements ont été effectués dans les années 1980 entre pins landais et arbres récoltés dans le massif marocain du Tamjout. Objectif : produire une variété résistante à la cochenille du pin maritime (Matsucoccus feytaudi),insecte à l’origine de la destruction de 120 000 ha de pins maritimes dans le Midi de la France dans les années 1960. Peu sensibles à l’insecte piqueur-suceur, ces hybrides présentent néanmoins l’inconvénient de croître plus lentement que des pins maritimes landais, avec une résistance moindre au froid. Fort heureusement, les arbres issus du croisement Corse-Landes présentent une forte résistance à la cochenille et à la pyrale du tronc (Dioryctria sylvestrella).
Dans les vergers à graines, les scientifiques et professionnels examinent les résistances à d’autres pathogènes. À commencer par le nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus), à l’origine de très importants dégâts dans les pinèdes asiatiques, espagnoles et portugaises. « Il faudra probablement encore trois à quatre ans de recherche avant d’identifier les gênes caractéristiques des individus résistant à ce ravageur et s’assurer qu’ils se transmettent d’une génération à l’autre », avance Loïc Cotten.
Autre centre d’intérêt : la résistance à la sécheresse estivale. Une recherche qui prend en compte non seulement la variabilité génétique des arbres, mais aussi le développement de nouvelles pratiques sylvicoles.

EN SAVOIR PLUS

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inrae.fr
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Alliance Forêts Bois est le 1er groupe coopératif forestier de France, créé et administré par des propriétaires forestiers privés. Il accompagne 43 000 propriétaires adhérents dans la gestion de leurs forêts, sur près d’1 million d’hectares.

 

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