L’écorçage : une réponse au risque sanitaire et à la fertilité des sols

Posted Posted in La Lettre B

L’écorçage : une réponse au risque sanitaire et à la fertilité des sols Assurer la protection sanitaire des peuplements et maintenir la fertilité des sols. Ce sont les deux grands axes du projet portant sur le développement de la technique des têtes d’abattage-écorceuse en France. Un programme financé par France Bois Forêt et porté par l’Office national des forêts, l’institut technologique FCBA1, la Fédération nationale du bois et la Fédération nationale des entrepreneurs du territoire.

John Deere, en mode écorçage. Photos : E. Ulrich

« Nos homologues allemands2 nous ont fait bénéficier de leurs connaissances acquises au cours de projets successifs menés sur la technique des têtes d’abattage-écorceuse (TAE) », explique Erwin Ulrich, Direction forêts et risques naturels, pilote de la mission Adaptation des forêts au changement climatique à l’ONF. L’un portait plus précisément sur l’adaptation de ces machines utilisées en forêts tropicales, aux essences forestières européennes et aux méthodes de travail. L’autre concernait l’optimisation de la chaîne logistique en lien avec des produits écorcés par des machines de bûcheronnage munies de TAE. « Un transfert de connaissances à l’occasion d’un séminaire en 2020, année de démarrage de ce programme de trois ans. »

John Deere, mise au point itérative.
Ponsse, mode écorçage.

Optimiser le taux d’écorçage et la productivité

Cette technique, inédite en France, a été testée sur deux chantiers d’épicéa : le premier dans le Doubs, sur les forêts communales de Bouclans et de Naisey-les-Granges ; le second sur le groupement forestier à Gruey-lès-Surance en Lorraine et en forêt communale de La Chapelle-aux-Bois dans les Vosges. « Il s’agissait non seulement de s’approprier la technique et d’observer ses avantages et limites, mais aussi d’appréhender différents paramètres, tels que le nombre nécessaire de passages de l’arbre à travers la TAE, le temps moyen, le suivi de la productivité… » Les deux premiers chantiers ont été réalisés dans les conditions les plus difficiles, à savoir en hiver. Une opération plus compliquée à cette saison, l’écorce collant davantage au tronc en raison de l’absence de sève. « La TAE doit donc faire davantage d’allers et retours pour obtenir un résultat correct. Les Allemands avaient limité le nombre de passages à trois pour un équilibre entre taux d’écorçage et productivité. Pour nous, il restait trop d’écorce. De treize passages, nous sommes descendus à sept. Soit un taux d’écorçage entre 60 et 70 %, mais avec une chute de la productivité de quasiment 50 %. » Fort de ces retours d’expériences, le comité de pilotage a convenu que les deux chantiers suivants, prévus courant 2021, seraient conduits sur une période de végétation, allant de cinq à sept mois, selon les régions. « L’objectif est à la fois d’optimiser le taux d’écorçage, la productivité, et d’augmenter la fertilisation des sols.»

Limiter les infestations de scolytes

Cette technique permet, selon le constat des collègues allemands, de limiter les foyers d’infection de scolytes. « Le taux d’individus morts est plus important lorsque l’on écorce en sève. Plus concrètement, les larves et œufs, qui ont survécu à l’hiver, vont se dessécher et mourir. On évite ainsi les envols des premiers insectes et les premières infestations au printemps. » En outre, les insectes adultes ne peuvent plus revenir pondre sur les grumes. Autre effet positif constaté de l’écorçage : l’empêchement de l’infestation des arbres tronçonnés sur les aires de stockage par des insectes sous-corticaux, parmi lesquels par exemple, le scolyte liseré. « Avec des grumes écorcées, nous évitons cette piqûre et donc la propagation d’un second nuisible. Du coup, le stockage peut être prolongé en forêt, soulageant ainsi toute la chaîne de transport. » En outre, l’écorce représentant un certain pourcentage du volume total, le grumier va faire une économie en mettant plus de bois.

Booster le retour de nutriments

Au nombre des arguments en faveur de cette méthode : l’apport plus important de nutriments sur le sol lors des premières et secondes éclaircies, attesté par des mesures précises de la biomasse sur le terrain.  Le dernier volet de ce programme prévoit une communication sur cette technique de travail sous forme de deux journées de présentation à la filière sur le terrain, d’articles thématiques dans la presse spécialisée, d’une brochure spécialement éditée et d’une vidéo. Le message est de dire qu’il ne s’agit pas d’écorcer 100 % des bois récoltés, mais là où cette opération s’avère nécessaire seulement, « par exemple, sur des sols trop pauvres pour nourrir les arbres ».

1 Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FCBA). 2 Kuratorium für Waldarbeit und Forsttechnik (KWF) et l’université de Sciences Appliquées
de Weihenstephan-Triesdorf (HSWT).

Pour en savoir plus :

Partager l'article sur vos réseaux sociaux :