Les organisations professionnelles de la filière forêt-bois* se sont réunies le 22 décembre en visioconférence autour du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et de la député Anne-Laure Cattelot pour signer la feuille de route définissant la stratégie de renouvellement forestier inscrite par le Gouvernement dans le cadre de son plan de relance. « C’est une étape très importante à deux titres », indiquait le ministre de l’Agriculture. « D’abord parce que nous prenons l’angle de la gestion sylvicole comme celui qui réunit l’ensemble des acteurs. Et parce que nous avons les moyens de notre ambition. » De décembre 2019 à juin dernier, une vingtaine d’organisations professionnelles ont ainsi participé à ces échanges. « C’est ni plus ni moins que l’état de la connaissance en 2020 de l’adaptation des forêts au changement climatique, parce que cette feuille de route devra être revue périodiquement en fonction de l’évolution du climat et de l’état de la connaissance », expliquait l’expert forestier Philippe Gourmain. Ces travaux ont abouti à la définition d’un objectif commun validé par l’ensemble des cosignataires : « En 2050, les forêts sont gérées en concertation avec les parties prenantes pour maintenir et assurer harmonieusement les fonctions économiques, écologiques, climatiques, et sociétales, en tenant compte des effets présents et futurs du changement climatique », énonçait Philippe Gourmain. « On peut avoir l’impression qu’il ne s’agit que du rappel de la multifonctionnalité de la forêt française », poursuivait l’expert forestier ; « c’est vrai, sauf que nous y avons ajouté la notion de fonction climatique, qui constitue une nouveauté, ainsi que le fait de réaffirmer ces principes dans la durée ». Cette feuille de route définit une stratégie d’adaptation des forêts au changement climatique qui repose sur cinq axes principaux : passer d’une gestion courante caractérisée par la prévisibilité à une gestion davantage itérative avec révision régulière des programmes d’action tous les 3 à 5 ans ; prendre des décisions malgré l’incertitude ; adopter des pratiques qui favorisent la résilience (action pour la préservation des sols et de la biodiversité) ; travailler à la dilution des risques (diversification des essences, des provenances, des traitements) ; faire adhérer l’opinion publique aux projets de transformation induits par les mesures appelées à être prises pour adapter les forêts au changement climatique.
« Cette feuille de route met en évidence les grandes orientations qu’il nous faut déployer pour assurer cette multifonctionnalité de la forêt », commentait Julien Denormandie. Après avoir salué la dynamique créée et invité la filière forêt-bois à faire bloc autour de cette feuille de route, le ministre de l’Agriculture détaillait plusieurs mesures conjoncturelles et structurelles de la politique publique de l’Etat pour la forêt et le bois. « Nous avions mis en place un dispositif permettant de faire de la répartition de bois scolytés entre régions […] avec un financement de 6 millions d’euros. […] Nous avons décidé de doubler l’enveloppe qui passera à 12 millions d’euros », annonçait Julien Denormandie. Il a par ailleurs souligné que les dispositifs d’encouragement fiscaux à l’investissement en forêt avaient été reconduits dans le cadre du projet de loi de finance 2021. Sur les 200 millions d’euros alloués par le plan de relance du Gouvernement à la filière forêt-bois, dont 150 font actuellement l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt avec pour objectif de renouveler 35 à 40.000 hectares de parcelles dépérissantes et de parcelles pauvres, le ministre de l’Agriculture a expliqué que « 22 millions seront consacrés à l’acquisition du dispostif Lidar qui permettra à l’ONF de disposer des meilleurs moyens de gestion forestière ». A propos de l’ONF, Julien Denormandie a tenu à indiquer qu’il n’ignorait « aucunement les sujets liés à l’emploi au sein de l’ONF» et a assuré l’établissement public de son « plein soutien. Ma vision est très claire. C’est de permettre d’avoir plus de gens dans les forêts, sur le terrain, en renforçant le rôle des agents, des techniciens, et des ingénieurs forestiers, tout en se disant que nous avons un véritable défi d’accompagnement de l’ONF vers un certain nombre de transitions. Pour schématiser, moins d’administratifs et plus de métiers forestiers sur le terrain ». Le ministre de l’Agriculture a ajouté que l’Etat allait investir 1 million d’euros pour la modernisation des vergers à graines gérés par l’ONF. Egalement dans la perspective de développer le niveau des plantations, le Gouvernement a par ailleurs annoncé le doublement du dispositif d’aides aux pépiniéristes, avec un montant porté à 4,5 millions d’euros pour permettre aux entreprises d’acquérir des matériels performants et d’adapter leurs capacités de production.
* Luc Charmasson (CSF Bois), Michel Druilhe (FBF), Frédéric Carteret (FBIE), Christian Ribes (France Bois Régions), Dominique Jarlier (FNCOFOR), Antoine d’Amécourt (Fransylva), Bertrand Servois (UCFF), Gilles Bauchery (SNPF), Richard Hebras (SFA gie), Laurent Bizot (UNEP), Sylvestre Codert (EFF), Gérard Napias (FNEDT), Jacques Ducerf (FNB), Jean-Louis Camici (Le commerce du bois), Antoine d’Amécourt (CNPF) Jean-Yves Caullet (ONF), Jean-Luc Guéry (FCBA), Philippe Mauguin (INRAE) et Willy Schraen (FNC)
Avec l’aimable autorisation du magazine le Bois International. Cette article est paru dans l’édition du 22 décembre 2020.
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