Centre culturel Tjibaou : le bois au coeur de l’inspiration kanake

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* AILLEURS : cette rubrique est destinée à vous faire partager les actions innovantes, originales, voire exemplaires, mises en place dans nos lointains et si proches espaces forestiers d’outre-mer.

Les lames de la double coque sont en lamellé-collé d’iroko, et les poutres en acajou. Doc. : Mathis

Trois types de cases :
• Petite : 55 m² et 20 m de hauteur
• Moyenne : 92 m² et 20 m de hauteur
• Grande : 140 m² et 28 m de hauteur
Surface totale : 8 188 m2
Maître d’ouvrage : Agence de développement de la culture kanake
Entreprise bois : Mathis

Réalisé par l’entreprise Mathis, le centre culturel Tjibaou de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, oeuvre, depuis trois décennies, pour la promotion du patrimoine culturel kanak. En premier lieu, par son écriture architecturale entre tradition et modernité, qui fait la part belle au bois, et par son dialogue avec le végétal.

Se déployant sur un site de 8 ha, entre les baies de Tina et de Magenta, le centre culturel Tjibaou, du nom du leader indépendantiste, a été conçu par l’architecte Renzo Piano en 1998. Réinterprétation contemporaine en bois et en acier de l’habitat vernaculaire kanak, cet édifice unique en son genre se compose de dix huttes organisées en trois « villages » distincts – centre d’art, musée et bibliothèque, salles et espaces d’exposition. Les différences de hauteurs et de surfaces de ces cases modernes confèrent à l’ensemble une apparence inachevée. Une volonté de Renzo Piano : « L’un des caractères fondamentaux de l’architecture kanake est le chantier : le “faire” est aussi important que le “fini”. [D’où] l’idée de chantier permanent ou (…) “non fini”. » (Carnet de travail) Réparties sur un arc de 250 mètres de longueur, les cases sont reliées par une structure horizontale, abritant bureaux, salles de conférence et auditorium. Un couloir couvert connecte ces différents espaces. 

Le souci de pérennité de l’ouvrage a motivé le choix de l’iroko en lamellé-collé (lattes intérieures et extérieures) et de l’acajou (poutres), des bois tropicaux retenus pour leur résistance aux parasites (termites, vers à bois, champignons…), leur stabilité et leur imputrescibilité. Dans la même optique de durabilité, ont été introduits des matériaux modernes, comme l’acier galvanisé pour la structure d’ancrage, le béton ou encore le verre. La double série de lames en lamellé-collé sert de brise-soleil, tandis qu’elle assure aussi la ventilation, l’air circulant librement entre celles-ci. Les ouvertures pratiquées dans la coque externe sont orientées de façon à tirer parti des alizés ou pour induire les courants de convection souhaités. Les débits d’air sont régulés par des ventelles vitrées. 

Associée à la beauté de ces horizons lointains, l’architecture contemporaine entre en symbiose avec le végétal, élément symbolique fort de la culture kanake. Évoquant le chemin central des villages traditionnels, une allée enrichie de nombreuses espèces endémiques, parmi lesquelles des pins colonnaires, s’étire, sinueuse, le long de l’édifice. Plus qu’un cheminement piétonnier, c’est un « chemin histoire »1 qui fait partie intégrante du centre culturel Tjibaou.

1 Il retrace à travers le langage des plantes l’histoire du héros fondateur Téâ Kanaké (Premier Homme).
©Image à la une : Mathis – Le centre culturel Tjibaou comprend dix cases de hauteurs diverses, toutes dimensionnées pour résister aux vents cycloniques (230 km/h) et aux séismes. 

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