Léa Nature : vers le bioclimatisme de demain

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CONSTRUCTION / BÂTIMENT RECEVANT DU PUBLIC 

* THÈME : construire biosourcé et géosourcé
* ESSENCES FRANÇAISES : pin Douglas, chêne
* ENTREPRISES BOIS : M er lot
* ANNÉE DE LIVRAISON : fin 2016
* LIEU : Périgny, Charente-Maritime (17), Nouvelle-Aquitaine
* SITE INTERNET : architec-rc.com 

Avec son jardin paysager dessinant un immense mandala1 en son centre, le Bio’Pôle du groupe Léa Nature est devenu le poumon vert de la zone industrielle de Périgny, en Charente- Maritime. Et un bel exemple d’architecture bioclimatique. 

Le Bio’Pôle du groupe Léa Nature implanté sur un site paysage de 2 ha, en pleine zone industrielle de Périgny (Charente-Maritime). Photo : Éric Chauvet
Rattaché au Bio’Pôle, le jardin paysager avec son mandala végétal. Photo : Léa Nature
Bardage en pin Douglas huilé.
Des toitures végétalisées contribuent autant au confort intérieur en été qu’au développement de la biodiversité sur le site.
Dans le restaurant, une acoustique parfaite, une ambiance chaleureuse, un mobilier agréable. Photo : Léa Nature
Du bois français, notamment du chêne de Touraine pour les parquets et escaliers. Photo : Éric Chauvet
Les dalles du faux-plafond sont en fibre de bois. Photo : Éric Chauvet

« Je travaille l’ossature bois depuis vingt ans. Je ne me vois pas construire avec un autre matériau que le bois. La question ne se pose même pas, je propose immédiatement ce mode constructif », explique l’architecte Sandrine Raphel-Chessé, de l’agence R&C. Le ton est donné. Et ce n’est pas un hasard si l’équipe architecturale a été sollicitée, en 2010, par le groupe Léa Nature, pour la construction de leur Bio’Pôle dans la ZI de Périgny, juste en face de son siège social. Aujourd’hui, leader européen du bio, le groupe entend, à travers ce programme, proposer un bâtiment démonstratif en cohérence avec sa philosophie d’entreprise en termes d’environnement, de santé, d’écologie… À noter : le bâtiment initial, abritant le siège social et l’atelier de production cosmétique, est en bois et utilise le solaire thermique, l’aérothermie et la géothermie. « Nos valeurs correspondaient à leurs attentes. Pour ce type de projet, le choix de la maîtrise d’oeuvre est essentiel. Il faut  qu’elle soit convaincue par ce qu’elle fait », souligne l’architecte. 

Conception écologique et durable 

Intégrée à un vaste complexe écoconçu de 4 ha2, cette construction moderne en bois français, et même local, abrite un restaurant d’une capacité de 500 couverts, un café snack, une grande boutique et un institut de beauté, des salles de réunion, un amphithéâtre, des espaces d’exposition (notamment sur l’agriculture bio). Le tout placé sous le signe du bio évidemment. Ce lieu de détente est dédié à l’ensemble des salariés – « ils n’ont qu’à traverser la route pour y accéder » – et ouvert également aux autres entreprises de la zone industrielle. 

Ce biopôle s’impose comme un modèle de conception écologique et durable qui repose sur une double approche. Tout d’abord, une architecture bioclimatique qui prend en compte les caractéristiques du site, par ailleurs refuge LPO3 depuis 2017, pour mieux s’y insérer et en tirer parti. Pour exemples, l’orientation sud, avec des façades largement vitrées qui favorisent les apports solaires ; ou encore les toitures inclinées et végétalisées qui participent au confort d’été, tout en réduisant l’impact environnemental du bâtiment sur la parcelle. Une insertion harmonieuse servie par un écrin paysager de 2 ha, véritable puits de biodiversité et source de fraîcheur, qui plus est fort utile pour la gestion de l’eau. 

Du bois de proximité 

Seconde approche : le choix de matériaux biosourcés et géosourcés. Au menu : ossature, charpente lamellé-collé et bardages en pin Douglas provenant du Limousin ; isolation en ouate de cellulose et laine de chanvre ; enduits en terre ; dalles de faux-plafond en fibre de bois ; terrasses extérieures, dalles acoustiques, parquets et portes en chêne de Touraine… 

« Notre cahier des charges stipulait que nous souhaitions du bois de proximité », précise l’architecte. 

Outre cette présence forte de matériaux naturels, le béton est également de la partie dans la cuisine. « C’est le noyau technique, situé au centre du projet. La cuisine est l’unique endroit à être en maçonnerie béton, avec portes coupe-feu, etc. – réglementation oblige. Au-dessus, une toiture-terrasse avec toute la machinerie dissimulée », détaille Sandrine Raphel-Chessé. Une fois ce point dur réalisé, la suite s’est construite tout autour, c’est-à-dire une ossature bois enveloppant, telle une coque, ce « coeur » de béton. « Un des problèmes du bois étant l’absence d’inertie, nous avons travaillé la masse, notamment en utilisant un mélange terre et bois qui nous permet de profiter des avantages de chaque matériau. » Dans la même logique, le mur du hall d’entrée est en brique enduite de terre. Quant aux zones en bois, c’est la qualité de l’isolant – la ouate de cellulose en l’occurrence – qui va apporter un déphasage thermique à même de maintenir une bonne température à l’intérieur. 

Du mode constructif bois aux matériaux naturels retenus, en passant par les dispositifs mis en place, par exemple, pour traiter l’acoustique ou encore le mobilier, tout, ici, concourt à faire de ce bâtiment un endroit confortable et chaleureux, et du site, un havre de paix. « Un endroit magnifique où l’on se sent bien », conclut l’architecte. 

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1 Terme sanskrit signifiant cercle et, par extension, sphère, environnement, communauté, espace sacré.
2 Le site comprend, entre autres, un complexe multisport de plus de 5 000 m2 accolé au Bio’Pôle.
3 Ligue pour la protection des oiseaux 

Questions à Sandrine Raphel-Chessé, de l’agence d’architecture R&C 

Pourquoi le bois ? Et, plus largement, les matériaux écologiques ? 

Mon associé Raphaël Chouane et moi-même avons créé notre agence en 2007. Nous nous sommes installés avec la volonté d’exercer notre métier de manière plus durable. Telle est notre philosophie de création. La base pour nous, c’est le bioclimatisme. Nous nous attachons à emmener le plus possible nos clients vers cette réflexion, en tenant compte de leurs moyens bien sûr. Ensuite, de les orienter vers des matériaux plus écologiques. L’idée est d’essayer de les accompagner dans cette démarche et, à travers les résultats, leur en montrer la pertinence. Mais sans extrémisme. On ne forcera jamais un client à faire ce qu’il n’a pas envie de faire. C’est une démarche pédagogique. 

Espaces verts et jardin ont fait partie intégrante de votre réflexion architecturale… 

Tout à fait. On ne conçoit pas le bâtiment d’un côté et le paysage de l’autre ! Nous avons travaillé avec Christophe Montil, un paysagiste que nous connaissons bien et avec qui nous partageons les mêmes valeurs. Nous créons en symbiose. Il a imaginé un jardin paysager de deux hectares, occupé en son centre par un mandala. C’est un peu le poumon vert de Léa Nature. Plus concrètement, à l’ouest, une bande boisée d’espèces locales (futaie de l’Aunis) et une allée piétonne relient le site au reste du quartier. Cette frange végétale participe à l’intégration du bâtiment et apporte de l’ombre en été. Les espaces libres sont en gazon ras d’achillées, ce qui limite l’entretien et favorise, dans le même temps, la biodiversité des insectes. On a eu de la chance sur ce terrain car le côté avenue est au nord, et le jardin au sud. L’idéal pour une approche bioclimatique. 

Maître d’ouvrage : Groupe Léa Nature
Maître d’oeuvre : R&C Architecture et Patrimoine
BE structure : Arest (Cholet)
Paysagiste : Christophe Montil (Géniplant)
Surface : 2 700 m²
Coût total (hors foncier, hors VRD) : 3 900 k€ HT
Coût du lot bois n° 1 : 505 k€ HT 

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