Laurent Bléron : Ces progrès qui ouvrent de nouveaux marchés

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Enseignant chercheur et directeur de l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois (Enstib) à Épinal, Laurent Bléron analyse les évolutions qui ont permis le développement des produits d’ingénierie bois.

Le Centre Pompidou à Metz, en Moselle (57). ©Sylvain Gaudin/CNPF

Pour en savoir plus :
• Enstib – enstib.univ-lorraine.fr
• CLT – clt-france.fr
• BMR – preferez-le-bois-francais.fr

Comment est-on passé du bois massif au bois reconstitué ?
La majorité de ces produits est réalisée à base de collage, ce sont donc les colles synthétiques qui ont permis la création et le développement de produits reconstitués. Grâce à elles, nous obtenons de grandes longueurs, bien au-delà des sciages courant de 4 à 5 m. En collant, il est possible de fabriquer des poutres supérieures à 30 m, le transport devient la seule contrainte. Le numérique a aussi joué un rôle important dans l’usinage et le calcul. Sans les puissances actuelles de calcul et l’outil de CFAO*, nous n’aurions pu construire des structures telles que le centre Pompidou à Metz. Le classement mécanique permet, en amont, d’optimiser l’utilisation des sciages. Notre matière est très hétérogène, avec une forte variabilité. La résistance mécanique d’un sciage va varier selon l’endroit de l’arbre où le sciage a été prélevé. Pour optimiser la ressource, il faut avoir la capacité de la trier le plus correctement possible. Le classement par machine valorise mieux les sciages que le classement visuel.

Tous ces progrès technologiques ouvrent-ils de nouveaux horizons au bois ?
Oui, on voit que le CLT** permet de construire en bois des immeubles de grande hauteur. Sans ce matériau, nous aurions atteint moins rapidement des bâtiments de 8 ou 10 étages en bois. Cette technique marche très bien et ouvre de nouveaux horizons à la construction. Le CLT, comme le lamellé-collé, permet de prendre des marchés qui échapperaient au bois massif.

Quelle est la place du bois massif ?
Il aura toujours sa place. Sur 4 à 5 m de portée, il sera toujours plus économique de mettre en œuvre un bois massif. Il est clair que si je dois aller sur 10 m de portée avec une hauteur de poutre de 30 cm, je prends le risque d’une « pathologie » avec du bois massif car celui-ci bougera avec le temps.
Si j’utilise un BMR*** en bois collé, le produit est sec, et je n’aurai pas de problème. Dans les murs à ossature bois, le bois massif a toute sa place.

Quels progrès dans 20 ans ?
Sur les vingt dernières années, un seul nouveau produit est apparu : le CLT. Nous n’avons pas un nouveau produit tous les quatre matins. Le lamellé-collé s’est développé après-guerre avec la colle,
il est très employé depuis les années 70. Dans les vingt années qui viennent,
il ne faut pas s’attendre à une révolution technique. Nous allons évoluer vers des colles plus « vertes », des procédés plus respectueux de l’environnement et nous allons voir se développer l’utilisation des feuillus dans la construction.

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* Conception fabrication assistée par ordinateur.
** Cross Laminated Timber ou bois lamellé-croisé : panneau à usage structurel (mur, plancher, toiture) composé de lames de bois massif croisées perpendiculairement.
*** Bois massif reconstitué : matériau composé d’un assemblage de deux à cinq lames de bois massif de fortes épaisseurs (de 45 à 85 mm) collées face à face par leurs côtés plats et parallèlement au sens des fibres.

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