De nouvelles perspectives pour le peuplier

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Comme au temps des grands naturalistes du 18e siècle, tels Buffon ou Linné, la filière populicole, par l’intermédiaire du Conseil national du peuplier,
a établi, avec l’aide de FCBA* et de France Bois Forêt, une classification de la résistance mécanique du peuplier. Objectif : aboutir à un référencement obligatoire afin de valoriser les sciages en construction.

Mené par l’Institut technologique FCBA, prestataire technique, et soutenu par France Bois Forêt (FBF) et plusieurs régions (Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France, Grand Est), le programme de valorisation de la filière peuplier piloté par le Conseil national du peuplier (CNP) est arrivé à terme, après trois ans de travaux. Finalité de l’opération baptisée « Accompagnement de la filière peuplier pour une valorisation des sciages en construction » : servir la filière populicole en développant de nouveaux usages du peuplier. Cela grâce à des outils qui autorisent le classement mécanique des sciages par machine et donc leur valorisation pour en faire du bois de construction, en charpente notamment. Une opération à deux niveaux : d’une part, elle permet d’homologuer des machines de classement pour la résistance mécanique, des sciages de peupliers dédiés à la construction conformément à la réglementation du marquage CE (jusqu’alors, aucune à l’échelle européenne ne possédait cette homologation) ; d’autre part, elle définit les bases techniques d’utilisation du peuplier dans les produits de type bois lamellé-collé (BL-C) et panneaux massifs de bois lamellé-croisé (CLT, Cross Laminated Timber).

Exemple de rupture de bois lamellé-collé de peuplier en machine de test.

 

Des tests jusqu’à la rupture
En direct de sa peupleraie, Gabriel Chazallon, président du CNP, basé non loin d’Agen, nous éclaire sur les enjeux de cette démarche : « Depuis 2012, le bois doit être normé, c’est-à-dire classé selon sa résistance conformément à la réglementation du marquage CE. Or il n’existait pas de référentiel très efficient ni de machines capables de classer l’ensemble des cultivars de peupliers disponibles sur le territoire français – contrairement au chêne, au hêtre, au pin. Afin d’adapter les machines en vue d’un classement pour la résistance des sciages peupliers, il fallait donc mener une étude spécifique. L’Institut technologique FCBA, avec l’aide de l’IDF** et des professionnels de la première transformation, a donc sélectionné différents cultivars représentatifs de la ressource française, abattu les grumes sélectionnées, scié ces dernières en plusieurs sections, puis passé ces planches dans diffé­rentes machines, généralement celles employées pour les résineux. Lesdites planches ont été testées jusqu’à la rupture sur un banc de test sur le site FCBA de Bordeaux (plus de 1 600 planches testées), pour déterminer le bon réglage des machines correspondant à la corrélation de la résistance après rupture de la planche et de sa valeur de résistance prédictive indiquée par la machine. »

Architectes des bâtiments de France : des pionniers !
Le CNP a sollicité les régions françaises les plus populicoles ; cinq ont répondu à l’appel (Hauts-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine) pour une somme de 80 k€. Le reste du financement étant assuré par France Bois Forêt (100 k€).
Gabriel Chazallon se réjouit : « Depuis longtemps déjà, le peuplier est employé en Nord-Pas-de-Calais ou encore dans la vallée de la Garonne, par les Architectes des bâtiments de France, notamment pour la restauration des charpentes anciennes. Désormais, nous allons pouvoir davantage le mettre en œuvre. Élaguée dans de bonnes conditions, la base de l’arbre pourra être utilisée pour le déroulage, la partie haute pour la charpente et les nouveaux usages de construction. Le peuplier a de nombreux atouts : il est léger, son renouvellement est rapide (cycle de production de quinze à dix-huit ans), et ses variétés répondent bien aux besoins du bois de construction. Les Hauts-de-France, par exemple, sont friands du Robusta. »
Autre sujet de satisfaction : l’exploitation de cet arbre va de pair avec le développement de l’économie locale. « C’est une économie ancrée dans les territoires, se félicite le président du CNP. Les pépiniéristes produisent les plants, les populiculteurs plantent 250 plants à l’hectare, puis viennent les ETF, Entreprises de travaux forestiers, qui assument les travaux d’entretien. Quand le bois arrive à maturité, il est vendu, débité puis livré à l’usine de déroulage. Tout se tient localement.

Bois lamellé-collé de peuplier en machine de test, avant la rupture.

Des résistances équivalentes à celles des résineux
Selon Didier Reuling, responsable technique bois massif et dérivés au sein du laboratoire de mécanique de FCBA Bordeaux, il existe encore d’autres bénéfices à cette classification : « Le peuplier était très peu reconnu dans le domaine de la construction. Les nou­veaux réglages peuplier des machines de classement pour la résistance ont démontré que l’on pouvait avoir des classes mécaniques équivalentes à celles utilisées pour les résineux : de C30 pour la plus résistante à C14 pour la moins résistante. Les architectes des Hauts-de-France, région pilote, l’avaient déjà compris et utilisent cette essence depuis longtemps. Ils l’ont triée par classement machine sans que celle-ci soit officiellement reconnue selon les référentiels européens en vigueur.
Au moindre sinistre, leurs responsabilités auraient été engagées, sans recours possible. »
Grâce à cette nouvelle étude, ils n’auront plus cette épée de Damoclès au-dessus d’eux. On attend plus, désormais, que la multiplication des prescriptions peuplier dans les constructions bois.

Machine d’essais pour les panneaux massifs contrecollés de peuplier.

 

Pour en savoir plus :
• peupliersdefrance.org
• foretpriveefrancaise.com
• fcba.fr
• cnpf.fr/idf
• fnbois.com

Retrouvez le détail des projets phares et l’intégralité du rapport d’activités de FCBA sur son site : fcba.fr/content/rapport-annuel

Réf. FBF : 17RD650
Budget FBF : 100 k€

Institut technologique FCBA* : bilan d’activité 2018
Une nouvelle gouvernance, des projets innovants pour les filières bois et ameublement, le lancement du projet d’extension du pôle de construction bois à Boutaut, à Bordeaux, une réflexion sur le développement de son pôle InTechFibres… Voici quatre des grands faits qui ont rythmé l’actualité récente de l’Institut technologique FCBA (Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement), partenaire de France Bois Forêt, qui s’impose comme un référent scientifique et technique auprès des professionnels du bois.
Côté chiffres pour 2018, FCBA, qui compte 350 collaborateurs, a facturé 3 000 clients et affiche 97 % de clients satisfaits, pour un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, incluant les financements publics et professionnels. Côté organigramme : Christophe Mathieu succède à Georges-Henri Florentin, directeur général de FCBA, qui a pris sa retraite en mai 2019.
À mi-parcours du contrat de performance signé avec l’État et les organisations professionnelles pour la période 2016-2019, les objectifs sont atteints pour la plupart des actions (15 indicateurs sur 19 sont au vert). Dans le domaine de la forêt et de la première transformation, FCBA mène de nombreux projets sur l’accroissement de la productivité des essences (amélioration génétique), la sylviculture à base de plantation, la mobilisation des bois (organisation des chantiers de récolte, mécanisation), ainsi que la valorisation des sciages et des palettes.

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