Paille et bois à l’école

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À Rosny-sous-Bois (93), le groupe scolaire des Boutours est une réalisation unique en Europe, qui pousse les principes de l’écoconstruction au-delà du champ du développement durable. Associé à la paille, le bois y a toute sa place, en structure comme en habillage extérieur.

C’est dans une ancienne halle de marché qu’une école maternelle de neuf classes a été construite, venant s’accoler au premier bâtiment du groupe scolaire livré en 2014. Ce dernier, conçu selon les standards de la construction passive, avait déjà été réalisé à partir de matériaux biosourcés et doté d’une toiture végétale intensive remarquable, support à la pédagogie et s’étoffant d’année en année. Concernant la seconde école, la municipalité, à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre – grâce à une équipe d’architectes et d’ingénieurs intégrée aux services de la Ville – souhaitait pousser le curseur plus loin que les objectifs de développement durable pour aller vers une architecture dite « régénérative ». Cette notion fait référence à un acte de construire qui ne serait pas seulement neutre ou positif vis-à-vis de l’ensemble de l’énergie nécessaire à la production et à la consommation du bâtiment, qui ne s’intégrerait pas seulement à un cycle écosystémique complet, mais qui serait en harmonie avec l’Humain et l’ensemble du Vivant.

Des matériaux sains et locaux
Afin qu’il réponde aux exigences d’une telle architecture, le projet a fait l’objet d’une réflexion méticuleuse à chaque étape et ce malgré un planning serré. « Nous n’avons eu qu’un an d’étude pour un an de chantier, dont neuf mois seulement pour « sortir » le bâtiment », précise Fanny Mathieu, architecte employée par la Mairie pour cette opération, aux côtés d’Emmanuel Pezrès, directeur de la Recherche et de l’Innovation territoriale.
Il est vrai que la construction fait appel à des techniques peu courantes : murs porteurs en paille seule (pour la salle de repos), ventilation naturelle avec récupération de chaleur, cloisons intérieures en briques de terre crue, isolation des toitures en caissons de Métisse (isolant issu du coton recyclé)… Autre exigence de la direction de la Recherche et de l’Innovation territoriale, ces matériaux sains pour l’usager comme pour l’environnement devaient être produits le plus localement possible.

Les tours à vent, nécessaires à la ventilation naturelle, sont habillées de lames de bois colorées façon Mikado, tandis que la toiture est couverte de bardeaux. ©Emmanuel Pezrès

EXTENSION / GROUPE SCOLAIRE

Thème
Écoconstruction

Essences utilisées
Sapin – Douglas – Mélèze

Entreprises bois
Menuiserie David & Fils (02), Apij Bat (93),Méha Construction Bois (94)

Année de livraison
2017

LIEU
Rosny-sous-Bois, Seine-Saint-Denis

Site Internet
rosny93.fr

Le bois au bon endroit
Dans ce contexte, le bois, matériau durable par excellence, avait bien sûr toute sa place : « Nous l’avons utilisé là où il était utile », explique l’architecte. Il est ainsi largement représenté tant en renfort de l’existant que pour la construction neuve (extensions) et le bardage. La structure de l’ancienne halle – poteaux de béton ou de bois et charpente bois – a été conservée et renforcée. Dans le bâtiment neuf, l’ossature en sapin de Bourgogne-Franche-Comté accueille des caissons garnis de paille bio provenant d’un rayon de 80 km. « Nous avons également privilégié une production française pour les faux-plafonds qui sont en fibres de bois compressées liées à la chaux. »

© Emmanuel Pezrès
©Fanny Mathieu

Le bois est utilisé en renfort de la structure existante (ancienne halle de marché) et en structure neuve (extensions). Il est également employé en bardage extérieur (Douglas).

À l’intérieur, le confort est assuré par une isolation en paille et une ventilation naturelle avec récupération de chaleur. ©Emmanuel Pezrès

Habillage bois
À l’extérieur, les clins de bardage sont en Douglas, de section 45/45 mm, posés sur liteau et pare-pluie noir, au rythme d’un plein pour un vide. La couverture à 22,4° est faite de lames de mélèze de section 30/140 mm en pose tuilée. Dans un jeu coloré rappelant le Mikado, le bois a permis ici une interprétation contemporaine des tours à vent, élément essentiel de la ventilation naturelle avec récupération de chaleur. Le bardage de Douglas, choisi pour sa durabilité naturelle, n’est pas traité. Seules les menuiseries en pin sylvestre sont peintes.
Ce projet a permis à l’entreprise Méha Construction Bois, qui a réalisé le chantier, de tester des techniques originales et d’acquérir de nouvelles compétences, comme l’explique son dirigeant, Sébastien Méha : « La pose de caissons isolants en paille était une nouveauté pour nous. Nous nous sommes formés à cette technique que nous proposons désormais à nos clients. » La mise en œuvre d’une couverture de type « tavaillons » était également inédite, tout comme l’habillage des tours à vent. Le résultat confirme que le bois a la qualité de se prêter à tous les volumes.

Maître d’ouvrage et maître d’œuvre : Ville de Rosny-sous-Bois (93)
Surface : 2 300 m2
Coût du projet : 5,8 millions d’euros

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