Moderniser les échanges entre professionnels grâce à la chaîne numérique

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À  l’instar d’autres secteurs industriels, la filière forêt-bois connaît une informatisation croissante, avec des données numériques qui se multiplient. Le programme Chaîne numérique, financé pour partie par France Bois Forêt, vise à optimiser les échanges d’informations de l’amont à l’aval de la filière, le but étant d’améliorer la compétitivité des entreprises.

La réalisation d’un chantier forestier nécessite aujourd’hui un nombre important d’informations touchant à des domaines variés : identités des parties prenantes, informations techniques sur les caractéristiques du chantier, sur sa localisation, risques identifiés… La saisie et le partage de ces informations représentent un coût et sont parfois sources d’erreurs.
Or les progrès réalisés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) permettent d’augmenter les vitesses d’échanges et de calculs, et d’accroître les volumes de stockage de cette info. Pour optimiser ces évolutions, les professionnels de la filière forêt-bois ont modernisé leurs outils informatiques par le biais de projets régionaux, tels que la plateforme ForetData (lire l’encadré page 39) et le système ExploTIC (Exploitation des techniques de l’information et de la communication), ou nationaux, comme la plateforme Emobois financée par France Bois Forêt (lire La lettre B n° 25).

L’ensemble des informations collectées viendra alimenter un observatoire de l’activité
forestière, d’abord sur le massif des Landes de Gascogne, puis sur l’ensemble du territoire.

Du régional au national :

Afin d’assurer la cohérence de ces différentes démarches et de mettre en commun les bonnes pratiques, plusieurs partenaires* de la région Nouvelle-Aquitaine, motrice sur ces questions, ont décidé de porter ensemble un projet collectif. Le programme Chaîne numérique a pour objectif d’optimiser les échanges d’informations en amont, pendant et en aval d’un chantier, en favorisant les interactions entre les entreprises. Un gain de productivité de l’ensemble de la filière est attendu car ce projet va permettre de faciliter la saisie des différentes données de production par l’opérateur ainsi que leur transmission, de fluidifier le flux d’informations, de supprimer les saisies multiples et de limiter les saisies manuelles. Enfin, l’ensemble des informations collectées pourra venir alimenter un observatoire de l’activité forestière, d’abord dans le massif des Landes de Gascogne, puis dans l’ensemble du territoire. Si la Nouvelle-Aquitaine a été retenue comme région pilote, une extension nationale du programme est prévue in fine.

Trois grands pôles

Lancé fin 2017, le programme est coordonné par le Comité de développement forêt-bois Aquitaine (Codefa) et se décline selon trois grands axes d’actions. Le premier porte sur les échanges d’informations et sur la gestion administrative des chantiers. Il s’appuie sur les travaux réalisés dans le cadre de la plateforme ForetData, mise en place suite à la tempête Klaus de 2009. « Avec le programme Chaîne numérique, il s’agit d’élargir les fonctionnalités de Foretdata et d’étendre son territoire d’action », explique Stéphane Latour, coordonnateur du programme Codefa.

Le deuxième axe concerne l’échange des données de production entre opérateurs et donneurs d’ordres. Ici, l’objectif est d’utiliser les potentialités des machines d’exploitation forestière qui stockent une grande quantité d’informations jusqu’ici peu utilisées. « En reliant les logiciels de ces machines aux systèmes informatiques des entreprises, celles-ci pourront anticiper les paramétrages de leur process industriel, affirme Stéphane Latour. À l’inverse, en faisant remonter les données de production à la parcelle, on améliore la gestion forestière. » Tous les intervenants gagnent ainsi en réactivité et en productivité. À noter que le projet bénéficie de l’antériorité des travaux menés par l’institut technologique FCBA dans le cadre du logiciel ExploTIC.

Enfin, le troisième pôle du programme s’intéresse à la gestion des flux de données entre fournisseurs, transporteurs et clients. Il vise à développer des connecteurs entre les entreprises pour réduire les coûts de main-d’œuvre, fiabiliser et régulariser les données échangées, standardiser les échanges. « Cet axe de travail s’appuie notamment sur l’expérience de la plateforme nationale Emobois, l’objectif étant de rendre compatibles les différents systèmes actuellement utilisés pour optimiser les échanges », précise Stéphane Latour. Ce troisième volet nécessitant une analyse approfondie de tous les systèmes existants, il se développera en fin de programme.

Gip Atgeri

Des chantiers mieux gérés avec ForetData

Disposer d’un état des lieux précis des dégâts causés sur la forêt par la tempête Klaus pour décider des mesures à adopter pour reboiser, tel était l’objectif central du projet ForetData lors de sa mise en place en 2009. Confié au Gip Atgeri (Groupement d’intérêt public Aménagement du territoire et Gestion des risques), ce projet a permis de recueillir un grand nombre de données (suivi des travaux de nettoyage et de reboisement, localisation des jeunes plants de peuplement, suivi des parcelles ayant bénéficié de subventions…). Ces données ont ensuite été communiquées aux professionnels de la filière. « Les entreprises ont pris conscience de l’intérêt de partager de l’information dans un cadre structuré, déclare Pierre Macé, directeur du Gip. Elles ont ainsi gagné en réactivité et ont pu disposer d’une vision précise des travaux à réaliser. » Forts de ce succès, les partenaires ont décidé de poursuivre l’expérience en 2015, en allant plus loin dans la recherche d’optimisation de la logistique.

Avec le programme Chaîne numérique dont il constitue l’une des « briques », ForetData voit ses fonctionnalités élargies. « Il s’agit par exemple de simplifier les démarches administratives par la production automatique des différents formulaires relatifs à l’ouverture d’un chantier, documents transmis directement aux structures concernées », explique Julia Morin, responsable du projet au sein du Gip. Un service « cartographie » permettra également de visualiser sur le web toutes les informations concernant un chantier : coordonnées IGN, photos aériennes, relevés de pistes incendies…
En complétant les bases de données existantes, le champ d’actions de Foretdata est, par ailleurs, augmenté. Ainsi, un annuaire des entreprises adhérentes du projet sera mis à la disposition de l’ensemble des partenaires et automatiquement actualisé.

Le système ExploTIC, les plateformes Emobois et ForetData ainsi que le programme Chaîne numérique sont des projets de R&D qui ont été labellisés par le Pôle de Compétitivité Xylofutur respectivement en 2006, 2009, 2013 et 2017.

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