France Bois forêt a fêté ses 20 ans le 4 février dernier. L’occasion de faire un état des lieux des progrès de la filière grâce à la vidéo ci-dessus, et de la prospective grâce aux interventions du sociologue Arnaud Zegierman et du politologue François Gemenne. Le tout devant un auditoire de 150 personnes, réunies pour l’occasion à l’Astrolab du Musée national de la Marine.
Après une introduction d’Anne Duisabeau, présidente de France Bois Forêt, et quelques mots en vidéo d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, qui n’a pu faire le déplacement, la soirée du 4 février s’est poursuivie par la projection du film-anniversaire retraçant les 20 premières années de l’interprofession : entre une surface forestière en nette progression en France, un marché de l’emploi toujours plus dynamique et un usage en hausse du bois construction, les réussites ne manquent pas.
Puis c’est devant une salle attentive qu’Arnaud Zegierman, sociologue et directeur associé de l’Institut Viavoice, s’est avancé pour une intervention de 50 minutes, démontant bon nombre d’idées reçues sur la jeunesse et plus globalement la population française. Les bouleversements sociétaux et l’évolution de la perception du travail ont aussi été longuement abordés, soulignant que la transition écologique, aussi importante soit-elle, n’est pas le seul sujet à l’ordre du jour pour les entreprises : des efforts de pédagogie devront être fournis pour renforcer l’attractivité des métiers et développer l’acceptabilité sociétale des actions de la filière.
Prenant la suite de M. Zegierman, François Gemene, politologue spécialiste des questions géopolitiques, environnementales et des migrations liées au climat, a pris la parole. Au centre de son intervention :
- Le changement climatique et les mégafeux qui en résultent, dans des zones peu ou pas habituées à ce type d’événement « nous ont fait prendre conscience que nous étions mal préparés aux risques climatiques, que nous pensions plus lointains. En France, nous avons la chance de pouvoir compter sur les professionnels de la filière pour assurer un bon entretien des forêts pour limiter le risque d’incendie, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres régions du monde.«
- La forêt est au centre de la stratégie de décarbonation française : sans la forêt, il ne sera pas possible d’atteindre la neutralité carbone avant 2050. « Réduire nos émissions ne suffira pas, il va falloir augmenter le stockage forestier.«
- Les effets positifs de cette politique « ne seront pas visibles à court termes, mais il ne faut pas baisser les bras : quand les températures baisseront pour les enfants de nos enfants, ils nous en remercieront.«
- Le changement climatique est trop rapide pour la nature, qui n’a pas le temps de s’adapter. C’est pourquoi l’intervention de l’Homme est nécessaire, notamment en procédant à des migrations d’essences du sud vers le nord.
- L’objectif de planter 1 million d’arbres d’ici à 2030 est réaliste, avec l’aide des pouvoirs publics.
- La persévérance et la constance sont vitales pour que la filière puisse jouer son rôle dans la lutte contre le changement climatique.
La fin de la soirée approchant, Anne Duisabeau, président de France Bois Forêt, a remercié les participants et rappelé le dynamisme de la filière, dont la valeur ajoutée a augmenté de 4,5 milliards d’euros en 6 ans, et créé 44 600 ETP dans le même laps de temps, avant d’évoquer les défis à venir :
- Adapter les pratiques au changement climatique, aussi bien au niveau de l’évolution des métiers que dans les stratégies de reboisement.
- Obtenir la sanctuarisation du soutien des pouvoirs publics, à hauteur de 150 millions d’euros, pour atteindre notamment l’objectif fixé par le président de la République Emmanuel Macron de renouveler 10% de la forêt française et de planter 1 million d’arbres d’ici à 2032.
- Continuer d’agir sur les 2 leviers les plus contributeurs pour le stockage du carbone : la forêt et les produits bois, notamment en développant l’usage du bois construction, domaine dans lequel la France accuse un sérieux retard par rapport à nos voisins Allemands et Autrichiens par exemple.
- Dans ce cadre, maintenir les seuils 2028 et 2031 de la RE2020 et extension du spectre de la RE2020 à d’autres typologies de bâtiments.
« C’est une première dans l’Histoire, la forêt a été rattachée au ministère de la Transition écologique. Cela montre bien l’importance de la forêt dans la lutte contre le réchauffement climatique. Vous êtes au cœur de ce défi. Si nous n’agissons pas avec force, les forêts sont amenées à perdre leur rôle environnemental, social et économique. C’est pourquoi nous devons soutenir la recherche en matière de gestion forestière et en diversification des essences. Nous avons mis en place des dispositifs spécifiques […] sur le renforcement de la compétitivité de la filière, la modernisation des outils de productions, la plantation… Je souhaite que nous maintenions les objectifs de la RE2020. Alors soyez assurés que nous continuerons à travailler ensemble comme par le passé.«