Il semble possible de mieux valoriser les services écosystémiques rendus par la forêt. Au-delà des enjeux d’une meilleure caractérisation chiffrée de ceux-ci, une sensibilisation des propriétaires et professionnels est nécessaire.
La forêt rend maints services à la société. Elle fournit des biens ligneux et non ligneux (plantes, fruits, substances, molécules…), régule la température et le microclimat local, la qualité et la disponibilité de l’eau, stocke le carbone et atténue le changement climatique, protège contre les aléas naturels, forme et stabilise les sols. En plus des biens produits et de ces services de régulation, elle est le lieu d’activités récréatives et de bien-être, de soutien aux activités de recherches scientifiques et éducatives, de chasses… Elle a aussi valeur de patrimoine naturel labellisé ou non. Le modèle économique de la gestion forestière peut-il s’adapter afin de mieux considérer ces services dans les outils de soutien au renouvellement forestier et les politiques forestières territoriales ? C’est l’objet d’un programme de recherche lancé, en 2022, par la Fédération nationale des Communes forestières (FNCOFOR), Fransylva (Fédération des syndicats de forestiers privés de France), les Experts forestiers de France et France Bois Forêt.
Contrat de réciprocité forestier
Dans ce cadre, plusieurs séries d’actions ont été initiées auprès des communes forestières. En Auvergne-Rhône-Alpes, les Communes forestières ont participé à la rédaction d’une stratégie pour la reconnaissance et la valorisation des services socio-environnementaux rendus par la forêt. Ce document reste unique en France. En région, elles ont aussi piloté la conception d’un atlas opérationnel des services socio-environnementaux. En Occitanie, la conclusion d’un premier contrat de réciprocité forestier entre Montpellier Méditerranée Métropole et la Communauté de communes des Monts de Lacaune et de la montagne du Haut-Languedoc a permis d’identifier plusieurs leviers en matière de coopération urbain/rural, autour de la filière forêt-bois, notamment la commande publique et la notion de compensation fléchée. C’est dans ce dernier cadre que s’inscrit l’expérimentation de Sylv’Acctes.
177 300 € de recette pour les visites d’une forêt
Cet outil apporte des solutions de financement de la gestion durable des espaces forestiers ruraux. Il facilite aussi la mise en place d’enveloppes financières liées aux besoins de compensation. Cet essai a été réalisé sur deux ans en partenariat avec l’Urcofor3 Occitanie et l’association des Parcs naturels régionaux (PNR). Des projets sylvicoles territoriaux ont été mis en place dans cinq PNR, des financements trouvés, de premiers travaux réalisés
et les documents de communication finalisés. En Normandie, il s’agissait de sensibiliser les élus aux services écosystémiques en évaluant la valeur récréative d’une forêt publique de Seine-Maritime.
Résultat : la propension à payer pour profiter d’une forêt est estimée à 3,25 € par usager. Ce qui représente une aménité récréative totale annuelle de 177 300 €. En Bourgogne-Franche-Comté, les Communes forestières ont organisé, en partenariat avec l’ONF, treize réunions de sensibilisation, auxquelles ont participé 520 élus. L’Uracofor (Union régionale de Bourgogne-Franche-Comté) et l’Office national des forêts (ONF) ont aussi installé un groupe de travail sur le stockage du carbone en forêt pour recenser et évaluer les outils existants afin d’envisager des expérimentations locales.
Éditions de guides d’évaluation et PSE
En complément de ces approches territoriales, un guide sur les méthodes d’évaluation économique mobilisables a aussi été édité à destination des experts forestiers, fonciers et agricoles. Il est complété par une note sur les limites de chaque type d’évaluation. Les adhérents de Fransylva ont reçu une synthèse informative sur le paiement des services environnementaux (PSE). Ce rapport fait le point sur les référentiels de classification de la biodiversité, des outils de son évaluation (pour l’obtention des « scores biodiversité »), des initiatives existantes et d’études de cas sur les PSE emblématiques.
En savoir plus : Évaluation des écosystèmes et services écosystémiques