Depuis octobre 2023 Fransylva publie un bulletin de veille semestriel sur un mode de financement du renouvellement forestier appelé à se développer fortement : la finance carbone.
L’ambition est grande : pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l’Union européenne devra, en plus de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, éliminer des masses considérables de carbone par stockage et séquestration dans le sol, la mer ou grâce aux écosystèmes. « Une part significative de ce CO2 sera naturellement capté par les forêts et le bois », note Éric Toppan, adjoint au directeur général de Fransylva.
Opportunités à saisir
« En Europe, des opérateurs économiques cherchent désormais à investir dans des projets carbone, pour tendre vers la neutralité ou par obligation. Nous leur expliquons que les forêts et le bois rendent ce service en plus d’autres services environnementaux et sociétaux et de la fourniture de bois », poursuit l’adjoint au directeur général. « Dans ce contexte, de nombreux acteurs du secteur privé ou public créent des marchés du carbone volontaires où interviennent financiers, industriels et forestiers. Pour les forestiers français, il y a là un marché qui peut proposer des financements de travaux de boisement, reboisement et amélioration. »
Complexe, technique, le sujet reste mal connu. Il est pourtant capital. Pour cette raison, Fransylva réalise, depuis octobre 2023, avec le soutien de France Bois Forêt (FBF), un Bulletin semestriel de veille stratégique carbone. Diffusé aux membres de FBF, il propose une mercuriale des prix du carbone, résume le positionnement des entreprises devant décarboner, assure une veille réglementaire et fait le point sur les étapes de la construction du marché volontaire communautaire européen. Il publie des études économiques et annonce les évolutions du Label bas-carbone, seul système officiel tricolore de certification de projets de réduction et de séquestration des émissions carbonées.
Fort développement annoncé
Embryonnaires en France, ces marchés sont appelés à se développer fortement. « Déjà une partie des compagnies aériennes opérant en France et les exploitants des deux dernières centrales au charbon ont l’obligation de compenser leurs émissions. Pour 2024, leur demande de compensation est évaluée à 1,4 million de tonnes de CO2. D’autre part, un nombre croissant d’acteurs financent volontairement des projets, tendance qui s’accentuera significativement dans les prochaines années », rappelle Éric Toppan.
En développant des projets labellisés bas-carbone de boisement et de reboisement, les propriétaires forestiers peuvent générer des crédits carbone certifiés et les vendre à ces acteurs économiques. « Cela représente un complément de revenu bienvenu », poursuit-il. Publiée en juillet 2023, la stratégie forestière nationale prévoit de replanter 10 % des massifs. Pour ce faire, les propriétaires devront investir 10 milliards d’euros en dix ans. Bien conduite, la finance carbone pourrait contribuer au règlement d’une partie de cette facture.