Édito de la lettre B n°41 - avril 2022

Signature de l’accord « Chêne » par (de gauche à droite) Jean-Michel Servant, président de l’Interprofession nationale France Bois Forêt, et Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, le 17 février 2022.

LE MOT DU PRÉSIDENT

PARIS, le 07.04.22

Chers lecteurs, chers collègues,

L’actualité de notre filière forêt-bois est particulièrement fournie en ce début d’année. L’actualité tout court l’est encore plus et l’occulte largement. Depuis la fin février, la guerre en Ukraine nous bouleverse : le drame humain, d’abord, nous révolte et questionne les moyens de notre solidarité ; ensuite, les répercussions économiques et stratégiques nous rappellent de façon concrète la nécessité de reconquérir notre souveraineté industrielle et notre indépendance énergétique.
Nous sommes entrés dans le temps des crises. La crise sanitaire de la Covid et la désorganisation des flux commerciaux internationaux n’est pas terminée. Le rapport du GIEC sorti la semaine dernière nous rappelle l’urgence à agir face au dérèglement climatique, tout en reconnaissant le rôle de levier essentiel de la forêt et du bois face à ces défis.
Nous tous, opérateurs de la filière forêt-bois, savons que nous devrons continuer pour des années à atténuer les effets climatiques par les usages du bois – matériau renouvelable – et à adapter nos forêts à ces effets. Ce numéro valorise les actions que nous menons grâce à la Contribution interprofessionnelle obligatoire dans ce domaine.

Ces derniers mois ont permis des avancées importantes, voire inédites, pour notre filière :

  • Le 2 février, les présidents des deux interprofessions nationales, France Bois Forêt et France Bois Industries Entreprises, ont présenté – avec la filière collectivement mobilisée – le manifeste de la filière forêt-bois, sous la forme de 23 propositions pour développer la filière nationale, contribuer à la décarbonation de l’économie et renforcer la souveraineté du pays. Ce manifeste (téléchargeable sur franceboisforet.fr) a été soumis aux équipes de campagne en cette année d’élections nationales. Je vous encourage vivement à le lire. Il s’organise autour de 4 axes stratégiques qui seront notre compas pour les cinq années à venir :

  1. Développer tous les usages du bois et les capacités industrielles françaises pour répondre à la hausse de la demande.
  2. Adapter les forêts sur le long terme pour conserver la biodiversité
    et préserver la multifonctionnalité des peuplements forestiers.
  3. Renforcer l’attractivité des métiers de la filière et développer les compétences pour pourvoir les emplois d’aujourd’hui et de demain.
  4. Rapprocher les citoyens de la forêt et de la filière forêt-bois.

  • Le 17 février, après des mois de tensions sur les approvisionnements en chêne de nos scieries, nous avons signé un accord de filière « chêne »par lequel les neuf signataires (État, FBF, ONF, FNCOFOR, Fransylva, UCFF, EFF, CNPF, FNB) s’engagent, entre autres, à développer énergiquement la contractualisation de bois d’œuvre et à recourir au Label UE comme réponse opérationnelle de court terme. Il s’agit in fine de renforcer la valorisation de cette essence sur notre territoire au bénéfice de tous ; c’est cela « faire filière ». La mise en œuvre de cet accord inédit passe par un plan d’actions concrètes qui sera suivi dans le temps.

  • Le 8 mars, dans le cadre des échanges autour des Assises nationales du bois et de la forêt, nous avons publié une déclaration commune, à l’initiative de France Bois Forêt, condamnant le vandalisme et les agressions à l’encontre des travailleurs en forêt. Cette déclaration a été signée par une cinquantaine d’élus et représentants des participants des Assises, y compris au-delà de notre filière. Le même jour, quatre ONG environnementales (FNE, Humanité et Biodiversité, RNF et WWF) ont publié une déclaration similaire condamnant sans ambiguïté ces exactions malheureusement de moins en moins rares, et qui sont le fait d’acteurs minoritaires et radicalisés.

  • Enfin, le 16 mars, les ministres de l’Agriculture, de la Biodiversité, du Logement et de l’Industrie ont présenté les conclusions des Assises nationales de la forêt et du bois, résultat d’un travail intense démarré en octobre 2021. Celles-ci débouchent sur une vision partagée, inscrite dans une stratégie de long terme et avec des moyens concrets en regard des objectifs, notamment : la résilience de la forêt (avec de 1,1 à 1,4 milliard d’euros alloués au renouvellement forestier d’ici à 2030 – du jamais vu), le renforcement de la compétitivité de nos unités de transformation (400 millions d’euros prévus au titre du programme France 2030, ainsi que l’ouverture de la cogénération biomasse aux scieries avec 200 millions d’euros via l’Ademe – on l’attendait depuis plus de 10 ans). Ce résultat conforte largement la stratégie affichée de notre filière. Autre fait majeur : nous nous sommes rapprochés des six ONG environnementales représentatives (FNE, Humanité et Biodiversité, LPO, RNF, comité français de l’UICN, WWF) et nous sommes engagés à mettre en place avec elles une concertation régulière dans le cadre d’un dialogue apaisé et constructif au service de la transition écologique. Vous retrouverez le détail de ces nombreuses annonces dans le dossier de presse officiel joint à ce numéro, ainsi que notre communiqué.

Toutes ces avancées déterminantes ont été permises parce que nous avons su travailler ensemble « en filière » à construire des positions communes et à montrer notre maturité en acceptant le dialogue sur tous les sujets. Bien sûr, il s’agit maintenant d’en concrétiser la mise en œuvre et, surtout, de tenir bon dans la durée.
Dans le monde incertain où nous évoluons, nous devons continuer à resserrer les rangs et à porter unis notre combat contre le changement climatique, par la gestion forestière et la transformation du bois, au service des générations actuelles et futures.

Bonne lecture

Jean-Michel SERVANT
Président de FRANCE BOIS FORÊT