Pin maritime : l’extraction des petits souches au service d’un reboisement équilibré

Posted Posted in La Lettre B

Financé par la section spécialisée pin maritime (SSPM) de France Bois Forêt, le programme P.E.P.S.I., piloté par Alliance Forêts Bois en collaboration avec Smurfit Kappa sur le massif forestier des Landes de Gascogne, vise à tester une nouvelle machine d’extraction, le Stump Puller de Savannah. Objectif : valider le potentiel de cet outil sur les souches de petite taille et développer la chaîne de mobilisation associée.

Remorqué par un tracteur de 300 CV (a minima), l’engin (Stump Puller de Savannah) vient extraire les souches de la parcelle avant la phase de reboisement. Photos : Smurfit Kappa Comptoir du Pin

« L’extraction de souches est devenue aujourd’hui une pratique courante dans le cadre du reboisement. Loin d’être atypique, elle fait partie du schéma classique du pin maritime sur les Landes de Gascogne », souligne en préambule Arnaud Villette, directeur technique de Smurfit Kappa Comptoir du Pin, société forestière en charge de l’approvisionnement de la papeterie de Biganos1. Or les deux grosses tempêtes de 1999 et 2009 ont fortement impacté le Sud-Ouest, notamment ce massif forestier. Pas loin de 50 % des surfaces ont été touchées, et une part conséquente des gros arbres a été détruite. Ce qui a créé un déséquilibre entre petits et grands arbres. « Nous avons beaucoup de peuplements jeunes. La tendance actuelle est au rééquilibrage des classes d’âge dans la propriété pour redonner toute sa pérennité au massif. Les propriétaires mettent en coupe une partie de ces peuplements et reboisent ensuite les parcelles. Il faut diversifier les sites de production et lisser les classes d’âge. Forcément, les souches sont plus petites que celles que nous travaillions historiquement. »

Faisabilité technique démontrée

Dans ce contexte, le système traditionnel avec pelle et extracteur n’est pas performant. Que la souche soit grosse ou petite, la quantité de travail reste identique.
Au final ? Peu de matière extraite, qui plus est, difficile à rentabiliser. D’où l’intérêt du Programme d’extraction des petites souches innovant, ou P.E.P.S.I., financé par France Bois Forêt. Il s’agit de tester, dans différentes configurations, le Stump Puller de Savannah, nouvelle machine née aux États-Unis servant à extraire les petites souches. « Disposer d’un tel outil, c’est l’assurance d’élargir et de faciliter l’offre de reboisement, notamment pour des parcelles sur lesquelles nous étions dans des impasses en termes de solutions techniques cohérentes et rentables. » La phase opérationnelle soutenue par ce programme est achevée, et la faisabilité technique démontrée. « Il n’est pas uniquement question de performances en termes de productivité, il faut s’assurer également que la ressource est au rendez-vous et que la solution est pérenne dans le temps », indique Arnaud Villette. Ainsi, la coopérative Alliance Forêts Bois, gros gestionnaire dans le Sud-Ouest de la France, et d’autres propriétaires privés s’efforcent d’expertiser le nombre d’hectares susceptibles d’être concernés par ce système.

L’action par pincement des deux roues dentées installées sur le châssis, combinée au déplacement du tracteur, permet d’extraire les souches.
La partie souterraine de l’arbre, la souche, est utilisée pour créer de la biomasse énergie, donc à la fois de l’électricité verte et de la vapeur pour le process industriel.
    • Produire une énergie renouvelable à partir de biomasse

      Un argument de plus pour justifier l’investissement dans un tel équipement et pouvoir passer au stade de mise en production. D’autant que les souches forestières sont des gisements de biomasse ligneuse incontournables dans les politiques de transition énergétique. Pour exemple, la chaudière du groupe Dalkia, installée sur le site de la papeterie Smurfit Kappa Cellulose du Pin à Biganos, consomme environ 500 000  t de biomasse tous les ans, dont 200 000 provenant de la forêt. Ce qui permet au site sa quasi-autonomie énergétique. En effet, les industriels et forestiers du massif travaillent en partenariat depuis une vingtaine d’années, « pour produire une énergie renouvelable à partir de biomasse, et ont développé des filières pour mobiliser du bois-énergie et le transformer ensuite en vapeur et en électricité verte. À l’heure actuelle, les deux tiers de biomasse forestière externe sont issus de souches. Avec ce nouvel outil, nous pourrions mobiliser d’autres parcelles et stabiliser cette proportion », souligne Arnaud Villette. Le projet P.E.P.S.I. s’intègre donc aussi au contexte actuel de changement climatique, d’autant qu’il va continuer à alimenter les centrales en biomasse, comme celle gérée par Dalkia (filiale d’EDF).

      1 SKCDP mobilise 2 000 000 t de bois par an, approvisionne la papeterie Smurfit Kappa Cellulose du Pin, fournit du bois-énergie à la centrale biomasse opérée par Dalkia et du bois d’œuvre aux scieries du massif.

      Pour en savoir plus :

Partager l'article sur vos réseaux sociaux :