Étude Resofop : quels critères motivent les propriétaires à gérer leurs forêts pour produire du bois ?

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Le CNPF et Fransylva ont voulu connaître les critères qui incitent les propriétaires de parcelles à couper et commercialiser leur bois. Financée par France Bois Forêt, l’étude Resofop livre ses premiers enseignements.

Martelage en forêt privée en vue d’une vente dans le massif de la Chartreuse (massif montagneux des Préalpes, Isère et Savoie) culminant à 2 082 m. Photo : Étienne Beraud/CNPF

Malgré le fort potentiel de ressource mobilisable, surtout en forêt privée, la gestion forestière et la récolte diffèrent selon les profils des propriétaires forestiers. Certains propriétaires gèrent et récoltent régulièrement du bois, d’autres refusent ou ne prévoient pas d’en couper. Se pose la question de l’identification des obstacles à la mise en gestion et à la mobilisation de bois. Ces obstacles sont déterminés « par la posture des propriétaires forestiers et sont liés à leurs préférences et caractéristiques individuelles sociodémographiques . Autres facteurs de résistance : les contraintes biophysiques de leur propriété, indiquent les rédacteurs de l’étude, ainsi que les opportunités ou les freins dans la filière forêt-bois et ses marchés ». L’engouement commercial pour le bois-construction et le bois-énergie peut inciter à vendre des grumes par exemple. Tandis que beaucoup de petits propriétaires ne s’occupent pas de leur massif, certains souhaitant le maintenir tel quel.

Cependant, « aujourd’hui, dans un massif donné, ce qui motive un propriétaire à couper ou pas son bois n’est pas aisé à comprendre. Entrent sûrement en ligne de compte des critères économiques, écologiques, sociétaux, mais comment sont-ils arbitrés ? », souligne Éric Toppan, adjoint au directeur général de Fransylva.

Pour tenter de saisir les raisons de ces positionnements, le CNPF a mené l’enquête sur le terrain. En se basant sur les fichiers d’occupation du territoire réalisés par l’IGN6, 2 497 propriétaires forestiers ont été questionnés par le Credoc7 sur leurs motivations : 601 dans l’Ain, 615 en Dordogne, 535 en Méditerranée et 746 en Sarthe et Orne. 70 % des propriétaires interrogés possèdent de petites surfaces (moins de 1 ha). La surface moyenne des parcelles échantillonnées dans cette étude est de 1,75 ha.

Sortie de grumes à proximité d’un sentier de randonnée dans les Alpes-de-Haute-Provence (04). Photo : Stéphane Nalin/CNPF

Qui coupe et pourquoi ?

L’étude Resofop montre une grande diversité de comportements des propriétaires vis-à-vis de leur forêt. D’une façon générale, on coupe plus volontiers dans les départements de la Sarthe et de l’Orne que dans les départements méditerranéens de l’Aude ou des Pyrénées-Orientales.

Pour autant, les gestionnaires les plus dynamiques ne sont pas les plus nombreux : seulement 31 % des personnes interrogées déclarent avoir réalisé une coupe au cours des cinq dernières années. Plus de 60 % d’entre elles utilisent le bois pour leur usage personnel. « La part des coupes à destination commerciale est inférieure à 10 % », constate notre interlocuteur.

À l’inverse, pourquoi ne pas récolter son bois ? Parmi les nombreuses raisons avancées par les sondés, citons la difficulté d’accéder à la parcelle, la jeunesse des arbres (dans 35 % des réponses), le manque de rentabilité d’une récolte, la défense du paysage ou la crainte de modifier la biodiversité existante.

Éclaircissement d’une parcelle d’arbres en majorité jeunes et récolte de bois de chauffage dans le Vaucluse (84). Photo : Bernard Petit/CNPF

Un lien entre les coupes passées et futures…

… augure-t-il d’un avenir avec moins de bois disponible ? La question mérite d’être posée. Car le nombre de propriétaires envisageant une coupe dans les cinq ans est inférieur (25 %) à celui des forestiers ayant réalisé une coupe ces dernières années. « Incontestablement, il existe un lien statistique entre la coupe passée et la coupe future. » Pour autant, peu de ces propriétaires dynamiques envisagent de vendre leur bois. La plupart des récoltes serviront à satisfaire des besoins individuels (chauffage ou bois d’œuvre), à éclaircir des parcelles ou à régénérer les bois.

En revanche, plus la surface du massif est grande, plus la dynamique de coupe y est forte ; il semble donc y avoir une relation entre la taille des massifs et la propension des propriétaires à les exploiter.

L’altitude joue aussi un rôle et la difficulté d’accès peut limiter les coupes. En complément, la structure forestière y est modifiée et des conifères prédominent, essences plus recherchées sur le marché.  Autre variable, la proximité de la ressource : il est à noter, pour conclure à cette étape d’interprétation des résultats de l’étude, que les propriétaires résidant près de leurs parcelles ont plus facilement tendance à récolter du bois que les autres.

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