Le bois comme alternative au granit

Posted Posted in La Lettre B

Lauréat de la catégorie Maison individuelle du PNCB, le cabinet LCD’O a réussi l’exploit d’implanter, sur une ancienne ruine granitique, une maison toute de bois vêtue. Une démarche architecturale, écologique et énergétique.

La maison habillée d’un bardage à claire-voie et d’une toiture en Douglas a été dressée sur les traces d’une maison en ruine et repose sur son socle de granit et de béton. Photos : Louise Priam, Jean-Marc Priam

En matière de bâtiment, l’écologie n’est pas qu’une histoire de matériaux. Elle est d’abord une histoire de consommation d’espace. Pour la plupart des propriétaires, une nouvelle construction doit se faire sur un terrain vierge. Ce qui accroît la consommation d’espaces naturels ou agricoles et accentue le mitage des paysages.
Les architectes du cabinet LCD’O ont évité cet écueil. Mandatés pour concevoir un chalet à l’extérieur de Fontans, en Lozère, Jean-Marc Priam et son équipe ont persuadé leur client de changer son fusil d’épaule et d’investir le site où s’élevait l’ancien foyer familial, situé au cœur du village du massif de la Margeride, pour y élever sa nouvelle maison villageoise.

La construction prend place dans la continuité des maisons de village par sa forme et son volume, mais s’en différencie harmonieusement par son bardage de même nature, très ouvert, en mur et en toiture.

Conçue pour un climat rude
Une maison qui allait devoir composer avec un environnement exigeant. Planté à 1 035 m d’altitude, le village de Lozère est exposé à un climat de montagne, où les journées froides, voire très froides, les épisodes de canicule et les pluies torrentielles ne sont pas rares. Située à proximité de l’église Saint-Pierre, classée au titre des monuments historiques, la « maison sur la ruine » ne pouvait plus être habillée de matériaux jurant avec le granit des confins du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère.
La bâtisse reprend les archétypes de l’écriture architecturale locale : volume et géométrie simples et compacts, toiture à deux versants à fortes pentes. Posée sur un socle granitique et unie à une base en béton partiellement enterrée, elle garde la trace de la demeure paysanne à laquelle elle succède. Tout en renforçant le front bâti existant, les matériaux utilisés jouent le contraste.

La surtoiture en Douglas intègre la maison au site tout en étant conçue pour maintenir le manteau neigeux et ainsi améliorer le confort thermique l’hiver.

Des bois d’Auvergne-Rhône-Alpes
En structure comme en bardage, le Douglas, en provenance du Massif central, remplace le ciment et la pierre, et la maison est enveloppée d’un parement ouvert qui lui confère une légèreté absente des bâtiments traditionnels. Laissé brut, le bois habille l’ensemble de la construction, comme c’est le cas sur le bâti ancien, mais avec la pierre (granit et lauzes de schiste). Selon la lumière du jour, la teinte varie du rose pâle au gris, en totale harmonie avec les pierres des bâtis voisins.
Sur son socle de pierre et de béton gris, la maison est construite en ossature bois de sapin. Les deux niveaux de planchers sont en mélèze (toujours prélevé dans des forêts d’Auvergne-Rhône-Alpes) et la portée qui permet de franchir la longueur de la maison au droit de l’abri voiture au rez-de-chaussée est en lamellé-collé. Constituée de fermes en sapin et de pannes, la charpente traditionnelle est couverte d’un bac acier sur lequel une surtoiture en Douglas a été posée.
Cet habillage favorise l’intégration de la maison au village et maintient aussi le manteau neigeux l’hiver pour améliorer le confort thermique.
À contrario, la structure extérieure limite la surchauffe en été. La toiture-terrasse végétalisée du volume en rez-de-jardin et à contre terrain a été réalisée grâce à des caissons en ossature bois semblables à ceux utilisés pour les murs.
À l’intérieur, planchers, rampants, sols, escaliers et alcôves sont revêtus de panneaux de contreplaqué de bouleau. Quant aux isolants renforcés en laine de bois, ils assurent un confort thermique performant été comme hiver, secondés en saison froide par un poêle à granulés de bois et un appoint électrique.

Le poêle à granulés de bois, de fabrication française lui aussi, chauffe l’ensemble de la maison.
Tout est en place pour assurer le confort thermique en toutes saisons sans compromettre la vue sur le paysage.

MAISON SUR LA RUINE – FINALISTE PNCB 2022 CATÉGORIE MAISON INDIVIDUELLE
Thème : greffe sur socle traditionnel
Zone climatique : océanique chaud sans saison sèche
Essences utilisées : sapin – douglas – mélèze
Entreprises bois : Dessibois (48), charpentier – Meubles Dumas, atelier de Saint-Laurent (48), menuisier – Gerbal (48), autres lots
Année de livraison : 2021
Lieu : Fontans, Lozère
Site Internet maîtrise d’œuvre : lcdo-architectes.fr

INTERVENANTS

Maître d’ouvrage : particuliers
Maître d’œuvre, architecte mandataire : LCD’O, atelier d’architecture Priam & Allart (48)
Entreprises des lots bois : Dessibois (48), charpentier ; Meubles Dumas, atelier de Saint-Laurent (48), menuisier ; Gerbal (48), autres lots
Surfaces : 139 m²
Coût travaux (hors foncier, hors VRD, hors honoraires) : 391,5 k € HT
Coût du lot bois n° 1, charpente, bardage, ossature : 80,6 k€ HT
Coût du lot bois n° 2, menuiseries intérieures et extérieures : 45,7 k€ HT

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