D’une grange, faisons un tiers-lieu

Posted Posted in La Lettre B

Le Parc naturel régional du Gâtinais français a réussi à transformer une ancienne grange en espace de travail partagé ultramoderne. En construction, mobilier et production d’énergie, le bois y prend toute sa place. Ce qui vaut à ce tiers-lieu au cœur d’un territoire comprenant 25 000 ha de forêts d’accéder à la finale nationale du PNCB, catégorie Bâtiment public ou tertiaire.

Faire entrer la modernité dans une grange typique du Gâtinais français, située au cœur de Milly-la-forêt. Voilà comment pourrait être condensé le cahier des charges de la transformation d’une grange située sur la parcelle de la Maison du parc naturel régional du Gâtinais français (PNRGF) en un tiers-lieu. Initié en 2018, le chantier est ambitieux. Conduit par le cabinet d’architectes ABDPA, il vise à transformer « La Bobitaine » (« la fermette où il fait bon vivre », en patois gâtinais) en un espace écologique de travail partagé cerné de forêts.

Réduire l’empreinte climatique des habitants
« Ce nouvel espace répond à un besoin exprimé par les habitants de la ville et des alentours, notamment celui des jeunes actifs », estimait Patrice Sainsard, maire de Milly-la-Forêt lors de l’inauguration de « La Bobitaine », en octobre 2021. « “La Bobitaine“ permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre en limitant les déplacements », complète Jean-Jacques Boussaingault, président du parc naturel régional.
Initialement, le projet prévoit la construction de trois niveaux sur une surface totale de 185 m2. Pour assurer le maximum de confort à ses futurs utilisateurs, l’espace de coworking doit tout à la fois comporter des open spaces, des bureaux fermés, une salle de réunion, une cuisine et un espace collectif.

Modernité, écologie et économie circulaire
Trois impératifs étaient fixés aux constructeurs : une architecture contemporaine ne détonnant pas dans un site rural du sud de l’Essonne, l’emploi de matériaux biosourcés, à l’instar du chanvre francilien et du bois, et l’utilisation de produits issus de la récupération.
La grange et son enveloppe ont été conservées en respectant les caractéristiques traditionnelles de l’architecture gâtinaise. La construction en extension bois a été traitée de façon contemporaine en s’inspirant des éléments caractéristiques de l’architecture vernaculaire, ruche et séchoir notamment.
Les maçonneries hourdées à la terre et enduites à la chaux ont été conservées avec une finition en pierre apparente. Les tableaux du percement créé ont été enduits à la chaux. Les linteaux en bois et les ancres métalliques ont été conservés et restaurés. La couverture en tuiles plates a été conservée, et des châssis de toit ont été positionnés sur le versant sud.

Conservation et création
La porte charretière de la grange a été remplacée par une grande menuiserie vitrée en bois à trois vantaux. Deux ouvertures contemporaines horizontales ont été créées en façade nord et ouest pour assurer un éclairage naturel des intérieurs et des vues vers le jardin de la Maison du PNRGF. Les encadrements des baies sont en bois tout comme l’extension et les menuiseries. Voilà pour la partie conservation.
Créée en façade ouest, l’extension a été conçue pour accueillir une salle de réunion. Cette extension en porte-à-faux présente un volume à toit à double pente au niveau R + 2, suspendu au pignon existant. Elle est constituée d’une ossature bois, d’une toiture de bardeaux de bois, de bardages bois, d’isolants intérieurs en fibres végétales et de menuiseries bois à hautes performances protégées par des stores extérieurs. Une baie horizontale est créée sous l’extension pour éclairer des bureaux individuels.

Remarquable performance énergétique
L’extension en ossature bois apparent utilise de l’épicéa commun prélevé dans des massifs certifiés PEFC de Bourgogne-Franche-Comté. Les parties opaques de l’enveloppe ont été traitées avec un bardage bois de même nature, et une patine de prégrisement naturelle a été appliquée, à l’image de celle utilisée pour la Maison du parc naturel régional. La toiture est en bardeaux de bois de châtaignier néo-aquitain certifiés PEFC. Les bardages extérieurs sont en Douglas huilé, issu des forêts d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Écologie oblige, l’isolation intérieure a été réalisée en béton de chanvre projeté (12 cm) et en laine végétale (chanvre, lin, coton 20 cm). Les doublages sont en panneaux d’épicéa. Le sol est revêtu d’un enduit à base de lin. Au total, le bâtiment affiche un coefficient d’énergie primaire de 70 kWh/m2/an.
Chauffage et rafraîchissement n’ont pas été oubliés. « La Bobitaine » bénéficie d’un système de ventilation naturelle, ce qui évite tout recours à des climatiseurs énergivores durant les heures les plus chaudes. En période fraîche, le site est chauffé par une chaudière alimentée par des plaquettes forestières produites et transformées sur le territoire du parc naturel régional. Les eaux pluviales sont récupérées pour alimenter les sanitaires. Un composteur recueille et transforme en amendement agricole les reliefs de repas.
À l’intérieur, les principes de l’économie circulaire s’appliquent aussi. Les meubles ont été fabriqués par une entreprise d’économie sociale et solidaire à partir de bois issu de la récupération.


LA BOBITAINE, RÉHABILITATION D’UNE GRANGE EN TIERS-LIEU – FINALISTE PNCB 2022 CATÉGORIE BÂTIMENT PUBLIC OU TERTIAIRE

Thème : requalification

Zone climatique : climat océanique

Essences utilisées : épicéa – châtaignier – douglas

Entreprises bois : Girard Ouvrages Bois Godois (45), charpentier – Sorbat 77 (77) et Seve Mobilier (02), menuisiers

Année de livraison : 2021 LIEU : Milly-la-Forêt, Essonne

Site Internet maîtrise d’ouvrage : parc-gatinais-francais.fr


INTERVENANTS

Maître d’ouvrage, État ou collectivité (locale et territoriale) : Parc naturel régional du Gâtinais français (91)
Maître d’œuvre, architecte mandataire : ABDPA (75)
Bureau d’études structure bois : LM Ingénieur (75)
Fournisseurs du bois : Pro Lignum (25), Lignalpes (74), Silverwood-ISB France (35)
Surface : 185 m²
Coût travaux : 554 k€ HT
Coût mobilier : 34,3 k€ HT
Financements : Région Île-de-France, Département de l’Essonne, Fonds Leader européen (soutien des projets de développement rural lancés au niveau local)

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