La construction du nouveau siège social de l’Office national des forêts touche à sa fin. Érigé sur le site de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), le bâtiment, qui met en œuvre des bois issus des forêts gérées durablement par l’ONF, est exemplaire aussi bien sur le plan de la performance énergétique qu’environnementale.
Avec l’inauguration prévue à l’automne 2022, le nouveau siège pourra réunir bientôt les équipes de l’ONF qui, depuis quelques années, travaillent sur deux sites séparés – le bâtiment historique, la tour Saint-Mandé dans le 12e arrondissement de Paris, et un autre immeuble à Montreuil. Un inconvénient dû à la construction du campus Nation de la future université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3. « Cette localisation sur deux sites distants d’une vingtaine de minutes en transport en commun, engendre de nombreuses contraintes organisationnelles et sociales qui ne facilitent pas le travail collectif et nuisent à la productivité des équipes, explique Bertrand Munch, directeur général de l’ONF. Dès 2014, le conseil d’administration de l’ONF et le Conseil de l’immobilier de l’État ont souligné le fait que cette situation ne pouvait être que transitoire tant elle était peu fonctionnelle. » La décision de regrouper les deux équipes dans un nouveau siège construit sur le terrain domanial de l’École nationale vétérinaire a été prise par le conseil d’administration de l’ONF en septembre 2017. Le projet immobilier a fait en outre, en 2018, l’objet d’une labellisation de la Commission nationale de l’immobilier public (CNIP) validant son équation économique générale. « L’opération immobilière est entièrement financée par la vente de la tour Saint-Mandé, précise Bertrand Munch. Cette cession assure à la fois les coûts de construction et les coûts de maintenance du bâtiment sur les douze prochaines années.
L’arbre qui ne cache pas la forêt
L’édifice est composé d’un niveau d’infrastructure béton accueillant un parking et de cinq niveaux de superstructure majoritairement en bois où l’on distingue plusieurs zones. L’entrée du bâtiment est située sous les porte-à-faux des niveaux supérieurs qui se déploient progressivement au-dessus du parvis d’accès.
Plus loin, on découvre la partie centrale du projet, appelée « rue intérieure ». Qualitatif, cet espace de grande hauteur scinde le bâtiment entre les bureaux institutionnels traditionnels donnant sur l’avenue du Général-Leclerc et la Maison ONF, ouverte sur le petit bois de l’École nationale vétérinaire, avec des plateaux en mezzanine et une toiture dite « parasol ». Cette dernière est composée de fermes-treillis et de poutres en bois lamellé-collé assurant le franchissement grande portée, tout en permettant de faire entrer indirectement la lumière naturelle.
Le mimétisme avec la forêt est frappant dans la conception de l’édifice et réalisé grâce aux solutions techniques offertes par la construction bois. « À l’image d’un arbre, un axe vertical développe une série de plateaux qui rayonnent autour de lui, explique l’agence Vincent Lavergne Architecture et Urbanisme. La structure composée de poutres-treillis s’y rattache comme des branches à un tronc, afin de limiter les points porteurs et de générer des espaces ouverts offrant de grandes continuités visuelles. »
Volume de bois de la construction
2,170 m3 de produits finis dont 84 % sont issus de forêts gérées par l’ONF
Une vitrine pour la filière forêt-bois française
Au-delà de la structure, le matériau bois est également décliné de multiples façons au travers du mobilier, de l’habillage des parois, des sols et de la décoration. Ainsi, outre les charpentiers, d’autres métiers de la filière, ébénistes, menuisiers, etc., ont l’occasion de mettre en valeur leurs savoir-faire. Si l’utilisation du bois dans ce projet était une évidence, le maître d’ouvrage tenait également à ce que la matière première provienne des forêts gérées par l’ONF. « Les maîtres d’œuvre avaient toute liberté dans le choix des essences, mais devaient proposer et justifier l’usage d‘essences variées remplissant différentes fonctions comme éléments ou composants de construction selon leurs propriétés intrinsèques reconnues, parmi lesquelles : résistance mécanique, durabilité, aspect, facilité de transformation, disponibilité, souligne Bertrand Munch. Ainsi, les structures porteuses ont été réalisées en épicéa, en pin et en Douglas ; les menuiseries intérieures sont en hêtre ; les menuiseries extérieures – mixtes bois/aluminium – sont en chêne, de même que les parquets et marches d’escaliers ; la banque d’accueil, elle, est en robinier. »
À terme, le bâtiment de 7 600 m2 va accueillir 365 personnes, soit l’ensemble des services de la Direction générale de l’ONF ainsi que ses filiales Énergie, Logistique et Végétis. Moderne et fonctionnel, il intègre des espaces adaptés aux nouveaux usages et modes de fonctionnement : travail collaboratif, réunions à distance, dématérialisation… « Cette démarche doit conduire à une meilleure qualité de vie au travail et à une efficacité accrue des co-équipiers », conclut le directeur général de l’Office national des forêts.
UN BÂTIMENT ÉCORESPONSABLE
Murs à ossature bois, panneaux CLT, poutres en lamellé-collé, la structure bois est réalisée principalement en épicéa et en pin provenant respectivement des forêts du Grand-Est et de l’Ouest. Son montage, débuté mi-mars 2021, a duré six mois. Conçu selon un principe bioclimatique, le nouveau siège de l’ONF est également exemplaire sur le plan de la performance énergétique et environnementale. « Une partie de l’électricité nécessaire au fonctionnement du bâtiment sera fournie par les 600 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur les toits et terrasses, précise l’ONF. Cette production d’énergie,
autoconsommée, permettra de couvrir la totalité des besoins en électricité des éclairages et des ascenseurs. Sans système de climatisation actif, à production d’énergie et à faible empreinte carbone, le siège de l’ONF vise l’obtention du label E+C-1, avec un niveau E3-C2 et le niveau Excellence du label BBCA2. »
1 « Énergie plus, carbone moins ».
2 Bâtiment Bas Carbone.
COMPOSITION DE LA STRUCTURE
- 3 450 m2 de planchers nervurés PNM Mathis (961 m3)
- 732 m3 de structure en bois lamellé-collé
- 82 m3 de bois massif
- 970 m² de murs à ossature bois
- 25 t de connecteurs métalliques
- 87 t de charpente métallique
- Maître d’ouvrage : Office national des forêts (ONF)
- Maîtres d’œuvre : Vincent Lavergne Architecture et Urbanisme ; Atelier WOA
- BET : Egis Concept (Elioth)
- Entreprises : City GC – Hervé (gros œuvre) ; Mathis (charpente bois et métallique)
- Coût : 25 M€