Dégâts de gibiers : une cartographie nationale

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Prendre en compte la pression et les dégâts du grand gibier (cerf, chevreuil, sanglier…) sur les peuplements forestiers, tel est l’objet de ce programme financé par France Bois Forêt, réunissant les propriétaires et gestionnaires de la forêt publique et privée et piloté par Fransylva. Avec, en ligne de mire, la création d’une plateforme nationale de recensement pour fournir une information fiable et cohérente afin d’améliorer l’équilibre forêt/gibier.

Brocard dans une peupleraie de la vallée de la Marne (région Champagne-Ardenne). Photo : Sylvain Gaudin/CNPF

Abroutissement, écorçage, frottis, tels sont les dégâts observés en forêt. Principaux responsables : les grands ongulés et, plus précisément, la famille des cervidés (cerf, chevreuil, chamois, mouflon…). Or ces populations ne cessent de croître malgré des tableaux de chasse revus à la hausse ces deux dernières décennies.
Le programme initié en 20195, financé par France Bois Forêt et mené par Fransylva et ses partenaires6, « visait à identifier et à caractériser les différents outils d’évaluation et de signalement de la pression et des dégâts sur les peuplements forestiers, publics et privés », explique Isabelle Flouret, responsable de projets chez Fransylva. Il s’agissait de développer une procédure qui convienne à tout type de forêt et qui puisse générer des données fiables et communes sur tout le territoire. « En juin 2021, nous avons lancé la première version de la plateforme nationale forêt-gibier, avec l’aide de France Bois Forêt. »

Les traces de dents d’un cerf sur le cambium (écorce intérieure) de ce châtaignier écorcé sont bien visibles.
Photo : Philippe Van Lerberghe/CNPF

Pour une procédure simple…
L’état des lieux effectué a recensé plusieurs méthodes d’évaluation à travers tout le territoire métropolitain :


• des fiches, format papier, fournies aux propriétaires forestiers par les Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF), les syndicats de forestiers privés, etc. 

• des systèmes partagés, tel l’observatoire « Territoires et Gibiers » du GIP ATGeRi, en région Nouvelle-Aquitaine : c’est un outil cartographique (pour les dégâts) et numérique (pour les données de chasse) ;

• des applications smartphone, telle celle de la coopérative forestière de l’Aisne conçue par l’IGN

• Le guide pratique de l’équilibre Forêt-Gibier


Soit des modes de signalement très variés, sans connexion entre eux, avec des retours insuffisants auprès des représentants des forestiers en commission départementale Chasse et une inadéquation entre les attributions de chasse et les dégâts recensés.
Vient ensuite la question de l’interprétation des dégâts qui suppose la définition d’un indicateur d’impact (en trois niveaux), sous forme de code couleur. Mais là encore, les critères et les seuils associés varient d’une région à l’autre. « Par exemple, la Bretagne ne recense que les tiges endommagées non viables, tandis que la Nouvelle-Aquitaine comptabilise toutes les tiges impactées, viables ou non », explicite Isabelle Flouret.

… et une meilleure concertation
Sans oublier l’ex-Irstea qui a mis au point un diagnostic d’avenir des renouvellements, à l’échelle d’une parcelle. « Un protocole assez lourd. Finalement, nous permettons à chaque référent, gestionnaire ou conseiller,
saisissant une estimation de choisir sa méthode de quantification des dégâts et de diagnostic du niveau d’impact, le tout étant de la préciser. Selon la méthode, c’est un pourcentage de dégâts ou de tiges non viables qui doit être saisi, puis un niveau d’impact du grand gibier sur le peuplement : faible incidence, avenir incertain, avenir compromis. Les seuils indicatifs sont ceux du guide breton, mais le référent prend aussi en compte ses observations. Par exemple, les dégâts peuvent être importants, mais avec un impact faible du fait d’une régénération réussie, assez dense et vigoureuse. »
« Nous sommes en ce moment sur une deuxième phase de développement qui permettra une meilleure accessibilité : comptes individuels pour les propriétaires et leur référent, application smartphone. Une troisième phase est prévue pour l’intégration des données de pression à l’échelle des propriétés. L’interprétation de toutes ces infor­mations permettra de réajuster les plans de chasse en fonction de la population de grand gibier et des problèmes constatés. » Un outil cartographique qui devrait favoriser une meilleure concertation des forestiers et des chasseurs.

Frottis sur un sapin Douglas (Auvergne-Rhône-Alpes). Photo : Jean-Pierre Loudes/CNPF

Pour en savoir plus :
• plateforme-nationale-foret-gibier.cartogip.fr
• fransylva.fr
• cnpf.fr
• lescooperativesforestieres.fr
• foret-bois.com/ExpertForestier
• onf.fr
• fncofor.fr
• inrae.fr
• franceboisforet.fr

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