Premier bâtiment tertiaire à énergie positive en autoconsommation photovoltaïque de Guadeloupe, le siège du Parc national est un hymne à la construction bioclimatique en milieu tropical humide. Un projet qui fait la part belle au bois.
Multirécompensée, cette réalisation se distingue à tous les niveaux. Tout d’abord, par son intégration paysagère et le « dialogue » qu’elle instaure avec l’environnement. L’équipe architecte a dessiné une véritable scénographie des lieux : le bâtiment semble posé sur le terrain, sans en brusquer la topographie, ni détourner la course des eaux de surface, ni « déranger » les arbres remarquables. De plain-pied, il est rythmé par de nombreuses ouvertures, lesquelles offrent autant de vues sur l’extérieur. « On y pénètre comme dans un sous-bois, où le bruit de l’eau court entre les roches, où la nature apporte fraîcheur et tranquillité », s’exprimait Périne Huguet, architecte du projet (Atelier 13)2, dans une interview pour Construction 21.
Grâce à un partenariat avec l’Office national des forêts (ONF), le bois issu de la forêt guadeloupéenne joue, ici, une belle partition. Tous les claustras des façades ventilantes des espaces de circulation et de rencontre sont ainsi habillés de bois de diverses essences (gommier blanc, balata, acomat, mapou) : les jeunes troncs sont laissés bruts. La trame qu’ils dessinent laisse entrevoir, à l’intérieur, une lumière tamisée évoquant celle des sous-bois de la forêt insulaire. Ce parement répond à la volonté du maître d’ouvrage d’afficher une dimension locale. Son exemplarité réside également dans sa consommation énergétique et son bilan CO2.
Mis en œuvre en structure, en murs, en charpente et bardage, les résineux proviennent de forêts certifiées du nord de l’Europe, tandis que les bureaux et l’accueil sont en muiracatiara, un bois rouge du Brésil, lui aussi certifié.
Double peau en bois
Le principe retenu est une ventilation naturelle, ici, optimisée, avec un patio central en goulot ouvert aux vents dominants, des masques végétaux, des bureaux systématiquement traversants et pourvus de fenêtres ventilantes à lames. Largement dimensionnées, celles-ci sont équipées de pare-soleil calculés en fonction des orientations. Quant aux espaces de circulation et de rencontre, ils restent en contact direct avec l’extérieur, juste séparés par les claustras. Pour gérer les apports de chaleur extérieure, les façades sont habillées d’une double peau en bois et protégées du rayonnement solaire par des débords de toiture. À noter, 500 m2 d’entre elles sont végétalisés, tout comme les abords et des parkings, avec des plantes directement prélevées sur site. Les toits au-dessus du patio et de la salle de réunion reçoivent, en revanche, un champ photovoltaïque de 36 kW en autoconsommation. Finalement, l’installation d’une climatisation s’est avérée superflue – une performance sous ces latitudes ! Résultat : un bâtiment généreux, au confort optimal.