Chalfrax : une stratégie opérationnelle contre la chalarose du frêne

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Fournir des outils d’aide au diagnostic et à la gestion pour lutter contre la chalarose du frêne, tout en préservant les intérêts collectifs de la filière. C’était l’objectif du programme Chalfrax, piloté par le Centre national de la propriété forestière (CNPF) et financé par France Bois Forêt, les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté.

La mortalité des rameaux et le flétrissement du feuillage en cours de saison de végétation sont des symptômes qui permettent d’identifier de manière fiable la présence du champignon pathogène Chalara fraxinea. Photo : Benjamin Cano

Certaines régions sont plus impactées que d’autres par la chalarose du frêne, maladie fongique provoquée par Chalara fraxinea, un champignon pathogène venu d’Asie. De même, les jeunes arbres meurent très rapidement, contrairement aux individus adultes. Connaître, comprendre, agir et communiquer : c’est le fil conducteur du projet Chalfrax. Le premier axe a consisté à identifier les facteurs pathologiques, épidémio­logiques, de vulnérabilité des peuplements, donc de probabilité d’infection. On sait que la part de frênes sur une parcelle donnée joue un rôle majeur dans la propagation du champignon. De même, le taux d’humidité et les températures influent sur sa vitalité : les étés humides et frais favorisent son développement (concentration de spores plus élevée). À contrario, les épisodes de sécheresse freinent la maladie, d’où une stabilisation des dommages ces dernières années.

1 à 2 % d’arbres asymptomatiques
Autre axe de travail, l’hétérogénéité des atteintes : certains frênes ne montrent aucun signe de la maladie depuis plusieurs années. Les raisons ? Soit l’arbre n’a pas rencontré le champignon ; soit ce dernier a infecté les feuilles en été, mais n’a pas eu le temps d’atteindre les rameaux, « les frênes perdant leurs feuilles, en automne, plus tôt que d’autres », souligne Benjamin Cano, correspondant-observateur du DSF1, chef de projet au CNPF. Dernier cas : les arbres sont bel et bien infectés, mais développent des mécanismes de défense. « Ce sont ceux-là qui nous intéressent pour des raisons évidentes de sauvegarde de l’espèce. Même si leur proportion est très minime, de 1 à 2 %. » Tout un pan du programme a donc été dédié à la mise en place d’études pour déterminer les facteurs d’origine génétique, afin de sélectionner les spécimens les plus résistants et de donner lieu à une génération plus tolérante à la chalarose.

Des outils d’aide à la gestion
Autre composante : la notion de ressource économique du frêne. « Aujourd’hui, en volumes sur pieds, 21 millions de mètres cubes de frêne sont potentiellement destinés au bois d’œuvre, dont 18 millions issus de peuplements à frêne majoritaire et à récolter en priorité. » L’ensemble de ces facteurs a été identifié au niveau du territoire : « Nous avons pu ainsi modéliser le risque sur la France entière. » Des outils d’aide à la décision ont été créés, notamment de diagnostic donnant accès à des indicateurs d’expertise à l’échelle de l’arbre – mortalités des branches, niveau de dégradation des collets… – et sur la base d’éléments techniques. Soit des clés pour délivrer des recommandations de gestion des peuplements, et agir selon le niveau de vigilance – courant, accru ou maximal –, le resituer par rapport au contexte national… À chaque niveau correspondent des prescriptions présentées dans un guide de gestion sous forme de fiches itinéraires.
Dernier axe du programme : la communication, essentielle pour « accompagner les professionnels et obtenir leur adhésion ». Dès le lancement, le projet a été pensé dans une approche interdisciplinaire, intégrant les organisations professionnelles, des chercheurs aux transformateurs, dans les différents pilotes (résistance et tolérance ; pathologie et épidémiologie ; stratégie de gestion ; ressource et valorisation économique ; communication). Chaque action a fait, en outre, l’objet d’un rapport scientifique et technique, pour une transversalité des échanges. Par ailleurs, des interfaces de communication ont été créées : un site internet dédié aux différents axes du programme, la lettre d’information électronique Frax’ e-news (chalfrax.cnpf.fr).
Aboutissement du projet, le guide de gestion national, Le Frêne face à la chalarose, délivre les outils d’aide à la décision articulant la stratégie élaborée, ainsi qu’un état complet des connaissances. Publié par l’Institut pour le développement forestier, l’ouvrage est aujourd’hui disponible à la vente (voir encadré). Ce programme a été conçu dans l’idée d’être reproductible, dans une certaine mesure, sur d’autres crises, en standardisant certains concepts. « Les institutionnels souhaitant s’engager dans des dispositifs d’accompagnement de crise peuvent s’appuyer dessus pour établir un cahier des charges. Par exemple, elle pourrait faire office de clé d’entrée pour asseoir un dispositif d’aides de l’État… »


Une expertise basée sur des investigations de terrain
• Installation et suivi de 411 dispositifs expérimentaux et références.
• Suivi de 16 800 frênes.
• Étude de 800 rondelles de bois issues de 400 arbres sur dix parcelles expérimentales dans les Hauts-de-France.
• Douze rapports scientifiques et techniques.
• Quatre enquêtes en Allemagne, Pologne, au Vietnam et aux États-Unis.


Pour en savoir plus :
cnpf.fr
chalfrax.cnpf.fr
inrae.fr
onf.fr
lescoopérativesforestières.fr
gcf-coop.fr
agriculture.gouv.fr
foret-aisne.com
franceboisforet.fr

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