Passage bien connu des promeneurs locaux, la passerelle franchissant le courant de Mimizan, dans les Landes, entre le quartier Gombaut et « La promenade fleurie », a été récemment remplacée par un nouvel ouvrage. Pour ce projet, la Mairie de Mimizan a dû présenter un dossier respectant la charte du réseau Natura 2000 dont les principales exigences comprenaient l’utilisation du bois.
D’une superficie de 332 ha, le lac d’Aureilhan s’étend sur Aureilhan, Mimizan et Saint-Paul-en-Born. Classé au nombre des attractions touristiques du territoire, il est intégré au site classé Natura 2000 des zones humides de l’arrière-dune du pays de Born et bénéficie d’aménagements spécifiques qui répondent aux contraintes réglementaires et respectent son patrimoine naturel. Le courant du Mimizan, qui se trouve dans la partie ouest du lac, permet l’évacuation des eaux vers l’océan Atlantique. La passerelle construite entre ses deux rives offrait aux promeneurs et joggeurs la possibilité de faire le tour complet du lac et de rejoindre « La promenade fleurie », abritant plus de 400 espèces de fleurs et arbustes. Avec le temps, l’état de l’ouvrage s’était dégradé au point de constituer un véritable danger pour les usagers. La Mairie de Mimizan a donc décidé de le remplacer par un nouvel équipement.
Un chantier au milieu d’un site protégé
Lorsque l’on interroge Benoît Bouvier, son architecte, sur les plus grandes difficultés de ce projet, il évoque sans hésiter le cahier des charges de Natura 2000 et ses nombreuses contraintes, aussi bien quant à la phase de déconstruction de l’ancienne passerelle qu’à la mise en place de la nouvelle. Près d’une année de travail a été nécessaire pour constituer le dossier, avec une phase de pré-étude particulièrement complexe qui a requis la participation de différents experts pour établir les rapports sur les particularités du site : pH de l’eau, variétés de poissons présents, environnement végétal… « L’ancienne passerelle à ossature bois, datant de la fin du XIXe siècle, a été réparée à deux reprises. Pendant ces opérations, les culées ont été consolidées de part et d’autre avec de l’acier et du béton, et la reprise du tablier a été réalisée avec de l’acier, explique l’architecte. Or le démontage de cette structure devait se faire dans le respect de l’environnement, impossible donc d’entrer dans l’eau avec des engins mécaniques. » Il a fallu faire appel à des plongeurs pour scier les éléments, notamment les pieux en bois au niveau du fond du lit du cours d’eau. Les parties en acier ont été découpées au chalumeau. Une fois la structure désolidarisée, les morceaux du tablier ont été levés à l’aide d’une grue de 200 t installée sur les berges sablonneuses gorgées d’eau. L’opération a donc demandé la préparation d’une structure pouvant accueillir cet engin. Les bois récupérés ont été triés et 90 % d’entre eux, encore en bon état, donnés à un agriculteur local qui les a utilisés pour ses propres aménagements.
Retrouver l’esthétique d’antan avec des solutions pérennes
Le nouvel ouvrage, qui se substitue à l’ancienne passerelle, ne modifie pas l’emprise au sol et préserve la flore et la faune. Les piles n’altèrent en rien la qualité des eaux de surface et souterraines. Les palées en bois ont été remplacées par des tubes cylindriques en acier remplis de béton, offrant ainsi une meilleure durabilité. L’esthétique des garde-corps a été améliorée. La protection latérale, composée auparavant par une main courante et deux lisses en bois agrémentées d’un grillage à mailles carrées, a été remplacée par une main courante en bois surmontant un barreaudage réalisé dans le même matériau. Si, au départ, le projet prévoyait l’utilisation du mélèze, le bureau de contrôle a décidé de remplacer cette essence par le Douglas, justifiant ce choix par sa meilleure résistance au climat marin – l’océan ne se trouve en effet qu’à quelques kilomètres.
Préfabrication et montage
L’architecte, adepte du circuit court, a choisi de travailler avec une entreprise de charpente basée à Mérignac et constituée, en grande partie, de Compagnons du devoir. Les plans d’exécution pour la fabrication de la passerelle ont été réalisés en octobre 2019, et les éléments en lamellé-collé de Douglas fournis par une entreprise basée dans la Creuse. Une fois l’usinage terminé, la passerelle a été montée à blanc. « Nous avons assemblé les trois tronçons finis dans nos ateliers, puis la structure a été démontée et transportée sur le site, précise Armand Mollard, chargé d’affaires de l’entreprise Julien Lavoine. Le levage a été réalisé en deux jours, en juin 2020, à l’aide d’une grue mobile de 200 tonnes. » En revanche, les travaux de finition ont été achevés en 2021, les conditions météo ayant retardé le chantier. Mis en service depuis septembre dernier, l’ouvrage a obtenu le deuxième prix dans la catégorie Aménager l’extérieur, lors de l’édition 2021 du Prix régional de la construction bois Nouvelle-Aquitaine.
INFORMATIONS GÉNÉRIQUES
• Thème : construction d’une passerelle sur un site Natura 2000
• Maître d’ouvrage : Mairie de Mimizan (40)
• Essences utilisées : Douglas de Nouvelle-Aquitaine, pin rouge du Nord
• Entreprise bois : Julien Lavoine (33)
• Année de livraison : 2021
• Lieu : Mimizan, Landes (40), Nouvelle-Aquitaine
• Site internet : bbt-architecture.com
INFORMATIONS TECHNIQUES
• Maîtres d’œuvre : BBT Architecture, Benoît Bouvier (33) ; bureau d’études Oregon (33)
• Bureau d’études exécution : Synergie bois (49)
• Fournisseur bois : Cosylva (23)
• Surface : 105 m2
• Volume de bois total : 19 m3 16 m3 de bois lamellé-collé Douglas hors aubier ; 0,8 m3 de Douglas massif 85 %
purgé d’aubier ; 2,2 m3 de pin rouge du Nord
• Coût du lot bois : 105 k€ HT