Construite à l’entrée d’Ancy-Dornot, un village de 1 600 habitants situé à une quinzaine de kilomètres au sud de Metz, en Moselle, la grande halle des Fenottes est une sorte d’agora moderne, accueillant plusieurs activités de la commune. Cet édifice ouvert, qui peut se transformer occasionnellement en chapiteau, met en valeur le pin noir provenant des forêts communales et le savoir-faire des entreprises locales.
Lorsque la mairie d’Ancy-Dornot décide de faire construire un nouvel équipement communal, l’idée de départ est une halle pérenne et ouverte pouvant abriter, tout au long de l’année, différentes activités : sportives (volley, basket, bicross, skateboard) et commerciales (marché bio, marché aux vins de Moselle, vide-grenier). Mais l’édifice doit aussi se transformer en espace fermé afin d’abriter, fin août, la fête du Canard, une manifestation qui perpétue la tradition ancestrale de la fête patronale du village. Pour organiser ce festin de trois jours qui accueille quelques centaines de visiteurs, la commune était jusqu’à récemment obligée de louer tous les ans un chapiteau. La création d’un nouvel espace public changeait la donne, tout en permettant d’envisager d’autres usages. L’équipement se trouve à l’intérieur du nouveau parc de loisirs nommé Marie et Mathias, au lieu-dit Les Fenottes.
Retour aux racines
C’est le projet d’une halle en bois, proposé par le collectif nancéen d’architectes Studiolada, qui est finalement retenu par le maître d’ouvrage. « La structure bois n’était pas une demande initiale, cette halle aurait pu se faire avec d’autres matériaux, comme l’acier, et avec un toit plat végétalisé, précise l’architecte Christophe Aubertin. Une solution bois nous paraissait, d’une part, plus simple, d’autre part, plus adaptée au contexte. Le double pan de l’édifice fait référence à un grand corps de ferme ou à un bâtiment agricole qui s’inscrit parfaitement dans le vocabulaire simple de ce type de village. »
Une essence locale et un savoir-faire local
Étant donné l’importante taille de la halle – la pratique du volley-ball exige au minimum 9 m de hauteur sous plafond – et les dimensions du terrain, les architectes se sont orientés vers une structure primaire en Douglas lamellé-collé. Cependant, ils ont suggéré au maître d’ouvrage d’utiliser une essence locale pour le bardage et le voligeage, ces parties d’ouvrage ne nécessitant pas de qualité structurelle forte. Après discussions avec l’Office national des forêts (ONF) et les services forestiers de la commune, c’est le pin noir, présent en grande quantité dans les forêts communales et malheureusement peu utilisé, qui a été sélectionné. Une belle occasion de démontrer que l’on peut construire avec ce bois, et de le mettre en valeur. « C’est la commune qui a géré en direct la récolte du bois en forêt et le sciage en s’adressant à la scierie la plus proche. Celle-ci a accepté bien que ce ne soit pas dans ses habitudes puisqu’elle est spécialisée dans les feuillus, explique Christophe Aubertin. Ensuite, les planches (appelées aussi “débits”, NDLR) ont été transportées sur le site et mises à disposition du charpentier. » Parmi les quatre candidats qui ont répondu à l’appel d’offres, c’est une jeune entreprise de charpente du village qui a emporté le marché. L’ensemble du lot bois local a donc été traité par des intervenants se trouvant à moins de 10 km du chantier. Les éléments de la structure primaire ont été fabriqués dans l’usine de la société Mathis, à Muttersholtz, dans le Bas-Rhin.
Patrimoine moderne
Le bâtiment est composé de neuf travées de 4 m qui reposent sur vingt massifs en béton d’une profondeur de 1,5 m. Une contrainte supplémentaire vient du fait qu’il est situé en zone inondable avec des crues allant jusqu’à deux mètres de hauteur : sa structure doit donc résister aux poussées latérales de l’eau qui peuvent être ponctuellement très fortes. Également très importants, les efforts au vent ont été pris en compte par le bureau d’études pour le bon dimensionnement des portiques et des assemblages.
Utilisées en voligeage et en bardage, les planches en pin noir brutes de sciage protègent la couverture en polycarbonate qui descend le long des façades jusqu’à la hauteur de 3 m au-dessus du sol. Ponctuellement, la halle peut être habillée de bâches amovibles fixées sur les façades et se transformer ainsi en espace clos, notamment pour accueillir la fameuse fête du Canard ou des spectacles.
Inaugurée en 2020 et devenue un espace de convivialité fréquenté par des habitants de tout âge, la halle remplit à la fois une fonction sportive, culturelle, festive et commerciale. Sa charpente apparente, traversée par la lumière, constitue un symbole fort pour l’identité du village, une sorte de patrimoine contemporain au même titre, ou presque, que l’église et la mairie.
INFORMATIONS GÉNÉRIQUES
- Thème : construction d’une halle sur parc touristique
- Maître d’ouvrage : Mairie d’Ancy-Dornot (57)
- Essences utilisées : pin noir et sapin du Grand-Est, Douglas de Nouvelle-Aquitaine
- Entreprise bois : De Rambures & Paris (57)
- Année de livraison : 2020
- Lieu : Ancy-sur-Moselle, Moselle (57), Grand-Est
- Site internet : studiolada.fr
INFORMATIONS TECHNIQUES
• Maîtres d’œuvre : Christophe Aubertin et Stéphanie Dunand de Studiolada (54)
• Bureau d’études : Barthes Bureau d’Études Bois (54)
• Entreprise de construction bois : De Rambures & Paris (57)
• Fournisseurs bois : Vincent Bois et Scierie (54), Mathis (67)
• Surface : 800 m2
• Coût du projet : 540 k€ HT
• Volume de bois : 180 m3