Label bas carbone : 88 projets labellisés
Le Label Bas Carbone est un programme de rémunération du carbone forestier par le marché volontaire, dont le développement est soutenu financièrement par France Bois Forêt. Il est entré en phase opérationnelle en 2019. Point d’étape avec Éric Toppan, adjoint au directeur de Fransylva, pilote du dispositif avec le CNPF et I4CE.
Quelle est la mission du comité d’experts créé par Fransylva, le CNPF et I4CE ? Il s’agit de sensibiliser les propriétaires forestiers et gestionnaires aux perspectives du Label Bas Carbone (LBC). France Bois Forêt nous a confié sa promotion au sein de la filière, afin qu’il soit bien compris et assimilé en raison de sa forte technicité. Avoir un projet labellisé implique de suivre des méthodologies agréées.
Quels sont les types de projets ? Il en existe trois : le boisement de terres non forestières, le reboisement de forêts dégradées et l’amélioration de la gestion. À noter : pour un reboisement, la nouvelle gestion engagée doit permettre de séquestrer plus de carbone que si on l’avait laissé à l’identique. On boise, on reboise ou l’on améliore. Il faut qu’il y ait une plus-value carbone importante.
Que conseillez-vous au forestier intéressé par cette démarche ? Un propriétaire forestier seul aura du mal à mettre en place un programme labellisé bas carbone car la méthodologie est très rigoureuse. L’accompagnement d’une coopérative, d’un expert forestier, gestionnaire forestier professionnel est donc nécessaire. De son côté, Fransylva accompagne ses adhérents dans leur projet jusqu’au financement.
De quelle manière vous y prenez-vous pour faire connaître le label ? Des colloques et une tournée dans les départements étaient prévus pour présenter ce label, son fonctionnement, son financement, son potentiel et ses perspectives. Crise sanitaire oblige, nous l’avons fait de manière dématérialisée via six webinaires, du début de l’année au 14 juillet 2020. Malgré le contexte, nous avons eu des centaines de participants, auxquels nous avons expliqué comment passer à l’action, être financé et à quelle hauteur. Et aussi comment l’associer au plan de relance du gouvernement. Pour les forestiers, les rémunérations peuvent être motivantes : un financement LBC peut couvrir jusqu’à 80 % du coût total d’un projet et même, puisque c’est un marché libre, rémunérer le service carbone réalisé par le propriétaire. Sont pris en compte tous les travaux relatifs à la plantation ou à l’amélioration sylvicole, et tout ce qui va autour : préparation du sol, protection contre les dégâts de gibier, entretiens… Un financement très significatif.
Avez-vous conçu des outils particuliers ? Nous avons développé un calculateur. Le forestier renseigne ce qu’il recense habituellement (volume, éclaircies…) ; la calculatrice traduit cela en carbone stocké, puis, selon le projet, en carbone qui sera stocké. Elle fait la différence entre les deux. C’est cette différence qui est vendue aux entreprises, et c’est grâce à ces financements que le forestier peut mettre en place ces projets, et donc prélever du carbone dans l’atmosphère en séquestrant plus de CO2.
Quelle est la typologie des entreprises qui financent les opérations ? Nous travaillons avec les entreprises qui sont sensibilisées et qui participent au Club Carbone-Forêt-Bois5 (voir encadré). Celles qui voient la forêt comme un potentiel de compensation de leurs émissions de carbone incompressibles. Il y a les grandes entreprises engagées dans la lutte contre le changement climatique et la réduction de leur empreinte carbone, certaines déjà en phase expérimentale. Elles cherchent à comprendre et à tester le dispositif avant d’aller plus loin. Il y a aussi des PME/TPE6, qui ont un process de décision plus rapide. Ancrées dans leur territoire, elles cherchent à agir localement. Avec le LBC, elles le font à travers des programmes vertueux. Le label est jeune mais prometteur. D’autant que l’article 38 de la loi Climat et résilience7 impose, à compter du 1er janvier 2022, aux compagnies aériennes exerçant sur le territoire métropolitain de compenser leurs vols domestiques. Une compensation qui s’inscrit forcément dans le Label Bas Carbone. Plusieurs compagnies, parmi lesquelles Air France, se sont déjà engagées. Le caractère obligatoire va enclencher un processus vertueux.
Les méthodes vont-elles évoluer ? Agréées il y a deux ans, elles ont été améliorées et adaptées. Actuellement, nous préparons une version 3, avec une consultation de tous les membres de France Bois Forêt afin de connaître leurs avis, leurs attentes… Les retours de ceux qui mettent en œuvre le label, mais aussi des propriétaires, gestionnaires, de certains opérateurs, sont essentiels pour nous permettre d’avoir une vision exhaustive et encourager la mise en place de projets en adéquation avec le terrain. Sachant qu’il faut que cela soit validé par le ministère de la Transition écologique, garant des dispositifs mis en place pour respecter les engagements de la France pour réduire nos émissions.
Chiffres clés au 1er avril 2021
- 88 projets labellisés
- 47 en reconstitution
- 37 en reboisement
- 3 en balivage*
- 1 projet collectif en Carbon Agri** (300 exploitations)
- 599 ha forestiers pour 130 000 t CO2 éq environ
- 267 600 t CO2 éq. prévisionnelles évitées
- 65 projets forestiers en cours de labellisation
* Marquage des beaux arbres (les baliveaux) à conserver lors de coupes.
**Méthode d’évaluation des réductions d’émissions de gaz à effet de serre en élevage.