Simulations technico-économiques de rentabilité pour les exploitations sylvicoles ou, plus simplement, « Steres ». Derrière cet acronyme, se cache un programme porté par le Centre de productivité et d’action forestière d’Aquitaine (CPFA), financé par la Section spécialisée pin maritime (SSPM) de France Bois Forêt. Déployé sur cinq ans, il vise à optimiser les opérations et interventions sur le massif des Landes de Gascogne et de Nouvelle-Aquitaine. Décryptage
Tout part d’un constat. Fragilisé par les deux dernières tempêtes de 1999 et de 2009, le massif des Landes de Gascogne a vu un tiers de sa surface reboisée. Pas moins de 300 000 ha de jeune forêt qui passeront bientôt en 1re ou 2e éclaircie. Une étape de gestion sylvicole d’importance, qui conditionne la qualité et la productivité des futurs bois récoltés. « Au moment de réaliser les éclaircies, il y a de nombreux paramètres qui peuvent impacter la rentabilité des peuplements restants. On sait, par exemple, qu’il y a un timing et une densité à respecter pour avoir une évolution optimale », développe Gaëlle Burlot, chargée de mission ressources et sanitaire à la Maison de la forêt1. Mal gérée, cette opération peut entraîner des pertes de production allant jusqu’à… 30 %.
Un outil accessible en ligne
Optimiser, c’est tout l’objectif de ce nouvel outil, prolongement de ses deux aînés : Copel (simulation d’itinéraires sylvicoles à l’échelle de la parcelle) et Gefao (calcul de l’optimum technico-économique à l’échelle de la propriété). Basés sur un modèle de croissance du pin maritime développé par l’ingénieur agronome Jean-Paul Mauge2 dans les années 80, ils servaient à la programmation annuelle des interventions et permettaient de définir les priorités en matière de récolte et de connaître les recettes et dépenses, ainsi que l’évolution d’une propriété. « Ces outils n’ont pas été remis à jour depuis longtemps », souligne Gaëlle Burlot. Version actualisée et moderne, l’outil Steres, qui sera accessible en ligne (site non finalisé à ce jour) et actuellement en phase finale de test, regroupe leurs fonctionnalités, s’imposant ainsi comme un dispositif plus complet d’aide à la décision pour les propriétaires de parcelles.
Des scénarios optimaux
Sur la plateforme, le gestionnaire va entrer ses données : propriétaire, commune, surface boisée, année d’installation du peuplement, type de landes, type d’arbres – par exemple, des améliorations de pins maritimes « Vigueur-Forme 2e ou 3e génération »… Une fois ce volet renseigné, seront aussi indiquées les caractéristiques dendrométriques3 du peuplement : circonférence, hauteur, densité. Forte de ces données, l’application va déterminer un programme de travaux (année des interventions, densité) visant à optimiser le rendement. Mais ce n’est pas tout ! Concrètement, le gestionnaire pourra, pour chaque parcelle, suivre l’itinéraire « optimal » conseillé ou établir son propre scénario sylvicole et constater l’influence sur la rentabilité. « L’intérêt de l’outil Steres est qu’il laisse également la possibilité au gestionnaire de modifier son programme. Par exemple, s’il avait décidé de faire une coupe à 25 ans, et que l’outil lui propose, de son côté, à 20 ans, il peut faire une simulation à 22 ans et, ensuite, adapter son programme », détaille Gaëlle Burlot.
Cette marge de manoeuvre permet de répondre aux particularités de certaines propriétés soumises à des problématiques diverses (climatiques, sanitaires, incendie, déséquilibres de trésorerie, etc.). L’utilisateur pourra également choisir quelles coupes anticiper ou retarder via des indicateurs financiers, tels que les pertes d’anticipation ou les coûts de retard.
L’application intégrera aussi un tableau de bord technico-économique de la propriété avec toutes les interventions à prévoir, les recettes et dépenses, une valeur comptable de la propriété, et ce pour les vingt prochaines années.
Parcelles pilotes
Afin de calibrer l’outil, des parcelles pilotes feront office de crash tests sur une surface totale de 5 000 ha. Cette surface sera suivie pendant quatre ans, afin de vérifier les résultats des différentes interventions et d’intégrer des modifications si besoin. Des mesures qui serviront aussi à alimenter une base de données où elles seront traitées de façon anonyme. « Pour le développement forestier, cette base de données est essentielle car elle permettra d’avoir une vision globale des pratiques sylvicoles sur le territoire », conclut Gaëlle Burlo
1 Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest.
2 Spécialiste de sylviculture en forêt landaise.
3 La dendrométrie désigne l’opération qui mesure le diamètre des arbres. Par extension, ce mot désigne aussi l’opération qui mesure certaines caractéristiques physiques quantifiables des arbres (et/ou de peuplements) : diamètre, hauteur, volume, épaisseur de l’écorce, forme, âge, nature, état et volume ou diamètre du bois mort.
Pour en savoir plus :
• cpfa.com
• maison-foret.com
PROGRAMME
Réf. FBF :
19RD1056 – 20RD1154
Budget FBF : 40 k€