La forêt des Volcans de Martinique : première Forêt d’Exception d’outre-mer

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Le patrimoine forestier des Volcans de Martinique reconnu Forêt d’Exception par le Comité national d’orientation (CNO)*. Un label essentiel pour une gestion durable qui concilie préservation de la biodiversité, développement touristique, économique et mise en valeur du site naturel.

Dessinant le paysage au nord, les Volcans de Martinique comprennent la forêt de la montagne Pelée (1 397 m d’altitude), classée à 90 % « espace remarquable », et celle des pitons du Carbet (1 197 m d’altitude), constitué de dômes et de coulées épaisses de laves datant de 350 000 ans. Ce dernier procure à lui seul 70 % des ressources en eau potable de l’île. Ces deux massifs forestiers couvrent une surface de plus de 9 300 hectares (5,6 % de l’île, 58 % de la surface de ses forêts publiques). En juillet dernier, ce site a reçu le label Forêt d’Exception, faisant de lui l’emblème de la forêt tropicale humide en France et la treizième forêt labellisée en France – quatre sont encore en attente. Et, surtout, elle est la première forêt d’outre-mer à intégrer la démarche. Il aura fallu sept ans pour que cette labellisation devienne réalité.

19 actions sur 5 ans
À travers ce label, l’ONF, qui mène, depuis 2008, une politique de développement durable, distingue l’excellence de la gestion des forêts reconnues pour leur patrimoine unique en termes d’histoire, de paysages, de biodiversité ou de bois de grande valeur. Les 32 partenaires** qui composent le comité de pilotage s’engagent, par ailleurs, à mettre en œuvre 19 actions sur cinq ans avec quatre orientations stratégiques : structuration de l’offre accueil du public ; promotion de l’identité du massif forestier ; développement du lien avec le territoire, par exemple, avec l’agro­foresterie (culture du café, du cacao, de la vanille sous couvert végétal), valorisation des patrimoines forestiers (biodiversité et culture).
« Ce label reconnaît également l’excellence de la gouvernance partagée. Son intérêt est d’avoir mis autour de la table tous les partenaires du territoire forestier, nombreux ici. Tous se sont engagés »
, souligne Hélène Legendre, cheffe du projet Forêt d’Exception à l’ONF.
Un outil, de fait, précieux pour valoriser le nord de la Martinique, très forestier, et mettre en relief la richesse de sa faune et de sa flore : l’île dénombre notamment 40 espèces animales et végétales endémiques qu’il convient de protéger, et abrite 400 espèces de feuillus.

Diversifier les peuplements forestiers 
Entre autres essences cultivées, on trouve le gommier blanc, le magnolia, le bois-rivière, le bois-côte, le mahot bleu, la fougère arborescente, le châtaignier grandes feuilles, le fromager. Ou encore l’acajou du Honduras, appelé localement le mahogany grandes feuilles, introduit à la fin du 18e siècle et utilisé dès 1903 pour remédier au fort déboisement datant de la colo­nisation. « Une essence de qualité qui a l’avantage d’une croissance rapide et d’une bonne acclimatation en Martinique, d’où sa grande valeur pour l’exploitation. Depuis quelques années, elle est associée à d’autres arbres, l’une des actions du label visant à diversifier les peuplements forestiers », précise Hélène Legendre.
L’exploitation forestière est dédiée au local : 65 % de la ressource est utilisée en bois d’œuvre, les 35 % restants en bois-énergie pour alimenter une usine biomasse. « La filière bois reste très fragile en Martinique car nous avons une petite production et très peu de scieries. Mais plusieurs programmes sont lancés pour la redynamiser. »

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*Le CNO, composé d’experts qualifiés en aménagement du territoire, environnement, culture et tourisme, et de représentants des ministères de l’Agriculture et de l’Alimentation et de la Transition écologique et solidaire, étudie et valide les dossiers de candidature à Forêt d’Exception. L’ONF est consulté, mais n’a pas de pouvoir décisionnel sur les candidatures.
** 32 partenaires, dont la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la Martinique (Deal), l’Office national des forêts (ONF), la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf) de la Martinique, le Parc naturel régional de Martinique, Cap Nord (communauté d’agglomération du Pays Nord Martinique), 19 communes…

Étant donné la nature des sols et les fortes pentes, l’exploitation est toujours traditionnelle, dite « à l’alaskane » : les planches sont débitées sur le lieu d’abattage. ©ONF, 2015

Pour en savoir plus :  onf.fr • collectivitedemartinique.mq • martinique.developpement-durable.gouv.fr • daaf.martinique.agriculture.gouv.fr • parcs-naturels-regionaux.fr • capnordmartinique.fr • univ-ag.fr

Quelques chiffres :
Superficie forestière : 48 000 ha
Forêt privée : 32 000 ha
Forêt publique : 16 000 ha
Taux de boisement : 43 %
• Espaces boisés classés (EBC) : 26 300 ha
Récolte annuelle : 3 000 m3 de grumes de bois d’œuvre issus des plantations de mahogany, dont 2 500 m3 issus des forêts publiques (15 à 20 ha exploités par an).

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