Une épicerie locale et durable

Posted Posted in Non classé

Aménager une épicerie fermière qui soit une vitrine des produits du terroir et traduise dans le même temps la volonté de préserver la ressource forestière. Un challenge relevé pour ce commerce de Miribel, dans l’Ain.

Basse-Cour et Potager est une épicerie qui valorise et vend les produits locaux, bio ou raisonnés. Pour ce commerce situé à Miribel, Human Architectes s’est donc attaché à traduire une identité de terroir, à travers un aménagement inspiré par la nature et, bien sûr, en lien avec les attentes et valeurs du lieu, notamment en termes de gestion durable de la forêt. Au programme donc, un matériau unique : le bois. La maîtrise d’œuvre a retenu ici un épicéa commun issu d’une forêt de Nouvelle-Aquitaine : « Nous ne sommes pas sur une filière locale, mais elle est néanmoins française », souligne l’architecte Alain Paris. Toujours dans le respect d’une cohérence, les panneaux d’épicéa sont produits et transformés dans cette même région, plus exactement sur les sites de Sauzé-Vaussais dans les Deux-Sèvres, et Solférino dans les Landes.

Une trame simple pour une forme complexe
« L ’idée était de mettre en avant la matière brute et naturelle de ces panneaux 3 plis et de la confronter à la finesse d’une écriture, d’où cette trame qui s’inspire des sciages d’épicéa en plots et génère une forme complexe. Je suis architecte, mais je reste habité par mon ancien métier de menuisier ! », explique Alain Paris. Concrètement, ladite trame part du sol, formant un îlot-meuble interrompu à hauteur d’homme. En hauteur, sa « réponse » verticale, transformée en luminaires, s’élève puis se déploie à l’horizontale pour structurer le plafond. Soit une ample et douce « canopée », dont les mouvements dessinent naturellement les circulations au sol et définissent la fonction des lames de bois – tantôt meubles, parois, éclairage ou voûte. « Les moindres creux et interstices sont ici autant de sous-espaces permettant de suggérer un passage ou de créer un emplacement pour valoriser les produits. » Les trois nuances de l’éclairage apportent de la profondeur à l’ensemble, tandis qu’elles mettent en relief la finesse du veinage du bois et son aspect chaleureux. Une mise en relief à laquelle participe également le sol en béton à l’aspect gravillonné et quartzé poli.

Découpe numérique
Alain Paris souligne l’importance de la découpe numérique dans la réalisation de ce projet. En effet, l’association des outils de dessin et de ceux de découpe numérique a permis la réalisation de cette forme complexe, tout en maîtrisant son coût. « Chaque panneau prévu a été dessiné à l’échelle 1 et optimisé. Nous avons procédé à divers essais de calepinage de manière à réduire les chutes au minimum, soit une économie de matière. Carnets de découpe et devis à l’appui, nous avons réussi à convaincre le client : chacun des panneaux était numéroté, nous avons créé une notice de montage pour expliquer la mécanique d’assemblage, leur mise en place précise (voir schéma ci-dessus). Un exercice inha­bituel, mais très intéressant – nous sommes allés très loin dans le projet. » L’ensemble sera ensuite transmis aux entreprises respectives pour la découpe des panneaux à l’aide d’une fraiseuse à commande numérique, puis pour l’assemblage sur site.

Épicerie bio basse-cour et potager
LAURÉAT 1er PRIX PNCB 2019
Catégorie Aménager

THÈME
Gestion durable
ESSENCE UTILISÉE
Épicéa commun
ENTREPRISES BOIS
Sauzé-Vaussais (79), Solférino (40), Gabayet Engineering et Mobilier Bois Design (01), Ollier Bois (69)
ANNÉE DE LIVRAISON
2019
LIEU
Miribel, Ain
SITE INTERNET MAÎTRISE D’ŒUVRE
human-architecte.com

Maître d’ouvrage : épicerie Basse-cour et Potager (01)
Maître d’œuvre, architecte d’intérieur, designer : Human Architectes (69)
Surface : 80 m2
Coût total du projet, aménagement intérieur : 65 k€ HT
Lot bois : 45 k€ HT (3,75 m3)

Questions à…
Alain Paris, Human Architectes

Êtes-vous un habitué du bois dans vos projets ?
Nous essayons de ne pas nous enfermer dans un seul mode de conception, et de réfléchir à d’autres matériaux, comme le béton ou le métal en accord avec le bois. Il s’agit de placer le matériau adéquat à l’endroit approprié. Mais il est vrai que nos projets passent souvent par de l’ossature bois ou par un mobilier qui mettent esthétiquement le bois en avant.

L’utilisation du bois est-elle une proposition de l’architecte ou un choix imposé ?
Il y avait une demande initiale, mais pas d’impératif. Nous nous sommes attachés en premier lieu à cerner les attentes, les valeurs et avons soumis trois propositions radicalement différentes. Deux étaient en bois, tandis qu’une autre était plus minérale, mais trop décalée par rapport à la dimension terroir souhaitée. L’idée étant d’identifier les options et ambiances jugées pertinentes par la maîtrise d’ouvrage afin de réinviter ces composantes dans un projet de synthèse.

Si ce projet était à refaire, qu’y ajouteriez-vous ou qu’en retrancheriez-vous ?
Sur l’aspect environnemental, nous sommes satisfaits. Nous aurions pu aller plus loin sur la partie agrégats de béton, dans le traitement du sol, dalle en terre crue, remplacement des plaques de plâtre par une autre solution… Mais peut-être trop loin aussi en termes d’usage et de coût. Concernant la mise en lumière, nous avons retenu des plaques de polycarbonate pour un éclairage en deux teintes, mais nous aurions pu tout aussi bien choisir un autre matériau…

Le point fort du bois ?
La qualité des panneaux, assurément. Nous avions des trames très longues : commerces de 10 m de longueur et panneaux de 2,80 m ; d’où la nécessité de les abouter sur toute cette longueur et sur une hauteur allant jusqu’à 1,10 m. Résultat ? L’alignement est quasiment parfait !

Partager l'article sur vos réseaux sociaux :