Unique en son genre, le futur collège Elsa-Triolet de Thaon-les-Vosges revisite de façon contemporaine les constructions en bois massif. Avantages : valorisation des essences de la forêt vosgienne, du hêtre notamment, et des compétences et savoir-faire des entreprises locales.
Un manifeste dédié au bois et aux savoir- faire locaux ! Ainsi pourrait être qualifiée la reconstruction du collège Elsa-Triolet, à Thaon-les-Vosges (88), réalisée par l’agence d’architecture Cartignies-Canonica : « Avec ce projet, nous sommes allés au-delà d’une construction bois traditionnelle. L’idée n’était pas de faire du low-tech, mais d’associer les savoir-faire locaux à une image contemporaine et innovante, comme sait le faire depuis longtemps la filière bois », explique l’architecte Alain Cartignies. En résulte un bâtiment qui marie et valorise deux essences de la forêt vosgienne – le sapin et le hêtre –, qui privilégie le bois massif sans exclure les bois d’ingénierie (poutres en lamellé-collé, panneaux lamellés-croisés et trois plis en épicéa). Sans oublier son isolation avec une laine de bois produite localement, ni ses bardages en mélèze produits localement eux aussi
Poutres de sapin et clavettes en hêtre
Dicté par une trame constructive tridimensionnelle, structurée et répétitive aussi bien en poteaux qu’en poutres, l’ensemble affiche une modernité assumée en phase avec les exigences environnementales du moment : « Notre préoccupation est de réaliser un bâtiment “d’aujourd’hui”, c’est-à-dire qui tienne compte des questions liées à l’énergie grise de construction et au carbone. » Cela en renouvelant des modes constructifs ancestraux en bois massif : « Nous avons développé un procédé qui réunit la technique des poutres composées à une technologie contemporaine, afin de les rendre plus performantes. » Soit des poutres de sapin avec des clavettes en hêtre. « Après la mise en place d’une légère contre-flèche, ces clavettes sont introduites dans des espaces comprenant un jeu compensé par la différence d’hygrométrie. Ainsi, nous sommes assurés que toutes les cales fonctionnent à plein rendement, ce qui apporte à la poutre une raideur comparable à celle d’une pièce entière », détaille Alain Cartignies. Conçue de la sorte, la structure offre des volumes généreux pour tous les locaux, à savoir une hauteur de 3,30 m sous plafond et une double hauteur pour le hall.
À l’extérieur, le bâtiment est pourvu de grands brise-soleil verticaux, également en bois, dont la profondeur varie en fonction de l’orientation. Ces brise-soleil et débords de toiture font également fonction de protection des bardages en mélèze contre les intempéries. Preuve, si besoin, de la compatibilité du bois avec d’autres matériaux, en couverture, c’est le métal qui lui est associé : « Le collège est couvert par de grands versants de toiture en zinc avec débords et recouvrements qui, par leur géométrie, autorisent ponctuellement des ouvertures hautes, stratégiquement situées en fonction du programme et des usages. »
RECONSTRUCTION D’UN COLLÈGE
Thème : Renouvellement des techniques bois massif avec du bois local
Essences utilisées : Hêtre – Sapin – Mélèze – Pin sylvestre – Épicéa
Entreprise bois : Sertelet (88)
Année de livraison : 2019
Lieu : Thaon-les-Vosges (88)
Site Internet maître d’ouvrage : vosges.fr
Maître d’ouvrage : conseil départemental des Vosges (88)
Maître d’œuvre : Cartignies-Canonica Architecture (88)
Bureau d’études bois : Anglade Structure bois (66) et Barthes (54)
Surface : 8 320 m²
Budget travaux : 13 600 k€ HT