Inspiration animale

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Les œuvres du parcours Anima Motrix, implantées dans le parc départemental de Lorient (26), explorent l’habitat animal. Elles ont été construites avec des bois bruts ou manufacturés, principalement issus de productions ou de scieries locales.

Situé sur la commune de Montéléger, à 8 km de Valence, au pied du Vercors, le parc de Lorient, autrefois domaine privé, est un Espace naturel sensible* (ENS) appartenant au conseil départemental de la Drôme depuis 1967. Avec ses 200 000 visiteurs par an, il accueille un public très hétéroclite et plus de 400 manifestations annuelles (sportives, culturelles, sociales). En 2015, le Département a lancé un projet de réaménagement global du site visant à actualiser les installations et à les mettre aux normes, d’accessibilité notamment. Pour cela, il décide d’adopter une démarche expérimentale, artistique et participative. « Nous souhaitions conforter les usages du parc et en tester de nouveaux, tout en améliorant ses aménagements, et cela à travers un projet paysager et artistique associant le public », explique Sophie Thomine, chargée de mission au conseil départemental de la Drôme. C’est ainsi qu’en 2015, Collectif Dérive, composé d’artistes, d’architectes, de paysagistes et de constructeurs, est sélectionné pour deux ans de création in situ.

Bois brut et bois transformé
Nommé « Anima Motrix », le projet comprend la conception et la fabrication d’un mobilier d’accueil et de cinq œuvres disséminées dans le parc. Ces constructions utilisent des matières premières provenant essentiellement de la production locale, parmi lesquelles le bois. « Le bois, à condition qu’il soit dénué de traitement, comme c’est le cas ici, répondait bien à notre volonté de faire appel à des matériaux respectueux de l’environnement. Les constructions bois sont également plus faciles à faire accepter par le public dans un contexte de nature », déclare Sophie Thomine. « C’est l’observation du règne animal, de la capacité des espèces, de leur génie constructif et de leur rapport au lieu qui nous a inspirés », ajoute Pierre-Yves Péré, architecte au sein de Collectif Dérive. Le parti architectural pour l’ensemble des œuvres du projet repose donc sur le biomimétisme. Le parti pris constructif, quant à lui, s’appuie sur l’utilisation de deux matières : l’une manufacturée et transformée, l’autre brute et organique.

AMÉNAGEMENT ARTISTIQUE ET PAYSAGER

Thème
Installations artistiques

Essences utilisées
Chêne – Douglas – Châtaignier – Robinier

Entreprises bois
Atouts Bois (87), Industrie Bois Rousseau (24), Scierie Michelard Pascal (26), Scierie Forest (38), Compagnie nationale du Rhône (26)

Années de livraison
De 2015 à 2017

Lieu
Montéléger, Drôme

Site Internet
anima-motrix.blogspot.com

Le châtaignier revisité
« Nid », « Galeries », « Hutte », « Essaim », « Alvéoles »… Le parcours est donc composé de structures en bois discrètement posées au sol pour limiter au maximum leur empreinte dans un site Espace naturel sensible. Presque toutes les constructions reposent sur un système de pieux battus : seul le « Nid », amphithéâtre pouvant accueillir 200 personnes, est bâti sur des fondations en béton pour des raisons de sécurité. Cette installation est une œuvre monumentale qui marque la porte d’entrée du parc : elle accueille des gradins en chêne dont l’ossature est recouverte d’une peau en châtaignier. « Nous avons utilisé des gaulettes de châtaignier du sud du Limousin, précise l’architecte. C’est un matériau à la fois souple et résistant qui peut être efficacement tressé. »
Le bois de châtaignier a également servi à la réalisation du cheminement conduisant à l’« Essaim », autre construction du parc, inspirée, elle, de l’habitat des frelons. Le cheminement est déroulé comme une ganivelle posée à plat et surélevée afin de préserver le sol et la flore des piétinements. Au bout de ce sentier, l’« Essaim », couvert de feuilles en automne et de plantes dès le printemps, forme une halte discrète et favorisée par la mue saisonnière pour observer la faune. Sa structure en chêne tissé est composée de bois frais de sciage en vue d’être courbé.

« Hutte » et « Alvéoles »

La « Hutte » est une installation inspirée de l’habitat des castors qui commencent à repeupler la Véore, la rivière traversant le parc. À la manière de ces instinctifs charpentiers, la structure en Douglas est enveloppée d’un tressage de bois flottés, récupérés avec la contribution de la Compagnie nationale du Rhône. La « Hutte » est accolée à une terrasse-solarium à facettes constituée de lattes de chêne. S’adaptant à la topographie du site, cette « plage » de bois profite de l’ombre légère de deux acacias intégrés à l’installation.
Chêne encore pour les « Alvéoles », une œuvre constituée d’un assemblage méticuleux de chevrons de différentes tailles, qui, à la manière de pixels, créent une forme ondoyante, entre l’ombre des platanes et la prairie. C’est l’accumulation organique d’alvéoles toutes identiques qui forme la ruche. Des objets construits sur ce principe émergent à la marge de l’allée cavalière pour proposer un archipel de mobilier ludique. Le jeu d’assemblage modulaire permet autant de créer des assises que de jouer sur ce grand Kapla.

Au millimètre près
Enfin, au bout de l’allée cavalière, près des écuries, semblent émerger les vestiges de l’ancien « château » du parc, colonisés par la végétation (en réalité une grande maison de maître disparue dans les années 1960). Souhaitant raviver cette part historique et patrimoniale du site, Collectif Dérive a réalisé de solides volumes en chêne, les « Galeries » qui auraient été creusées par d’étranges animaux fouisseurs. Les madriers ont été découpés au millimètre, numérotés et portés les uns après les autres à la place qui les attendait. Que du sur-mesure ! Avec une grande méticulosité, chaque rang a été posé sur le précédent, aligné et à l’aplomb. Au total, plus de 400 sections auront été débitées puis empilées jusqu’à 2,80 m de hauteur.
À noter que tous les chantiers ont associé des structures éducatives du territoire qui ont participé à la construction : l’école des beaux-arts de Valence, l’Institut médico-éducatif de Lorient, le lycée horticole de Romans, le Greta de Die… Des événements publics ont marqué l’émergence de chaque œuvre : création théâtrale, parcours concert, spectacles de cirque, ateliers de fabrication… C’est ainsi toute une démarche de médiation culturelle qui a alimenté le processus de transformation de ce bout de paysage entre ville et campagne.

Maîtrise d’ouvrage : conseil départemental de la Drôme (26)
Maîtrise d’œuvre : Collectif Dérive
Médiation : AetC et Jeanne Aimé-Sintès
Paysagiste : Base
Direction artistique et coordination : association De L’aire
Année de livraison : 2015-2017
Surface aménagée : 17 000 m2
Bois utilisés : chêne, Douglas, châtaignier, robinier
Coût du projet : 178 600 € HT (volet artistique – hors volet paysage
et programmation)

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