La résidence La Verderie, à Lons (64), est une opération emblématique basée sur l’innovation et le recours aux filières courtes. Ses 52 logements sont en bois, le matériau provenant de la région, voire de la commune. Tout comme la pierre et l’isolant mis en œuvre.
La Verderie n’est pas un projet comme les autres. Et cela à plusieurs titres. Mêlant différentes typologies d’habitat, la résidence est prévue pour accueillir toutes les générations : appartements pour étudiants ou couples, petites maisons de plain-pied pour retraités, villas plus spacieuses pour les familles… des locataires bénéficiant tous des aides sociales. La diversité se traduit également dans les usages : outre les logements, on trouve une salle commune avec cuisine aménagée, une conciergerie animation, des jardins partagés et des chambres destinées à la réception, par exemple, des familles des résidents. L’innovation se situe par ailleurs dans le souhait du maître d’ouvrage de concevoir un projet écoresponsable, le plus autonome possible en énergie, et de construire des bâtiments tout en bois : « C’est la première opération de la région qui utilise le bois de manière aussi importante et, qui plus est, sur des constructions de plusieurs niveaux », précise Didier Plante, chargé d’opérations immobilières au Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne, maître d’ouvrage. De plus, une grande partie des matériaux de construction et d’isolation, le bois, mais aussi la laine de mouton, la paille, la fibre de bois et la pierre, proviennent exclusivement de producteurs locaux.
Diversité, communauté, évolutivité
Situé à Lons, dans le quartier du Perlic construit dans les années 70, le projet s’inscrit sur une parcelle essentiellement paysagée, rythmée par les saisons. La résidence comprend deux collectifs en R + 3 abritant 36 logements, et deux groupes de trois maisons T4 de plain-pied avec jardins privatifs. Le centre de la parcelle accueille deux bâtiments en forme de virgule, symbolisant le rassemblement, le lien social, la communauté. On y trouve le logement du gardien, les deux chambres partagées, la salle commune et le jardin collectif. Neuf maisons en R + 1 occupent le fond de parcelle. Elles abritent des T4 pouvant évoluer en T5 par une extension en rez-de-chaussée ou à l’étage. Six villas ont déjà été transformées en T5 par l’ajout de volumes sur les deux niveaux.
Rien de tel que le bois pour permettre cette évolutivité : ses produits préfabriqués, standardisés ou sur mesure, se prêtent à la construction niveau par niveau avec souplesse et rapidité de pose sans nuisances… Partout, le matériau s’est imposé, seules les dalles basses sont en béton. Les murs et planchers des collectifs sont en panneaux CLT, intégrant une isolation par l’extérieur avec planchers secs. Toutes les villas et les deux virgules centrales sont en ossature bois, avec un isolant entre les poteaux porteurs. L’ensemble des bâtiments est couvert d’un bardage en thuya provenant d’une plantation du département. « Dès l’amont du projet, nous avons travaillé avec l’interprofession régionale forêt et bois IFB 64, qui nous
a orientés vers des fournisseurs de la région », explique Valérie Despagnet, l’architecte du projet.
CONSTRUCTION / LOGEMENTS COLLECTIFS
Thème
Habitat intergénérationnel
Essences utilisées
Hêtre – Mélèze – Pin maritime –
Sapin – Thuya géant
Entreprise bois
Pyrénées Charpentes (65)
Année de livraison
2017
Lieu
Lons (64)
Local, de l’ossature au mobilier
L’ossature des villas est en sapin pectiné issu des forêts communales et de scieries locales. Pour les bâtiments collectifs, des panneaux CLT en pin radiata, une essence à croissance rapide issue de forêts françaises locales, et à tronc droit, ont été utilisés, une première dans la région : « Pour respecter le principe de filière courte, nous avons trouvé un fabricant au Pays basque espagnol, précise l’architecte. Bien que situé de l’autre côté de la frontière, il était le plus proche du chantier. »
Même le mobilier est en bois. Les plans de travail de toutes les cuisines, les tables de la salle commune et l’aménagement des chambres partagées sont réalisés en hêtre, une essence majeure dans les Pyrénées, où on la trouve à mi-pente, parfois mêlée au sapin.
Circuits courts
Dans cette même recherche de proximité,
la laine de mouton employée pour l’isolation provient de l’entreprise Naturlaine, installée à Ogeu-les-Bains (64) ; elle a été utilisée sous toutes ses formes, en panneaux rigides, en rouleaux ou soufflée, dans tous les bâtiments, excepté les virgules centrales qui sont isolées avec de la paille.
Les parements en pierre des façades viennent des carrières toutes proches de La Rhune, où est produit un grès siliceux. Arrivées sous forme de barrettes, épaisses de 6 cm et de taille rectangulaire variable, les pierres ont été assemblées sur chantier, une par une, pour habiller les rez-de-chaussée des bâtiments ou les soubassements. Les cheminements doux et les pavages des placettes sont en pierre d’Arudy ; venue du Béarn voisin, cette pierre grise s’accorde bien avec l’ardoise pyrénéenne.
Enfin, côté équipements, le chauffage et l’eau chaude sanitaire sont assurés par une chaufferie bois alimentée en déchiquetés. Une cuve enterrée récupère l’eau de pluie, tandis que des panneaux photovoltaïques produisent de l’électricité. Éclairage public par Led et bornes électriques pour véhicules complètent les installations, faisant de la résidence une opération exemplaire sur tous les plans.
Maître d’ouvrage : Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne (64), Alternative Foncière (64)
Maître d’œuvre : Valérie Despagnet, architecte (64)
Bureau d’études bois : Le Fil du Bois (64)
Surface : 4 132 m2
Coût du projet : 7,3 millions € HT (hors foncier, hors voirie et réseaux divers)