EU-Hardwoods, projet européen destiné à valoriser les feuillus dans la construction, a été mis en place en mars 2014 grâce au financement de France Bois Forêt et du Codifab*. Il a permis de faire le point sur les acquis et les défis à relever pour le développement de ces essences dans le bâtiment. Essences avec lesquelles on construit depuis plus de 1 000 ans.
En Europe, les feuillus n’apparaissent presque jamais dans un contexte bois-construction, et cela en dépit de l’importance de la ressource dans des pays tels que la France,
l’Allemagne ou l’Autriche. Pourtant, la résistance de ces essences n’est plus à démontrer : chêne et peuplier, par exemple, ont été largement utilisés pour construire des charpentes, des églises, des cathédrales… et cela depuis l’Antiquité ! Plusieurs raisons peuvent expliquer le désamour récent pour les feuillus : des lacunes importantes concernant leur évaluation mécanique, leur intégration aux process de transformation courants, l’évaluation des produits reconstitués à partir de feuillus et leur reconnaissance par le marché. C’est pour lever ces freins que plusieurs partenaires européens (français, autrichiens, allemands et slovènes) se sont réunis autour du programme EU-Hardwoods. « Il s’agissait de collecter et de compléter les connaissances existantes sur les essences feuillues et d’en assurer la reconnaissance au regard des exigences de la construction », précise Guillaume Legrand, coordinateur du programme au sein de l’institut technologique FCBA, partenaire du projet.
Préparer le cadre normatif
Outre un inventaire de la ressource européenne et de ses perspectives d’évolution, EU-Hardwoods s’est attaché à la question du classement pour la résistance mécanique des feuillus, un préalable indispensable à leur utilisation dans la construction. « Le frein est désormais levé puisque les principales essences feuillues sont aujourd’hui reconnues par la norme européenne EN 1912, ce qui permet de leur affecter des classes de résistance mécanique définies par la norme EN 338 », déclare notre interlocuteur. Le projet EU-Hardwoods s’est également penché sur la création de produits à haute valeur ajoutée, tels que les bois lamellés-collés (BL-C) et les bois lamellés-croisés (CLT), en analysant leur faisabilité technico-économique et organisationnelle. « L’objectif visé ici, poursuit Guillaume Legrand, était de préparer le cadre normatif qui permettra d’accueillir ces nouveaux produits sur le marché. Il faut les faire entrer dans la ˮtraditionnalitéˮ et éviter d’avoir à passer par la procédure d’Avis Technique national ou d’Évaluation Technique Européenne dont le coût peut parfois être rédhibitoire. »
Étudier les perspectives
Les essences feuillues ne seront néanmoins toujours pas pleinement valorisées sans révision en parallèle de l’Eurocode 5, code de calcul pour le dimensionnement des structures élaboré à partir des retours d’expérience sur les résineux. Initié dans le cadre du projet porté par l’Agence Nationale de la Recherche EFEUR (2015-2019) et piloté par le Critt Bois d’Épinal, ce travail devrait aboutir d’ici à 2020. « En parallèle, il est essentiel de mener des études de marché afin que ces nouveaux produits trouvent leur juste place et ne soient pas cantonnés à des marchés de niche », explique le coordinateur du programme. Une première enquête portera sur le coût des lamellés- collés en chêne, une solution aujourd’hui beaucoup plus chère que le même produit en épicéa. Il restera enfin à accompagner les entreprises dans la conduite du changement et à travailler avec elles sur la mise en place progressive de chaînes d’approvisionnement spécifiques à la production de BL-C. « Pour avancer, il faut que scieurs et lamellistes comprennent les contraintes et les attentes de chacun », conclut Guillaume Legrand.
Pour en savoir plus :
• fcba.fr
• codifab.fr
• franceboisforet.fr