Les opérateurs de la filière forêt-bois française se sont immédiatement portés volontaires pour rendre possible la reconstruction à l’identique de « la forêt », célèbre charpente de Notre-Dame de Paris.
Le 16 avril 2019, lendemain de l’incendie de « la forêt » de Notre-Dame de Paris, Michel Druilhe, président de l’Interprofession nationale de la forêt et du bois de 2018 à 2021, déclarait : « Notre filière s’organise d’ores et déjà pour fournir dans les meilleurs délais les ressources disponibles en chêne français issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. Il n’y a aucun doute sur le fait que la forêt dispose des ressources et qualités nécessaires. Il est de notre devoir de rebâtir Notre-Dame de Paris et d’en assurer la pérennité à travers les âges. » Et l’élan de générosité qui a suivi cette déclaration a été impressionnant : propriétaires privés et publics ont décidé d’offrir les arbres pour la reconstruction de la charpente, et les scieurs de les façonner gracieusement.
Mobilisation générale
Dès le départ, la filière forêt-bois a soutenu le projet de restauration à l’identique – qui a été finalement retenu –, alors que certains architectes proposaient des solutions « futuristes » mettant en œuvre une charpente métallique ou encore une toiture en verre. La réalisation de la flèche de Viollet-le-Duc et de ses travées adjacentes nécessite environ 1 000 chênes pour un volume total de 2 500 m3 et constitue la première phase du chantier. La charpente du chœur et de la nef, deuxième phase du chantier, représente, elle, environ 1 000 chênes et 1 500 m3. Pour la première phase, les arbres offerts sont issus pour moitié des forêts publiques – domaniales et communales –, l’autre moitié vient des forêts privées. La sélection et la récolte de ces arbres ont eu lieu de janvier à mars 2021. Les opérations de sciage ont débuté en septembre 2021 et se sont poursuivies jusqu’en juin 2022. En décembre 2021, à la scierie des Géants à Craon, en Mayenne, le sciage des huit grumes de taille exceptionnelle a initié la première étape de la restauration. Ces huit chênes serviront à la reconstruction du tabouret de la flèche et formeront les poutres sur lesquelles elle prendra appui. Livrés aux charpentiers courant 2022, les sciages seront assemblés à blanc en atelier avant d’être montés en 2023 sur le chantier. Ce défi collectif, réunissant plusieurs intervenants (propriétaires, gestionnaires, transformateurs…), est l’occasion de démontrer le savoir-faire français en matière de sylviculture et de transformation des bois. Mais il illustre aussi la cohésion de la filière et sa capacité à se mobiliser pour des actions de grande envergure.
La réouverture de la cathédrale, événement à la résonnance mondiale, est prévue en 2024, année de livraison d’autres réalisations emblématiques destinées cette fois au rendez-vous international des Jeux olympiques et paralympiques de Paris : le Village des athlètes, le Centre aquatique olympique, l’Arena de la porte de la Chapelle, le Grand Palais éphémère… De formidables vitrines, elles aussi, du savoir-faire de la filière bois-construction (voir pp. 10 à 13).
Sauvegarder tout le patrimoine
Le groupe de coordination nationale « France Bois Notre-Dame de Paris », mis en place en avril 2019 par France Bois Forêt, a participé à de nombreuses séances de travail avec les architectes en chef des monuments historiques et l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale. Et les actions entreprises pour restaurer Notre-Dame ont conduit la filière à aller encore plus loin : en novembre 2019, l’Interprofession nationale a créé la Fondation France Bois Forêt pour notre Patrimoine sous l’égide de la Fondation de France, afin de soutenir des projets qui mettent en valeur l’usage du bois français et les savoir-faire en restauration.
En savoir plus
• rebatirnotredamedeparis.fr
• franceboisforet.fr