Du 29 avril au 6 mai dernier, cinquante étudiants – architectes, ingénieurs et Compagnons – se sont réunis à Épinal pour participer aux Défis du Bois 3.0, manifestation dont France Bois Forêt est partenaire. Pour cette 13e édition, ils devaient concevoir et fabriquer des ministudios de musique en bois.
«Réinventer le monde en une semaine avec quelques bouts de bois », tel est le challenge, sans doute un peu fou, relevé par ceux que l’on appelle désormais les « Défiboiseurs ».
À l’origine de l’aventure : des enseignants en architecture de l’École Nationale Supérieure d’Architecture (ENSA) de Nancy et en ingénierie bois de l’ENSTIB (École Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois) d’Épinal décident, en 2005, de faire vivre l’expérience du travail collectif à de jeunes ingénieurs et architectes, fraîchement diplômés. La meilleure des formations n’enseignant pas nécessairement le « faire ensemble », l’idée a germé d’un défi étonnant, qui regroupe de jeunes étudiants aux compétences diverses, n’ayant jamais expérimenté un travail collectif ambitieux. L’objectif de cette épreuve initiatique serait de permettre une expérience de partage et de créativité qui réponde à des contraintes de temps, de matériel et d’inventivité… Les Défis du Bois sont nés.
Depuis 2005, ils sont au total plus de 600, répartis en 110 équipes, à avoir partagé cette aventure humaine pendant 78 jours et 86 nuits pour la création de 110 œuvres aussi originales qu’innovantes. Étudiants architectes et ingénieurs viennent du master ABC de l’Enstib, de l’Ensa Nancy, des universités de Mons en Belgique et de Sarrebruck en Allemagne. Ils sont également accompagnés par les Compagnons du Devoir et du Tour de France. Tous ensemble, ces jeunes ont une semaine pour construire leur bâtiment et donner ainsi vie à un projet qu’ils ont imaginé et conçu depuis janvier 2017.
« Réaliser dix micro-architectures conçues pour répondre à la pratique de la musique. »
Du nomade au sédentaire
Après dix ans d’ « archistructures » éphémères, les Défis du Bois proposent depuis trois ans une nouvelle approche. Il s’agit de réaliser des microarchitectures en bois, pouvant être exploitées par un partenaire privé et/ou public. Cette année, les étudiants ont planché sur la réalisation de « swing cases » (studios musicaux) qui seront installés sur le campus universitaire de l’École polytechnique, à Palaiseau (92), afin de remplacer les actuelles salles de musique. Les dix microarchitectures devaient donc être conçues pour répondre à la pratique de la musique. Équipé d’un piano droit, l’habitacle devait accueillir jusqu’à deux musiciens en plus du pianiste. Tout cela dans une structure légère (2,5 tonnes au maximum) pour faciliter le transport, et des dimensions réduites (4,5 mètres de longueur, 3 mètres de largeur et 3 mètres de hauteur). Au début de l’année, les cinquante Défiboiseurs ont été répartis par tirage au sort en dix groupes.
Une équipe pédagogique pluridisciplinaire spécialisée dans le bois les a encadrés et accompagnés durant la préparation de leur projet, à raison d’un rendez-vous mensuel. Elle était également présente sur le site durant la semaine de construction. Tout au long du projet, les étudiants ont travaillé sur une plateforme collaborative, où ils ont pu déposer leurs travaux et bénéficier d’un suivi automatique. Pour bâtir leur structure, tous ont reçu les mêmes outils et les mêmes matériaux. Petit à petit, les créations ont pris vie, tantôt fantaisistes, tantôt plus classiques, toujours créatives et d’un haut niveau de technicité.
Une vitrine pour tous les publics
Durant toute la semaine du chantier, scolaires et visiteurs ont été accueillis sur le site, où un parcours fléché les invitait à découvrir le campus de l’ENSTIB ainsi que le site des Défis du Bois 3.0. Les Compagnons ont par ailleurs convié les classes de collèges et lycées de la région. Car c’est bien une des ambitions majeures de la manifestation : attirer les jeunes vers les métiers du bois et, pourquoi pas, faire naître des
vocations.
Et le prix France Bois Forêt est attribué au ministudio de musique « L’orgue de barbarie »
« Regarder sans être vu », tel est le thème retenu par l’équipe triplement lauréate des prix France Bois Forêt, prix de l’Ouverture et prix de la Semaine. Dans cette structure, le pianiste peut s’inspirer, jouer, composer devant une grande fenêtre carrée. Afin d’amplifier la perspective, le plan trapézoïdal renforce l’importance de la fenêtre dans la pièce. Puis un moucharabieh, dessiné à la manière des cartons perforés pour orgue de barbarie, vient filtrer la lumière. Le musicien peut à la fois travailler à l’abri des regards et voir dehors. L’espace intérieur définit le volume extérieur. Avec le choix d’un même bardage pour envelopper les façades et la toiture, la réalisation est unique. De la même manière, la forme du studio de musique donne l’illusion d’un volume plus grand ou, au contraire, plus petit, selon l’orientation du regard.
Pour en savoir plus :
• defisbois.fr
• nancy.archi.fr
• enstib.univ-lorraine.fr
• portail.umons.ac.be