Les Fibois régionaux, associations à caractères interprofessionnels, ont notamment pour mission de développer l’usage du matériau bois, prioritairement français, dans la construction, la rénovation et les aménagements intérieurs et extérieurs, ce qui nécessite l’intervention d’équipes de terrain auprès des divers professionnels du secteur du bâtiment. Lucie Meunier, prescriptrice bois chez Fibois Île-de-France et coordinatrice du Réseau Prescription Bois Fibois France, présente les méthodes d’organisation et les enjeux du travail de ces équipes.
Quelle est la principale mission du réseau des prescripteurs des Fibois et de quelle façon construisent-ils leurs actions ?
Leur mission est de prescrire le matériau bois, prioritairement français, auprès de la maîtrise d’ouvrage, le client final, et grâce au réseau, de pouvoir même approvisionner un futur chantier avec l’essence hexagonale souhaitée si elle n’était pas disponible dans la région de ce projet, et ce toujours selon le principe de la bonne essence au bon endroit. Nous nous adressons non seulement à la maîtrise d’ouvrage publique ou privée, aux promoteurs, bailleurs, aménageurs… mais aussi à la maîtrise d’œuvre, aux bureaux d’études et diverses entreprises. L’idée est de les coordonner autour du projet de construction en bois tout en les familiarisant avec l’écosystème forêt-bois. Cela passe par plusieurs types d’actions : collectives, comme l’organisation de formations, salons, conférences, journées techniques, visites de chantiers ou d’entreprises… ou plus ciblées, sur une opération en particulier, où l’on va accompagner plus techniquement la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre ou l’entreprise. Il y a donc tout un travail de connaissance des intervenants locaux, du maillage territorial ou régional, de connaissance des produits et du matériau bois, de veille réglementaire.
Ces actions sont-elles devenues plus difficiles à mener du fait de la crise économique ?
L’arrivée de la RE 2020 a incité les maîtres d’ouvrage et les aménageurs à intégrer du bois et des produits biosourcés à leurs opérations. La RE 2020 est toujours en place, il y a des seuils à atteindre, actuellement, le seuil 2025 et, bientôt, 2028. Nous sommes toujours en attente des textes indispensables tant aux professionnels qu’aux prescripteurs. Nous attendons toujours aussi le texte de la réglementation incendie. Toutefois, l’enquête nationale de la construction bois 2025 sur l’activité 2024, publiée cette année, indique une résilience du secteur de la construction neuve en bois dans un marché déprimé. La construction bois résiste mieux dans un secteur en crise et gagne malgré tout des parts de marché. Au niveau national, 18 250 logements en bois (individuels et collectifs) ont été construits en 2024, contre 22 200 en 2022, mais avec une légère augmentation de la part de marché (6,6 % en 2024 contre 6,2 % en 2022).
À noter aussi que les régions qui, historiquement, avaient moins de constructions en bois, comme le Centre-Val de Loire, les Hauts-de-France, la Bretagne, adoptent la démarche. Il y a un phénomène de rattrapage, à la faveur du Pacte bois-biosourcés visant à massifier la construction en bois et biosourcés et à structurer durablement la filière forêt-bois, qui se déploie dans les différentes régions.
Combien de personnes compte actuellement le réseau des prescripteurs de Fibois France et comment est-il réparti sur le territoire ?
Le réseau compte, cette année, 32 personnes, dont 30 sont employées à plein temps. Les profils sont assez variés : ingénieur construction bois, architecte, charpentier, économiste de la construction… La répartition se fait en fonction du degré de développement de la construction bois sur le territoire donné et de la taille du territoire. Des régions comme le Grand-Est par exemple, la Nouvelle-Aquitaine, l’Île-de-France ou Rhône-Alpes ont plus de prescripteurs que d’autres.
La part des feuillus augmente-t-elle dans les opérations de construction, et y a-t-il des régions où ces essences sont davantage prescrites ?
En France, la ressource en feuillus est majoritaire et toujours sous-utilisée dans les emplois structurels. Néanmoins, le réseau des prescripteurs mène des actions en régions – webinaires, conférences, visites, brochures… – pour faire connaître des opérations où des feuillus ont été mis en œuvre.
Les études menées pour caractériser les essences comme le hêtre, le chêne, le frêne ou le châtaignier ont joué un rôle important pour favoriser leur emploi dans la construction. Mais toutes les essences feuillues n’ont pas encore été caractérisées, et il est important que ces études soient élargies. Les régions comme l’Île-de-France, les Hauts-de-France ou la Normandie, où les feuillus sont majoritaires, sont naturellement plus intéressées par ce sujet en lien avec les préoccupations locales. Il est à noter que l’usage d’autres essences secondaires, telles que le cèdre, le peuplier… est porté par les régions.
Le déploiement des Pactes bois-biosourcés se poursuit sur le territoire national. Quel est le rôle de cet outil et comment se développe-t-il ?
Les Pactes ont été mis en place par les membres du réseau Fibois France pour engager et aider les donneurs d’ordre et la maîtrise d’ouvrage à réaliser des opérations avec tout ou partie de bois et d’autres matériaux biosourcés. L’objectif est de croiser l’offre et la demande. Les Pactes ont permis de sensibiliser les signataires aux produits de la construction répondant aux défis environnementaux. Derrière cette sensibilisation, il y a logiquement la volonté d’aller plus loin et de se former pour monter en compétence. Plusieurs formats sont proposés, allant d’une journée à deux semaines, comme c’est le cas pour la formation Concepteur Construction Bois Bas Carbone (2CBBC).
Actuellement, on recense 216 signataires des Pactes sur huit régions. L’année prochaine, on arrivera à élargir ce réseau à douze régions. 47 % des signataires s’engagent à utiliser des solutions bois et biosourcées sur 10 % de leur surface de plancher, soit au niveau bronze. Il est donc encore le plus souvent indispensable d’accompagner les maîtres d’ouvrage et les aménageurs dans l’exercice des premiers pas et leur démarche.
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