Purifier les eaux industrielles avec des filtres de bois

Posted Posted in La Lettre B

Grâce au soutien financier de France Bois Forêt et du CODIFAB, l’institut technologique FCBA évalue les capacités de fibres de bois français à assainir les eaux industrielles. L’expérimentation s’annonce très prometteuse.

Fibres issues de bois de peuplier. Photo : FCBA

Face à des pénuries d’eau et à sa qualité déclinante, la Commission européenne a présenté, le 4 juin, son projet de stratégie de résilience visant à mieux gérer cette ressource vitale. Le texte, qui doit encore être avalisé par le Conseil et le Parlement européens, vise notamment le zéro-pollution en 2030. Dans ce cadre, les industriels sont invités à contribuer à une économie propre et économe en eau et à mettre en œuvre les moyens d’assurer sa qualité en réduisant, entre autres, les substances fluorées, chlorées, les métaux… Participant à ces mesures ambitieuses, FCBA a initié, dès 2024, un important programme de recherche et de développement de nouvelles solutions d’assainissement des eaux usées des usines et des sites de transformation de la filière forêt-bois. Cofinancé par France Bois Forêt et le CODIFAB, le projet Filtrabois fait le pari de l’innovation. En effet, plutôt que de miser sur des solutions classiques, biologiques, chimiques ou physiques, les chercheurs de FCBA proposent de mettre au point des solutions à partir de fibres de bois pour purifier les rejets aqueux des industries du bois.

Décarboner la filtration

Les techniques actuelles de traitement des eaux sont coûteuses en investissements et en exploitation. Elles consomment des filtres ou des produits d’activation souvent issus de l’industrie pétrolière. Ce qui va à l’encontre des impératifs climatiques de réduction de consommation d’hydro­carbures. En outre, ces techniques doivent être combinées pour obtenir des résultats d’assainissement satisfaisants.

L’institut technologique FCBA et le laboratoire de recherche Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté ont noué un partenariat afin de tester la capacité des fibres de bois à décontaminer des eaux chargées en particules métalliques. Les premiers résultats de leurs travaux montrent une réelle aptitude de certaines d’entre elles à abattre très sensiblement les concentrations de métaux. « En comparant avec d’autres ressources végétales, le bois présente en effet des performances supérieures et une plus grande disponibilité », souligne Maud Navet, chef de file du comité de pilotage de la fédération Arbust qui porte ce dossier.

Peupleraies en bord de Marne (51). Les fibres de peuplier, matériau abondant, disponible, bon marché et biosourcé, affichent des résultats prometteurs. Photo : Sylvain Gaudin/CNPF

Les vertus des feuillus

Ces résultats prometteurs indiquent que les fibres issues de bois seraient performantes pour épurer des eaux industrielles grâce à leur affinité pour les cations présents en solution. Par sa plasticité, le bois est facilement transformable en filtre et, en fin de vie, pose moins de problèmes d’élimination que les solutions actuelles. Dans certaines conditions, la matrice filtrante pourrait même être régénérée. Les scientifiques étudient ainsi le potentiel adsorbant d’essences métropolitaines. « Et dans le lot, les fibres de peuplier semblent être très prometteuses », indique Maud Navet. Pour autant, les recherches n’ont pas encore abouti car, ces prochains mois, de nombreux essais seront menés avec d’autres types de fibres de bois, ainsi que des tests de régénération des filtres expérimentaux. « Il s’agira non seulement d’évaluer leur efficacité en matière de traitement d’eau, mais aussi de mettre au point des techniques permettant d’allonger leur durée de vie et de réduire leur empreinte environnementale », conclut Maud Navet. Rendez-vous en 2027 pour la publication des résultats définitifs.

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