Écorcer le bois pour mieux le protéger

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Enlever l’écorce des billons de pins maritimes permettrait de repousser les attaques de certains ravageurs. Mené par la Caisse Phyto Forêt, association créée par le Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest, un essai se poursuit avec le soutien de France Bois Forêt.

Billons de pins maritimes écorcés. Photos : FCBA

Le sténographe du pin (Ips sexdentatus) est le principal responsable de la mortalité des pins à la suite d’événements comme les tempêtes ou les incendies, attiré notamment par le bois stocké en lisière de forêt. Depuis 2023, l’interdiction d’employer l’insecticide « Forester » sur les bois abattus a donc conduit forestiers et gestionnaires à élaborer de nouvelles stratégies de lutte contre ce coléoptère ravageur. L’écorçage mécanique pouvant s’avérer efficace contre la prolifération de l’insecte, le premier programme Tefor (Tests d’Écorçage en FORêt de pins maritimes), mené par Alliance Forêts Bois, l’institut FCBA et la société forestière Smurfit Westrock Comptoir du pin, visait à tester l’efficacité de têtes d’abattage écorceuses sur le pin maritime dans le massif des Landes de Gascogne, son taux d’écorce étant plus élevé que celui du sapin ou de l’épicéa. En éliminant l’écorce, les forestiers limiteraient le développement des ravageurs sous-corticaux tout en s’inscrivant dans une approche de gestion durable des forêts en restituant des éléments nutritifs au sol et en réduisant la propagation de pathogènes. « Dans le cadre de Tefor, des essais ont ainsi été menés, en 2024, avec des machines de bûcheronnage équipées de têtes d’abattage écorceuses de trois marques différentes », souligne Isabelle Simme, chargée de mission Sanitaire à la Caisse Phyto Forêt. Les taux d’écorçage pouvaient atteindre près de 80 % en sept passages du billon dans la tête d’écorçage. Mais l’opération se révèle-t-elle efficace contre les insectes ?

Examen en laboratoire

C’est l’objet du second volet du programme, Tefor 2, soutenu par France Bois Forêt. « Cette fois, il s’agit de suivre l’efficacité sanitaire de ce mode de gestion de crise », poursuit Isabelle Simme. Cette étude a été définie en collaboration avec le Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, la Caisse Phyto Forêt, différents intervenants de la filière (CNPF, DSF, ONF, FCBA, ETF NA, Alliance Forêts Bois, FIBNA), l’INRAE et FREDON NA. Les essais se dérouleront sur plusieurs chantiers d’abattage, et un protocole élaboré par l’INRAE et le DSF sera mis en œuvre en 2025. « L’objectif est d’abattre soixante arbres, à partir desquels on produira deux-cent-quarante billons, plus ou moins écorcés. Puis ils seront entreposés sur deux sites différents, afin de suivre les attaques de scolytes », explique Isabelle Simme. Les billons seront ensuite mis en observation, plusieurs semaines durant, dans un laboratoire. Cet examen permettra de déterminer l’impact de l’écorçage sur le développement des larves. Les résultats définitifs de l’expérimentation seront connus en 2026. À l’issue de cette étude, il sera possible de déterminer quel taux d’écorçage permet effectivement de rebuter les insectes se développant sous l’écorce du pin maritime. 

L’écorçage mécanisé

Tête d’abattage écorceuse.

Les résultats des premiers écorçages méritent l’attention des professionnels. Si les têtes d’abattage se révèlent efficaces pour écorcer les billons, l’opération nécessite toutefois plusieurs passages, ce qui réduit la productivité du chantier et accroît la consommation de carburant de l’abatteuse. Des pertes de bois ont également été constatées. Enfin, le bois écorcé est plus glissant en période de sève, ce qui accroît les risques lors du débardage ou du transport par un grumier. Ils peuvent glisser dans les grappins et tomber, ou glisser des paniers pendant le déplacement du porteur ou du grumier, d’où l’intérêt de valider la possibilité d’écorcer les billons de pin maritime en forêt hors période de sève comme dans l’essai d’écorçage Tefor.

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