Lisières bocagères : bonnes pour le pin maritime ?

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Avec le soutien de la Section spécialisée Pin maritime de France Bois Forêt, des lisières bocagères ont été installées dans le massif des Landes de Gascogne. Objectifs : préserver la biodiversité et renforcer la résilience des plantations de pins maritimes. Les premiers résultats se révèlent positifs.

Exemple de kit de plantation. À noter : celui-ci ne comprend pas seulement des feuillus, mais aussi des plants de pin pignon, essence choisie ici pour son effet répulsif sur Monochamus galloprovincialis, coléoptère vecteur du nématode du pin, parasite microscopique xylophage, ravageur des conifères. Sa présence renforce l’action des feuillus qui eux-mêmes, entre autre, réduisent l’installation de la chenille processionnaire du pin. Photos : Alliance Forêts bois

Préserver la biodiversité en forêt est essentiel. Dans un massif, la présence d’habitats diversifiés permet de répondre aux besoins écologiques d’un plus grand nombre d’espèces végétales et animales, entraînant une diversification des paysages sur le temps long. Les résultats de recherches récentes montrent également que la plantation de lisières forestières renforce la résilience des plantations d’arbres. Le projet Bocage forestier en est témoin. Initié en 2020 par Alliance Forêts Bois, l’IEFC et l’INRAE, ce programme, soutenu par France Bois Forêt, la Région Nouvelle Aquitaine et l’Union européenne, vise à concilier production forestière, diversité du paysage et développement et maintien de la biodiversité dans le massif des Landes de Gascogne avec pour seul outil la plantation de lisières composites.

Une dizaine d’essences sélectionnées

« La première étape a été de déterminer le périmètre de l’expérimentation. Nous imaginions intervenir sur 27 000 hectares, mais cette surface s’est révélée insuffisante pour mettre en œuvre le protocole scientifique conçu par l’INRAE », explique Loïc Cotten, directeur du développement d’Alliance Forêts Bois. Finalement, les essais seront réalisés sur près de 80 000 hectares, intégrant la zone des incendies de l’été 2022 à restaurer. La deuxième étape a consisté à déterminer le meilleur mix végétal pour composer les lisières à planter.
« En tenant compte des sols, du milieu, du climat et de son évolution, nous avons sélectionné une dizaine d’essences d’arbres, comme le chêne vert, le chêne liège, le poirier, le sorbier des oiseleurs, etc., et d’arbustes comme l’arbousier, la bourdaine… », poursuit-il. Scientifiquement validée, cette sélection a permis aux pépiniéristes de préparer des kits de plantation adaptés à chaque parcelle. Cette technique a permis d’optimiser le rythme de plantation des lisières forestières. « En quatre ans, nous en avons installé une soixantaine de kilomètres », souligne Loïc Cotten.

Kit de plantation en pépinière.
Jeune lisière implantée à proximité d’une pinède.

La greffe prend

Et les premières données sont recueillies : « Une bonne part de la trentaine de taxons4 suivis par les écologues s’installent dans les lisières et y créent des biotopes pérennes complémentaires de ceux déjà présents dans les peuplements de pin maritime », se félicite l’ingénieur forestier. La greffe des feuillus dans les massifs de pins maritimes prend ! Et cela s’avère positif pour les forêts de résineux : « Ces lisières réduisent certains dégâts. Elles masquent les pins maritimes vis-vis du papillon de la chenille processionnaire du pin qui va donc pondre ailleurs. » À mesure que les feuillus prospéreront, les scientifiques espèrent démontrer in situ d’autres de leurs effets positifs, comme la protection des pins contre les vents des tempêtes hivernales ou les départs de feu. En attendant, la méthode intéresse. Les premières lisières viennent d’être plantées dans des forêts périgourdines et charentaises. Elles pourraient prochainement faire leur apparition sur les anciens vignobles girondins promis à la reforestation.

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