Après deux années de tendance haussière, les prix du pin maritime semblent s’apprécier à la baisse. Un phénomène dont les causes sont nombreuses, explique Éric Toppan, coordinateur national de l’observatoire économique et de la veille économique mutualisée (VEM) de France Bois Forêt.
L’économie du pin maritime gascon est à la croisée des chemins. La période qui s’est ouverte au début de l’été 2022 plonge les professionnels de la filière dans la perplexité. Tous s’interrogent sur l’évolution des prix du bois à court et à moyen termes : une situation inédite depuis que la Société forestière de la Caisse des dépôts, l’Asffor1, les Experts forestiers de France et France Bois Forêt publient, annuellement, l’indicateur des prix de vente des bois sur pied en forêt privée.
Créé en 2013, cet indicateur est le fruit de la concaténation des résultats des ventes groupées de bois sur pied réalisées sur tout le territoire. Portant sur le chêne, le hêtre, le Douglas, l’épicéa commun, l’épicéa de Sitka, le sapin pectiné, le peuplier, le pin laricio, le pin sylvestre et le pin maritime, ces chiffres constituent la référence qui éclaire les mécanismes d’évolution des cours et aident à mesurer la performance de l’investissement forestier.
Rattraper l’activité perdue
Des données en plein bouleversement… « Ces dix-huit derniers mois, souligne Éric Toppan, les prix ont été bien orientés à la hausse. » Après une période de retour à une dynamique haussière, postérieure à la tempête Klaus de 2009, les sylviculteurs et les transformateurs ont bénéficié, en 2021-2022, d’une très forte demande consécutive à la relance de l’économie : « Passé les effets des confinements, tous les secteurs consommateurs de bois – emballage, transports, logistique, construction – ont cherché à rattraper l’activité perdue entre 2020 et 2021. » Entre 2020 et 2021, les prix de la quasi-totalité des essences ont ainsi progressé de 13 % à 39 %. Toutes régions confondues, les prix du pin maritime ont bondi de 21 % durant cette période, atteignant en moyenne 46/m3. Et bien plus encore pour les bois issus du massif des Landes de Gascogne.
Les effets du confinement chinois
Cette période d’embellie a-t-elle trouvé son terme ? Difficile à dire, alors que le gros des ventes est encore à venir, à l’heure où nous mettons sous presse. Les premières remontées du terrain laissent pourtant poindre un reflux des prix. Plusieurs explications peuvent d’ores et déjà être avancées.
La suractivité imputable au rattrapage des années 2020-21 est retombée. Presque oubliée sous nos latitudes, la pandémie de Covid-19 se poursuit dans plusieurs régions du monde. Le confinement d’une trentaine de mégapoles chinoises perturbe grandement les chaînes de production et logistiques du monde entier. Phénomène amplifié par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Moins de produits finis, c’est moins de demandes de transport et d’emballages. Alimentée par la flambée des prix de l’énergie, l’inflation ralentit aussi l’activité économique. « Cela influe en particulier sur la construction. Les taux d’emprunt ont augmenté. Ce qui pénalise les primo-accédants et les PME », souligne Éric Toppan.
Alors que de nombreux sylviculteurs essuient des pertes sévères, consécutives aux incendies de l’été 2022, la profession espère que les prix de la campagne 2022, pour l’ensemble de la filière, permettront de poursuivre une exploitation durable du massif des Landes de Gascogne. Ce qui implique, plus qu’hier, de prendre en compte de nouvelles contraintes. À commencer par les effets accrus des changements climatiques.
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