« Vétiver » : une médiathèque bois sous les tropiques, un parfum d’ailleurs

Posted Posted in Non classé

« Vétiver » : une médiathèque bois sous les tropiques, un parfum d’ailleurs

Primée au Prix national de la construction bois 2019, mention Climat tropical, la médiathèque du Sud Sauvage de Saint-Joseph, à La Réunion, réinterprète l’habitat traditionnel local à travers une architecture contemporaine. Et le bois y a toute sa place.

Surnommée « Vétiver », la médiathèque de Saint-Joseph reprend l’image
du fagot de la plante très répandue et utilisée à La Réunion. Photo : Hervé Douris

 

Magnifier le territoire et les racines culturelles de La Réunion, telle était la ligne de conduite du projet de média­thèque de Saint-Joseph. « Et pour cela, explique Nicolas Peyrebonne, architecte, nous avons pris le problème à l’envers : nous avons observé le mode de vie et d’habitat de l’île et sommes partis de l’usage pour en reprendre le schéma. » Ainsi, le bâtiment reproduit le séquençage de l’habitat domestique traditionnel : le jardin d’apparat, lien entre le public et le privé, est matérialisé ici par un parvis ; la varangue, sorte de véranda, est réinter­prétée par des colonnes de béton, ouvrant sur une zone intermédiaire (accueil, exposition) entre les deux sphères ; enfin, la « kour », l’espace intime, est figuré par l’espace jeunesse organisé en une succession de cabanes en pin sylvestre à l’échelle des enfants.

« Vétiver », confort thermique et bioclimatique

À l’instar de la toponymie imagée des lieux dans la langue créole – « Souris chaude », « Ravine blanche » –, la médiathèque a été baptisée « Vétiver », plante endémique très utilisée sur l’île. Et le bâtiment reprend au premier degré la forme du petit fagot, « posé sur un bloc de basalte pour dessiner la forme singulière du bâtiment principal ». Dans cette approche, le bois s’est imposé, telle une évidence : « Longtemps méjugé car associé à la pauvreté et aux maisons des plus démunis, il a fallu revendiquer ses qualités. » Et quelles qualités ! Sa faible inertie (il ne stocke pas la chaleur) répond à la double problématique de confort thermique et de bâtiment bioclimatique, le tout en harmonie avec l’habitat vernaculaire : ouverture constante sur l’extérieur, limites floutées entre le dehors et le dedans, avec espaces tampons. Le bâtiment est donc plongé dans un îlot de fraîcheur végétale, tandis que ses brise-soleil évitent le rayonnement direct. Le volume est largement ouvert, et la ventilation naturelle traversante, soutenue par une cheminée dépressionnaire, évacue l’humidité. Ossature, charpente et bardage sont en pin sylvestre issu des forêts françaises gérées durablement (traitement autoclave1). Les brise-
soleil sont, eux, en moabi sans finition.
À noter, pour lutter contre les termites et l’humidité, le bois est systématiquement désolidarisé du sol, et la structure posée sur un socle en béton, zone sismique oblige.

Sorte de véranda, la varangue est réinterprétée par des colonnes de béton, ouvrant sur l’espace d’accueil et d’exposition.
Photo : Stéphane Repentin

 

  • Maître d’ouvrage : Commune de Saint-Joseph (974)
  • Maître d’œuvre : Co-Architectes (974)
  • Entreprises bois : Charpente Cénomane (72), Réunion Toiture (974)
  • Surface : 2 494 m2
Partager l'article sur vos réseaux sociaux :