Suite du programme « Cadre de vie » visant à apporter une vision stratégique et économique des futures activités de la filière, France Bois Industries Entreprises (FBIE) rendait publiques, en octobre 2019, les brochures Wood-health et Wood-luxury (Bois Santé et Bois Luxe en français dans le texte). Ces deux études, cofinancées par France Bois Forêt et le Codifab*, décryptent, chiffres à l’appui, les marchés bois de la santé et du luxe, et donnent des clés concrètes à la filière bois. Vincent Petitet, délégué général de FBIE et directeur du projet, évoque pour nous les avancées obtenues depuis 2018.
Wood-health et Wood-luxury démontrent que le secteur bois peut gagner des parts de marché dans l’univers de la santé comme dans les enseignes de luxe et les réseaux hôteliers étoilés.
La Lettre B – Dans les bâtiments liés à la santé, le maître mot de votre étude est « confiance », celle qu’il faut conquérir auprès des institutions publiques et du ministère de la Santé. Avez-vous noté une progression de cette confiance ?
Vincent Petitet – L’étude pour Wood-health a donné lieu à plusieurs auditions de personnalités qualifiées, dans le monde médical ou institutionnel. On note un net intérêt pour le matériau bois, notamment pour le bien-être qu’il procure au sein des environnements de soins, en psychiatrie par exemple. Par ailleurs, nos interlocuteurs sont très sensibles aux propriétés du bois, c’est pourquoi nous avons rédigé, avec l’aide de scientifiques, un argumentaire propre à les rassurer.
Les besoins en accueil pour personnes dépendantes, l’implantation de maisons pluriprofessionnelles de santé, la volonté de réunir nature et hôpital pour le bien-être de tous, les vertus antimicrobiennes du bois, sont autant d’atouts en sa faveur… Quelle est votre démarche ?
Nous nous sommes appuyés sur des réalisations déjà existantes pour nos travaux « bois-santé », par exemple le centre de psychiatrie de Metz inauguré en 2018, qui fait la part belle au bois dans ses aménagements intérieurs. On constate une évolution des pratiques, qui font un lien direct entre l’architecture d’un lieu et les soins que l’on y prodigue : « Le lieu fait lien », comme l’explique le sociologue Michel Maffesoli, qui a contribué à notre réflexion.
Le rapport Wood-luxury souligne que la filière forêt-bois, pour être compétitive en France et à l’étranger, doit proposer des concepts. Et aller au-delà de la beauté du produit et de l’excellence du savoir-faire français. Avez-vous observé des changements ?
Il est encore trop tôt, car notre étude est sortie en octobre. Néanmoins, nous souhaitons continuer ce travail auprès des opérateurs de la filière en professionnalisant leur approche des marchés du luxe et en nouant des liens avec les grands groupes. À ce titre, notre document comporte une étude de cas réalisée en partenariat avec le groupe Barrière.
Vous préconisez un argumentaire rigoureux à destination des entreprises bois, ainsi que des éléments de langage écoresponsables : matériau renouvelable, à faible impact carbone, recyclable, chantiers plus courts… Pourquoi ?
Notre filière est très sensibilisée à l’écologie et à ses prérequis en matière de décarbonation : dans ce souci de durabilité et d’économie circulaire, le bois est un matériau biosourcé incontournable. Aussi sommes-nous très mobilisés sur la diffusion auprès de nos professionnels d’un discours argumenté afin qu’eux-mêmes puissent étayer leur propos commercial quant aux qualités du matériau.
Wood-health et Wood-luxury recommandent une communication accrue en interne, des cursus de formation spécifiques, une veille nationale sur les projets. Les entreprises du bois doivent-elles repenser leur structure organisationnelle pour faire face à la concurrence étrangère notamment dans le luxe ?
Notre filière est historiquement composée de PME/TPE et d’industries ou d’entreprises familiales. C’est ce qui fait qu’elle peut se prévaloir de savoir-faire acquis et reconnus comme tels. Ainsi que le prouvent nos deux études, l’ambition d’aller vers des marchés d’envergure est réelle chez nos professionnels. Comme toute ambition réfléchie, elle nécessite une structuration soignée et de nouvelles formes d’organisation sur lesquelles nous œuvrons, avec l’aval de la filière, mais aussi en synergie avec l’amont. Ces deux études ont, en effet, bénéficié d’un cofinancement de France Bois Forêt et du Codifab*, la démonstration que l’ensemble de la filière est engagée dans cette dynamique marchés.
______________________________________________
*Comité professionnel de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois.
Pour en savoir plus :
• fbie.org
• codifab.fr