GIE Semences forestières améliorées : la clé de la résilience des forêts

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Membre actif de France Bois Forêt, le GIE2 Semences forestières améliorées (SFA)3 est en charge de la valorisation des vergers à graines d’État. Objectif : produire des semences d’arbres et développer la diversité au sein d’une même espèce forestière pour une bonne résilience. Cela afin d’optimiser l’adaptabilité des forêts aux futures conditions pédoclimatiques4. Rencontre avec Richard Hébras, président du groupement.

La Lettre B – Quelle est votre mission ?
Richard Hébras – La responsabilité du GIE SFA est de gérer les vergers d’État constitués de variétés améliorées5, issues de la recherche publique. Nous travaillons avec l’ONF, l’institut technologique FCBA6, les chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea). Ces deux instituts sont regroupés, depuis le 1er janvier 2020, en une seule entité : l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Cette recherche publique porte sur les espèces majeures pour le reboisement en France.

Quelles surfaces et espèces ces vergers représentent-ils ?
Actuellement, les parcelles en production gérées par le groupement occupent 155 hectares, pour huit espèces. Largement en tête, le Douglas avec 90 hectares ; viennent ensuite le mélèze hybride et le mélèze d’Europe, soit une vingtaine d’hectares ; puis le pin sylvestre, le pin noir Laricio, l’épicéa, le sapin de Vancouver. Et aussi le sapin de Bornmüller, une espèce originaire de Turquie s’avérant intéressante, dans le contexte de changement climatique, pour une bonne partie de la France métropolitaine. Ces vergers sont majoritairement situés dans le Lot (Sud-Ouest), en raison d’un microclimat idéal et d’un bon sol. Ce choix est également stratégique : on évite la dispersion sur le territoire, pour une plus grande efficacité et une meilleure rationalisation dans le suivi.

Comment abordez-vous la probléma­tique du changement climatique ?
En premier lieu, ce sont les chercheurs qui y travaillent. Un verger est composé d’un ensemble d’arbres différents. À partir de cette diversité, nous sélectionnons des critères pour développer des peuplements adaptés aux conditions futures. C’est une vision à long terme, sachant qu’il faut au minimum dix ans pour qu’un verger commence à produire, et quinze à vingt ans pour être en pleine production. Les chercheurs partent d’hypothèses (modèles climatiques).
Une fois les spécimens identifiés avec une orientation donnée – une plus grande résis­tance au stress dû à la sécheresse par exemple –, cette population sélectionnée est plantée et donnera des graines intégrant cette spécification.

Quelles sont les principales orientations ?
L’objectif est de répondre aux attentes de la filière et d’avoir une vision sur les besoins et les contraintes à moyen et long termes pour produire un bois de qualité. Bien entendu, les critères de base sont importants – par exemple, la croissance et la qualité de branchaisons qui permettent d’augmenter la production. Pour les semences, nous sommes plus dans une logique d’arboriculture que de sylviculture : les arbres ne sont pas trop serrés et sont fertilisés de façon à favoriser le développement des houppiers et à obtenir ainsi un maximum de graines de qualité. Une des grandes orientations est d’accroître la résilience des forêts, qui est étroitement liée à la diversité génétique dans les peuplements. Ou encore de développer des critères de résistance aux maladies.

Où en est-on aujourd’hui en matière de renouvellement ?
Nombre de ces vergers d’État installés dans les années 1980 sont aujourd’hui vieillissants. Avec l’âge, la récolte par grimpage (action de monter dans l’arbre pour récolter) est plus longue et donc plus coûteuse en raison de la hauteur des arbres. Et, bien entendu, nous devons aussi intégrer les améliorations obtenues par les travaux de sélection. D’où notre programme de renouvellement visant à produire une quantité suffisante de semences améliorées et à répondre ainsi aux besoins de la filière. Dans les cinq ans à venir, nous mettrons en place plusieurs vergers : du Douglas sur 20 hectares, du cèdre de l’Atlantique sur 3 hectares, des mélèzes sur 10 hectares et – une nouveauté – du robinier (Robinia pseudoacacia) sur 4 hectares. L’installation d’un verger à graines est coûteuse : production des plants, préparation de la parcelle, plantation, remplacement des plans morts, suivi des opérations… Le programme de renouvellement est chargé, mais nécessaire pour l’avenir de nos forêts !
Le travail des semences se déroule dans deux sécheries : celle de Lajoux (Jura), dernière sècherie publique, pour l’ONF, et celle de Vilmorin-Mikado dans le Maine-et-Loire. Nous communiquons régulièrement, notamment sur la disponibilité des semences. Tous ceux qui sont en amont – pépiniéristes et professionnels du reboisement – sont directement intéressés par cette ressource.

1Résilience : capacité d’une forêt à retrouver un fonctionnement, un développement et un équilibre dynamique normal après une phase d’instabilité engendrée par une perturbation environnementale.
2 Groupement d’intérêt économique.
3 Le GIE SFA fédère l’Office national des forêts (ONF) et l’entreprise
Vilmorin-Mikado, Business Unit
de Limagrain rassemblant Vilmorin (semencier français) et Mikado Kyowa Seed (semencier japonais).
4Relatif au pédoclimat, c’est-à-dire le climat interne du sol, caractérisé par les conditions saisonnières de température, d’hydromorphie, d’aération, de pression partielle en CO2.
5 Variétés issues de populations naturelles dont on a identifié les individus correspondant aux critères recherchés. Des récoltes de fruits, de boutures ou de greffons sont effectuées sur ces arbres pour les multiplier, les croiser et créer des variétés améliorées.
6 Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement

Pour en savoir plus : • agriculture.gouv.fr inra.fr • irstea.fr • onf.frvilmorin-semences-arbres.com • fcba.fr

©Laboratoire de germination – Rémi Caritey/Vilmorin

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