Bardage et terrasse bois : une évolution favorable du marché dans un contexte de crise

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Évalué à plus de 18 Mm2 en 2024, le marché des bardages et terrasses en bois affiche à nouveau une tendance positive. Compte-rendu de deux études publiées cet été par la Fédération nationale du bois (FNB) et Le Commerce du Bois (LCB), avec le soutien de France Bois Forêt.

Le douglas devient une essence de référence en façade (en photo : bardage Vibrato en douglas français, imprégnation colorée marron, résidence Équinoxe, Montpellier (34) ; architecte : Lebunetel Architectes Urbanistes). Photo : Julien Thomazo
La terrasse en résineux continue de progresser en volume (+ 6,8 %) et représente désormais plus de 66 % de parts de marché (en photo : terrasse Catalina en douglas français, imprégnation colorée prégrisée). Photo : Piveteaubois

La Fédération nationale du bois et Le Commerce du Bois viennent de publier deux études complètes sur l’évolution des marchés français des bardages bois et des terrasses bois entre 2019 et 2024. Réalisées par l’expert Jean-Marc Mornas, ces analyses révèlent un secteur qui se réorganise, entre effets de la crise, évolution des usages et transition environnementale.

Les bois français s’imposent en façade…

En 2024, le marché du bardage bois a atteint 6,05 Mm2, ce qui représente une progression de 6,1 % sur cinq ans. Rappelons qu’après une forte hausse en 2020-2021 (+ 18 %) portée par la vague de rénovations post-Covid, le marché a reculé de 10,9 % entre 2022 et 2023. En cause, plusieurs facteurs : l’inflation, le coût des matériaux, les taux d’intérêt élevés. En 2024, la reprise reste timide (+ 1 % par rapport à 2023), freinée par la crise du bâtiment. Néanmoins, la rénovation énergétique monte en puissance, notamment grâce aux dispositifs incitatifs et à la recherche accrue de solutions bas carbone de la part des prescripteurs.

Ainsi, on note une hausse des quantités de douglas français vendues, qui s’impose comme une alternative crédible aux essences rivales européennes, avec une hausse de 47 % des volumes en 5 ans (tous types de bardages confondus, hors bardages peints, ce type de produit ayant perdu 6,6 points de part de marché en 5 ans), contre, pour la même période, + 4,1 % pour le sapin du Nord et l’épicéa, + 11,4 % pour le pin du Nord, – 66 % pour le mélèze, - 67 % pour le Red Cedar, tandis que les bardages en feuillus progressent pour représenter désormais 2 à 3 % du marché du bardage bois. « La filière s’est structurée et, aujourd’hui, elle a des capacités permettant de répondre aux besoins des consommateurs avec des solutions de qualité qui n’ont rien à envier aux produits importés, constate Maud Navet, chargée de mission Pôle seconde transformation à la Fédération nationale du bois. Les scieurs français ont investi dans les séchoirs et, en général, dans la seconde transformation, ce qui a permis d’élargir l’offre. Il se sont également engagés sur la durabilité des produits avec des investissements concernant la préservation des bois. »

… et le douglas détrône le mélèze

L’étude fait par ailleurs état de la nouvelle répartition des essences sur ce secteur. Le mélèze, autrefois essence phare des bardages, perd des parts de marché au profit du douglas qui, avec 44 % des volumes de bardages (toutes essences confondues, y compris bois d’import) en 2024, devient l’essence de référence. « L’interdiction d’importation de bois russes, en vigueur depuis juillet 2022, a certainement aidé le douglas à renforcer sa position et à mettre en évidence ses atouts : ressource locale, durabilité naturelle et réponse aux exigences environnementales de la RE 2020, explique Maud Navet. Ce bois a des caractéristiques qui en font une excellente solution en façade. Il n’y a donc pas de raison pour qu’il reste dans l’ombre du mélèze comme c’était le cas précédemment. »

Source : étude Jean-Marc Mornas, 2024

Les terrasses s’habillent principalement de résineux

Le marché de la terrasse bois, lui, connaît une reprise plus marquée. Si la période de crise sanitaire a été favorable au marché de la terrasse bois (+ 27,4 % entre 2019 et 2020), cet effet bénéfique a été stoppé avec le conflit armé en Ukraine provoquant un contexte de crise économique. Le secteur va pourtant repartir à la hausse en 2024 avec 6,8 % par rapport à 2023. Ce rebond s’explique notamment par le dynamisme des ventes en grandes surfaces de bricolage et dans les négoces spécialisés, mais cache aussi une recomposition en profondeur de l’offre, en relation avec une évolution marquée des comportements d’achat et des attentes des consommateurs. Les terrasses en bois résineux restent des produits phares du marché, représentant 66 à 67 % des ventes de terrasses bois et dérivés, soit près de 7,9 Mm2 vendus en 2024 sur le total de 11,9 Mm2. Ces produits, et notamment les versions autoclaves1, sont plébiscités pour leur rapport qualité/durabilité/prix. Ils sont perçus comme accessibles, simples à poser et adaptés à un large public, ce qui en fait des produits d’appel pour la distribution professionnelle comme grand public. Ici aussi, comme sur le marché des bardages, les lames en douglas autoclave participent fortement à cette dynamique. Avec 770 000 m2 vendus en 2024, elles connaissent une progression soutenue de 7 % depuis 2019. Une tendance qui reflète une demande croissante pour les bois locaux, mais aussi l’adaptation des scieries qui ont su développer leur offre depuis la crise sanitaire.

Les bois exotiques reculent

Les terrasses en bois exotique sont en net recul (- 20 % depuis 2019) et ne représentent plus que 15,2 % du marché, soit environ 1,8 Mm2 en 2024. On observe ici une évolution sociétale vers le local et les circuits courts, privilégiant les bois français ou européens. Des contraintes réglementaires constituent un autre facteur qui explique cette situation. L’inscription en novembre 2024 de l’ipé et du cumaru à l’Annexe II de la CITES2 a fortement freiné les importations du Brésil, jusqu’ici majoritaires. Néanmoins, certains professionnels estiment que les ventes de bois exotiques pourraient se stabiliser, avec une clientèle haut de gamme attachée à leur durabilité et à l’absence d’entretien.

Les composites et le bambou : une offre alternative

Les terrasses en bois composite extrudé et en bambou thermotraité sont présentes surtout sur les segments premium. Ils maintiennent leur part de marché à 17,8 %. Si les volumes de ventes de composites reculent de 17 %, le bambou progresse fortement en compensant partiellement cette baisse.


Objectifs 2030

La Fédération nationale du bois et le Commerce du Bois soulignent que ces évolutions constituent une opportunité stratégique pour la filière : structuration d’une offre durable, montée en gamme de produits, valorisations des essences locales. L’objectif à moyen terme est clair : atteindre 7 Mm2 de bardage (+ 8 à + 9 % sur 5 ans) et 14 Mm2 (+ 19 % à 20 % sur 5 ans) de terrasse d’ici 2030, dans une logique de développement durable et d’ancrage territorial. Un défi qui demandera des efforts supplémentaires de la part des fabricants français ? « Nous allons garder le même rythme de production, mais nous sommes très satisfaits parce qu’il y a eu des appels à projets avec des aides de l’État pour travailler sur nos sites industriels et augmenter la productivité. C’est grâce à ces investissements-là que nous allons pouvoir répondre au marché et aux demandes exigeantes de la RE 2020 », conclut Maud Navet.

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