Les communes forestières, un vecteur de la mise en œuvre de bois locaux et français

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Communes forestières France et son réseau de chargés de mission sensibilisent, forment et accompagnent les collectivités dans leurs projets de construction bois, d’extension et/ou de rénovation. Entretien avec Angéline Fourchaud, chargée du dossier Bois-Construction pour cette fédération.

Visite du nouveau siège administratif de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) en construction à Mende en Lozère (48) : douglas et épicéa locaux certifiés Bois des territoires du Massif central (BTMC). Maîtrise d’ouvrage : CCI Lozère. Maîtrise d’œuvre : Ideebat, Plus de Vert, Bonnet & Teissier, IB2M. Scieurs : ELP Bois, Scierie Montmartin & Fils, Filaire SAS. Lamelliste : Bois Collé d’Auvergne, Filaire SAS. Charpentier : SAS Maliges Construction Bois. Négoce : Artisans du Velay. Photo : Certification BTMC

À quand remonte la mise en place du programme « Accompagner les collectivités pour utiliser du bois local et français » soutenu par France Bois Forêt, et quelles ont été les raisons de son élaboration ?

La construction bois est au centre de nos préoccupations depuis de nombreuses années. Dès 2012, les communes forestières ont mis en œuvre le programme démonstrateur « 100 constructions publiques en bois local », accompagnées par le Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, le Ministère de l’Égalité des territoires et du Logement et France Bois Forêt. Ce dossier s’est terminé en 2020 par la production d’un outil d’analyse des retombées territoriales des projets bois, l’indicateur « ART », complémenté en 2021 par le programme structurant d’Accompagnement des collectivités à l’utilisation du bois local et français.

Pourriez-vous rappeler ce qu’est l’indi­cateur « ART » ?

« ART », pour Analyse des retombées territoriales, a été mis en place par les communes forestières pour donner une valeur locale à un projet construit. Plus les entreprises et le bois sont locaux, c’est-à-dire dans un rayon de 80 km autour du projet de construction, plus l’indice est haut. Pour un projet qui mobilise du bois local, transformé et mis en œuvre par des prestataires locaux, l’indice se situe entre 80 et 90 %. Un indice « ART » de 80 % signifie que, sur 100 euros investis dans la part de bois du projet, 80 euros sont directement investis dans l’économie du territoire. Si le bois et les entreprises sont en France, mais à l’extérieur du rayon de 80 km, l’indice va être de 50 à 60 %. ART calcule aussi le nombre de tonnes de CO2 stockées et évitées, le nombre d’emplois créés ou maintenus et la surface de forêt gérée durablement.

Halle de Saint-Merd-les-Oussines en Corrèze (19), bâtie en douglas et mélèze locaux certifiés Bois des territoires du Massif central (BTMC). Maîtrise d’ouvrage : Commune de Saint-Merd-les-Oussines. Maîtrise d’œuvre : Syndicat de la Diège (19) ; Sophie Bertrand Architectures (87) ; BET Hemery (87). Menuisier, charpentier, scieur : Gouny TMB (19). Photo : Communes forestières France - Sophie Bertrand Architectures

Quels sont les enjeux du programme structurant d’accompagnement des collectivités à l’utilisation du bois local et français ?

Les élus souhaitent construire en bois pour remplacer des matériaux plus énergivores, utiliser du bois local, tracé, récolté et transformé à proximité de leurs projets pour optimiser les retombées sur leurs territoires, promouvoir les industries et compétences locales. Il est très important pour eux de valoriser le bois récolté et transformé localement car c’est ce processus qui permet de dynamiser leurs territoires grâce à une démarche vertueuse et porteuse de valeur ajoutée. Donc il s’agit de mettre en œuvre le bois local en évitant le bois d’importation et, lorsque le bois local n’est pas disponible, d’utiliser du bois français. Ce point est primordial.

Quels ont été les principaux axes de travail ? 

Pour réussir ce défi, les axes principaux sont la sensibilisation, la formation et l’accompagnement des collectivités.Lorsque des élus se lancent dans un projet de construction bois, la collectivité est le maître d’ouvrage avec tout ce que cela implique comme responsabilités. Ils doivent passer par le système très encadré de la commande publique, expliquer leurs décisions à leurs administrés et être exemplaires. C’est pourquoi l’accompagnement des chargés de mission de Communes forestières France tout au long des projets est primordial. Nos équipes proposent diverses activités, telles que webinaires, formations, visites sur le terrain, ainsi que divers outils : formations, guides, fiches techniques, retours d’expérience, observatoires bois-construction… Les principaux bénéficiaires sont les élus, mais notre accompagnement est également utile aux architectes, entre­prises et partenaires des projets.

Nous assurons également le suivi des projets, de la conception à la réalisation en passant par la programmation, la commande publique, le choix de la maîtrise d’œuvre et la consultation des entre­prises. Nos chargés de mission accompa­gnent les élus dans toutes ces étapes. Il faut être proche des élus et échanger avec eux pour constater et comprendre leur fierté de pouvoir dire « cette halle est construite avec du bois de notre forêt communale ou de notre massif grâce à nos entreprises locales ». La construction en bois local permet aussi de faire de la pédagogie, de montrer aux citoyens que la récolte forestière sert à construire durablement, que le bois mis en œuvre sur le chantier a été scié dans la scierie du village voisin, que c’est le charpentier situé à proximité qui a construit la halle, la salle municipale, l’école, etc.

Groupe scolaire Rosa-Bonheur d’Aucamville (31), Prix régional de la construction bois & biosourcés Occitanie 2025 catégorie Apprendre - Se divertir. Maîtrise d’ouvrage : Commune d’Aucamville (31). Architecte et maîtrise d’œuvre : 360° Architecture (31). Entreprises des lots bois (charpentes, couvertures, structures, agencement, ameublement) : Couserans Construction (09), Tournée du Coq (31), L’Âge du bois (31), Sembeat (31), Menuiserie Gérard Soula (09), La Compagnie du Hêtre (65). Scieries : Société Armengol (09), Scierie des Trois Vallées (31). Bois massifs locaux et certifiés Bois des Pyrénées (347,42 m3) : épicéa, sapin pectiné, douglas, hêtre. Photo : Irène Sénaffe/Bois des Pyrénées

Est-ce que les actions mises en place par Communes forestières France autour de ce programme ont évolué ces dernières années ?

Oui car chaque projet est différent et que nous avons à cœur de nous adapter au contexte, à la ressource, au marché, ainsi qu’aux demandes des élus avec lesquels nous partageons nos compétences, nos expertises et notre expérience. Mon travail consiste notamment à coordonner ce réseau afin d’échanger sur nos réussites, sur nos problématiques, et de trouver des solutions ensemble.


Les élus ont plusieurs rôles…

… dans le domaine de la construction bois. En effet, ils sont maîtres d’ouvrage lorsqu’ils ont un projet de construction, mais ils peuvent aussi faire évoluer les règles, les cadres et les politiques en matière de construction, par exemple, dans les documents d’urbanisme. Ils sont donc à la fois maîtres d’ouvrage, prescripteurs et ambassadeurs du bois dans la construction.

Communes forestières France…

… rassemble tous les niveaux de collectivités concernées par des sujets forestiers. Elle porte des valeurs partagées par les élus : la gestion durable et multifonctionnelle des forêts publiques, le rôle central des élus dans la politique forestière territoriale, une vision de la forêt et du matériau bois comme atout du développement local. Son réseau d’associations départementales et d’unions régionales met en œuvre sur le terrain des programmes innovants, des actions concrètes et accompagne les élus dans leurs projets forêt-bois.

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