Structurer les entreprises de débardage par câble aérien, une solution de plus pour la préservation des sols en forêt

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L’Office national des forêts (ONF), avec le soutien de France Bois Forêt, poursuit la structuration au niveau national de l’activité de débardage par câble aérien en complément du mode d’exploitation au sol de la sylviculture classique. Cette pratique facilite la récolte de bois par tous les temps en limitant l’impact sur les sols forestiers dans les zones où les conditions sont plus difficiles.

Le débardage par câble aérien, pratique née en montagne, permet l’extraction des grumes dans des zones difficiles d’accès. Photo : É. Seillier

Le débardage par câble aérien est une technique déjà couramment employée dans les régions forestières des Alpes. « Dans toute la France, où environ un tiers des forêts se situe en montagne, on compte une douzaine de câblistes, contre 27 pour le seul canton suisse de Vaud et plus de 500 équipes en Autriche », résume Didier Pischedda, expert national de l’ONF en exploitation forestière. À l’usage, le débardage de grumes par câbles aériens se révèle pourtant très avantageux. Facile à installer et à démonter, ce mini-téléphérique peut enlever et transporter sur plusieurs centaines de mètres des grumes affichant jusqu’à cinq tonnes sur la balance. Ce faisant, il se joue des dénivelés et de nombreux obstacles qui compliqueraient le travail des engins forestiers.

Réduire les impacts des travaux forestiers 

« Le câble permet de récolter des bois, par tous les temps, dans des peuplements inaccessibles aux engins traditionnels. En plaine, il diminue le nombre de passages de débusqueurs, évitant le tassement des sols humides, notamment lorsqu’ils sont argilo-limoneux. Dans les massifs montagneux, il réduit les besoins de création de routes forestières et de pistes, ce qui diminue le risque d’érosion des sols forestiers », poursuit Didier Pischedda. Concrètement, un chantier de débardage classique peut impliquer une circulation sur 22 à 60 % de la surface des parcelles, contre 3 à 5 % grâce au câble aérien.

Économiquement, le coût du débardage par câble aérien est le plus souvent supérieur d’une dizaine d’euros par mètre cube à celui des méthodes classiques d’exploitation, tant en plaine qu’en montagne, mais « cette différence est à mettre en regard des services rendus pour les sols forestiers et le fait de pouvoir mobiliser le bois en plaine l’hiver et répondre ainsi aux besoins de la filière bois toute l’année », souligne le formateur de câblistes. Une étude conduite par l’ONF estime entre 95 000 et 139 000 m3 la ressource annuelle potentielle exploitable par câble dans les seules forêts domaniales de chênes en plaine. « De quoi fournir du travail à temps complet à une quinzaine de professionnels », estime Didier Pischedda.

Le débardage par câble aérien trouve son utilité en plaine également. Ici, en forêt de Bercé, au sud du département de la Sarthe (72). Une fois coupé, le chêne est acheminé en hauteur depuis son lieu d’abattage jusqu’à une piste accessible aux grumiers (camions transportant le bois jusqu’aux scieries). Photo : Didier Pischedda/ONF

Un métier en voie d’expansion

Cependant, les pluies de plus en plus abondantes en hiver raccourcissent les périodes de mobilisation des bois sur sol portant. Cela impacte notamment la continuité dans l’approvisionnement de la filière, les suivis d’exploitation, les cubages, classements et réceptions devant être eux aussi effectués dans un temps plus court. Or les volumes de bois requis pour alimenter les usines en aval doivent être réguliers. Et là encore, le travail avec un câble-mât est une solution pour aller chercher les bois sur terrain difficile et surtout des bois de valeur à enlever sans attendre que le sol supporte les engins terrestres.

D’où l’importance de structurer une filière française. Soutenus par France Bois Forêt, l’ONF et la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT) qui représente les 21 000 entreprises de travaux agricoles, forestiers et ruraux, les câblistes ont créé un groupement d’intérêt économique, comme il en existe dans le milieu agricole. À terme, cette structure collaborative pourra proposer ses services aux différents propriétaires forestiers.

Enlèvement par câble aérien en forêt de Chaux, dans les départements du Jura (39) et du Doubs (25). La forêt de Chaux constitue l’un des plus vastes massifs de feuillus de France et particulièrement de chênes. Photo : D. Schmittlin/ONF

Premières formations

L’ONF et ses partenaires ont œuvré auprès des pouvoirs publics à la reconnaissance du métier de câbliste. « Il faudra environ deux ans avant que cette profession soit inscrite au répertoire national des certifications professionnelles, mais cela facilite la mise en place de formations spécifiques dans cet objectif », indique Didier Pischedda. Les écoles partenaires de l’opération lancent leurs premiers modules expérimentaux de formation au métier d’opérateur câbliste dans le courant de cet automne.

L’essor du débardage aérien semble désormais certain. Des entreprises du Limousin, de Franche-Comté, de Normandie ont déjà pu former leurs personnels, et le référentiel de formation a pu être rédigé avec l’aide financière de France Bois Forêt et de l’ONF. Après l’organisation d’une journée de présentation aux professionnels de la Fédération nationale du bois (FNB) et du Syndicat des mérandiers de France (SMF), et la production d’une vidéo sur les réseaux sociaux, une dizaine d’entreprises de travaux forestiers ont montré leur intérêt pour ce système de mobilisation des bois qui garantit leur qualité optimale ainsi que la chaîne d’approvisionnement, le maintien de la préservation des sols et la productivité des parcelles en toutes saisons.

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