Évaluer la durabilité de bois de pins traités au contact du sol

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Avec le soutien de France Bois Forêt et du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l’Institut technologique FCBA a suivi pendant dix ans l’évolution de platelages de différentes essences de pin soumis à des attaques fongiques et de termites. L’objectif de ce programme de recherche piloté par l’APEP est d’évaluer la résistance des bois exposés à des conditions défavorables au contact du sol.

Lot de platelages installé sur un site de FCBA dans le Sud-Ouest, en 2014, pour une exposition terrain suivie sur dix ans. Photos : FCBA

La résistance du bois aux attaques de champignons ou de termites varie selon sa durabilité naturelle ou selon son imprégnabilité par un produit de traitement4 et la durabilité conférée par celui-ci. Climat, conditions de mise en œuvre et exposition aux agents biologiques de dégradation (insecte à larve xylo­phage, termite, champignon) influent eux aussi sur les capacités de résistance du bois. Reste à savoir comment se compor­tent, dans la durée, des échantillons de différentes essences de pin installés dans des conditions d’exposition extérieure et de mise en œuvre défavorables. C’est l’objectif du programme de recherche « Anstra 10 ans ».

L’expérience est simple. Les scientifiques de FCBA ont au préalable fait réaliser plusieurs séries de platelages avec des planches provenant de trois essences de pin et de cinq origines géographiques : pins sylvestres de Sologne, d’Alsace, de Suède et de Finlande, pin maritime des Landes de Gascogne, pin laricio de Sologne. Les échantillons ont été usinés et traités par imprégnation avec le même produit de traitement pour un usage en classe d’emploi 45. À partir des planches de chaque essence testée, cinq lames ont été découpées pour chaque platelage, puis fixées sur des lambourdes en composite bois/plastique.

En route pour le site d’essai

Une fois assemblés, les platelages ont été installés sur un site d’essai de FCBA dans le Sud-Ouest : un terrain comportant des champignons de pourriture du bois et des termites. Le dispositif expérimental était composé de cinq platelages pour chaque condition témoin (traitée et non traitée) et de dix platelages par essence. Sur le terrain, les platelages ont été disposés en cinq sous-ensembles (lots) avec deux platelages de chaque essence dans chaque lot (cf. tableau page suivante).
Cet ensemble a été placé au contact du sol pendant dix ans et suivi de façon annuelle. Les platelages n’ont pas été mis en œuvre selon les règles de pose du DTU 51.4 volontairement pour cette expérimentation afin d’obtenir plus rapidement des résultats et de comparer les essences en conditions très sévères.

D’une façon générale, les résultats de l’expérimentation sont plutôt encourageants. Sans surprise, les pins non traités présentent 60 % de lames cassées du fait des attaques biologiques « principalement imputables aux champignons », note Maud Navet, chargée de mission à l’APEP. A contrario, 80 % à 95 % des lames traitées, toutes provenances françaises confondues (à l’exception d’un pin sylvestre présentant moins d’aubier traité), ne sont pas ou sont très peu attaquées par les termites et les champignons, même lorsqu’elles sont en situation de contact avec le sol. Néanmoins, la résistance des platelages aux attaques biologiques et leur durée de service seraient considérablement améliorées si les lames en bois étaient mises en œuvre selon le DTU 51.4 consacré aux platelages extérieurs en bois.

Résistance des pins

Les pins (sylvestre, maritime, laricio) traités qui ont été exposés au sol se sont montrés très résistants, avec des niveaux d’attaques par les termites réduites, et très faibles par les champignons.

Platelages témoins de pin maritime après 10 ans d’exposition sur le terrain en contact direct avec le sol. En haut, les platelages non traités : les dommages résultent essentiellement des dégradations fongiques ; en bas, les platelages traités pour la classe d’emploi 4, restés en bon état.
Platelages des six essences/provenances traitées après dix ans d’exposition terrain.

Les analyses statistiques montrent in fine une corrélation significative et inversement proportionnelle entre les pourcentages d’aubier7 des différentes essences de pins traités et les niveaux d’attaques fongiques. Ce résultat s’explique par la bonne aptitude au traitement de l’aubier des pins par rapport à leur duramen8. « Plus une essence possède un fort pourcentage d’aubier imprégnable, mieux elle sera traitée et plus elle sera protégée des dégradations biologiques dans la durée », résume Maud Navet.

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