Le cèdre de l’Atlas : une essence de choix pour l’arc méditerranéen ?

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Sylviculteurs, forestiers, chercheurs et transformateurs ont évalué l’aptitude du cèdre de l’Atlas à sa certification et à son intégration à la norme « bois d’œuvre ». Publiés cet automne, les résultats de ce programme cofinancé par France Bois Forêt, porté par Fibois Sud, la FNB Provence-Alpes et France Forêt Paca, sont encourageants.

Colonisation par le cèdre de l’Atlas dans le Vaucluse. Photos : Bernard Petit/CNPF

Depuis un siècle, indique Météo France, la température moyenne a augmenté de 2,2 °C dans le pourtour méditerranéen, contre 1,7 °C pour le reste de l’Hexagone. En Provence, la pluviométrie a diminué de 16 % et le nombre de jours de stress hydrique a progressé de 140 à 180 % ces quarante dernières années. Sans surprise, les populations provençales de chênes verts et blancs, de pins d’Alep et de pins sylvestres sont impactées, confirme une étude de l’Irstea. D’où l’importance de trouver des essences particulièrement résilientes et adaptées aux effets du réchauffement climatique.

Faible volume disponible

Originaire du bassin méditerranéen et implanté en France depuis trois siècles, le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) se distingue par sa résistance aux sécheresses estivales et sa capacité d’adaptation aux nouvelles conditions climatiques. Il est aussi apprécié tant par les charpentiers que par les fabricants d’aménagements extérieurs et semble donc être un candidat idéal à son utilisation en bois d’œuvre et au reboisement des massifs du sud de la France métropolitaine. Restait à le démontrer.

Trois années durant, les partenaires du programme « Le cèdre, de la graine aux produits finis » ont donc évalué la ressource disponible, la capacité du cèdre à s’adapter au climat à venir, les performances techniques de son bois. Ces résultats ont été présentés, le 17 septembre 2024, lors d’un colloque. Le peuplement actuel est faible : « On compterait un peu moins de 20 000 hectares de cèdres de l’Atlas, dont les trois quarts se situent dans des forêts publiques », souligne Apolline Hitzel, responsable Forêt, Première transfor­mation et Commercialisation à la Fédé­ration nationale du bois. De quoi assurer, à ce stade, un volume annuel de récolte inférieur à 12 000 m3.

Houppiers (en haut) et cônes de régénération (en bas) de cèdres de l’Atlas.

Accroître la production de graines

Le cèdre de l’Atlas est une espèce réglementée. À ce titre, ses graines peuvent être récoltées et commercialisées uniquement si elles proviennent de peuplements sélectionnés en fonction de leur qualité génétique. Mais les récoltes annuelles de graines ont un rendement très variable : 600 grammes en 2016, contre 395 kg l’année suivante. Deux vergers à graines sont en cours d’installation dans le Lot et en Haute-Vienne, a indiqué Nicolas Cheron, adjoint au responsable commercial Bois à l’ONF Midi-Pyrénées, lors de ce même colloque en septembre dernier. Si replanter est crucial, il est tout aussi important que l’arbre arrive à maturité, or près de la moitié des spécimens présents en Paca sont dégradés : ces peuplements ont subi les effets de coups de froid de fin d’hiver et les effets de chaleurs et de sécheresses extrêmes de l’été. Si cela n’enlève rien à son caractère d’essence d’avenir pour les forêts françaises et la filière, les sylviculteurs devront adapter leurs pratiques culturales pour minorer les conséquences de cette vulnérabilité ponctuelle.

Le cèdre de l’Atlas a ses atouts en tant que bois d’œuvre également. Des essais réalisés par un laboratoire de l’Institut technologique FCBA lui attribuent les classes de résistance C18 (charpente traditionnelle, mur à ossature bois), voire C24 (charpente industrielle, bois pour lamellé-collé), et la classe B pour
la résistance à la pénétration. En bardage, le duramen du cèdre affiche une résistance au feu comparable à celle d’autres essences, comme l’épicéa. L’aubier présente une meilleure classification, comparable à celle de produits réalisés en mélèze. Stable au séchage, le bois de cèdre s’avère cependant plus difficile à traiter par imprégnation.

EN SAVOIR PLUS

• programme « Le cèdre, de la graine aux produits finis » : gdr-sciences-du-bois.hub.inrae.fr

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